Quand les Bleus dictent la mode et bousculent les codes
Le défenseur de l’équipe de France, n°05 Jules Koundé, arrive au Centre National du Football à Clairefontaine-en-Yvelines, au sud-ouest de Paris, le 17 mars 2025. ©Franck Fife / AFP

Entre défilés improvisés à Clairefontaine et collaborations avec des marques de luxe, les footballeurs français deviennent de véritables prescripteurs de mode. Un phénomène qui s’inscrit dans un contexte plus large, alors que la loi sur la fast fashion s’apprête à être débattue au Sénat.

Jupe plissée, cagoule fluo, manteaux structurés et sacs griffés… À Clairefontaine, les joueurs de l’équipe de France ne se contentent plus de chausser leurs crampons : ils défilent. Jules Koundé, Ibrahima Konaté ou encore Kingsley Coman attirent autant l’attention pour leurs performances sportives que pour leurs looks pointus. Un style assumé qui transforme ces footballeurs en véritables influenceurs mode.

Des médias comme GQ, Paris Match ou Gala couvrent désormais leurs arrivées comme de véritables fashion weeks. Adrien Communier, responsable de la rubrique style de GQ France, y voit un tournant culturel : "Ça marche bien car ce sont des figures identifiées dans la culture populaire." À la web chaîne Caminotv, on va plus loin : "À un rassemblement, on ne veut pas que les joueurs s’habillent normalement !"

Maï Jarach, styliste de 21 ans, observe ce phénomène de près : "Beaucoup de mes amis travaillent dans la mode mais ne suivent pas le foot. Pourtant, ils regardent ces mini-défilés." Le jour où Jules Koundé est apparu en jupe, l’impact a été immédiat. "Depuis, je vois des hommes porter des jupes sur pantalon. Il donne le feu vert."

Marie-Laure Gutton, commissaire de l’exposition Mode en mouvement au Palais Galliera, rappelle que ce n’est pas si nouveau : "Dans les années 1920, Suzanne Lenglen était déjà une icône mode." La différence aujourd’hui ? L’amplification via les réseaux sociaux et l’exposition médiatique constante des joueurs.

Certains sont devenus des VIC — Very Important Clients — des marques de luxe. Lucas Hernandez, bien que non sélectionné, est courtisé par Vuitton, Hermès ou Prada. D’autres comme Koundé ou Coman collaborent activement avec des créateurs pour lancer leurs propres collections.

Mais pendant que ces stars bouleversent les codes et redéfinissent l’image du footballeur, une autre facette du secteur de la mode s’apprête à être régulée. La proposition de loi visant à encadrer la fast fashion, jugée néfaste pour l’environnement et les conditions sociales, sera examinée au Sénat "probablement en mai", selon la ministre du Commerce Véronique Louwagie.

Adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, cette loi introduit une définition plus stricte de la fast fashion, prévoit des malus financiers selon les pratiques commerciales et interdit aux influenceurs de faire la promotion de ces marques. Des plateformes comme Shein ou Temu sont directement visées, responsables selon le Conseil du Commerce de France de l’arrivée massive de 4,6 milliards de colis en 2024, majoritairement venus de Chine.

Olivia Grégoire, députée et ancienne ministre, dénonce "une concurrence déloyale" et appelle à protéger les 600 000 emplois du secteur textile français. Elle résume : "Nos marques produisent durablement, ces plateformes inondent le marché de vêtements jetables."

Pendant que les Bleus révolutionnent la mode à leur manière, le Parlement tente d’en fixer les règles. L’un inspire, l’autre légifère.

Avec AFP

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