L'Iran se dit ouvert à des discussions indirectes avec les États-Unis sur le nucléaire
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, lors d'une conférence de presse à Téhéran, le 19 novembre 2024. ©AFP

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a indiqué lundi que son pays était ouvert à des négociations indirectes avec les États-Unis, après un ultimatum lancé par le président Donald Trump pour un nouvel accord sur le nucléaire.

"La voie est ouverte pour des négociations indirectes", a déclaré M. Araghchi, tout en rejetant des négociations directes avec Washington "tant que l'approche de l'autre partie à l'égard de la République islamique n'aura pas changé".

Donald Trump exerce depuis son premier mandat (2017-2021) une politique dite de "pression maximale" vis-à-vis de Téhéran avec de nombreuses sanctions, notamment contre le pétrole iranien.

En 2018, M. Trump a retiré unilatéralement les États-Unis d'un accord international sur le nucléaire iranien et a rétabli des sanctions contre l'Iran. L'accord conclu en 2015 prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

En représailles au retrait américain et au retour des sanctions américaines, Téhéran, qui selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) respectait ses engagements, a depuis pris des distances avec l'accord.

Les pays occidentaux, États-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire.  L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire n'existent qu'à des fins civiles, notamment pour l'énergie.

L'Iran est le seul État non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), tout en continuant à accumuler d'importants stocks de matière fissile, selon l'AIEA.

Un seuil de 90% permet de fabriquer une arme atomique, selon le gendarme onusien du nucléaire. L'accord de 2015 plafonnait ce taux à 3,67%.

Un mois et demi après son retour à la Maison Blanche, M. Trump avait déclaré, le 7 mars, avoir écrit à l'Iran pour proposer des négociations visant, selon lui, à prévenir le développement par Téhéran d'armes nucléaires, brandissant la menace d'une intervention militaire.

"Menace"

La lettre a été remise à Téhéran le 12 mars par Anouar Gargache, conseiller présidentiel des Émirats arabes unis.

Vendredi, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a déclaré que les menaces des États-Unis "ne les mèneraient nulle part" et a mis en garde contre des mesures réciproques "s'ils portaient atteinte à la nation iranienne".

Il a également rejeté la proposition de dialogue de M. Trump, l'accusant de tenter de tromper l'opinion publique mondiale en présentant les États-Unis comme étant disposés à négocier et l'Iran comme n'étant pas prêt à s'engager.

Jeudi, M. Araghchi a déclaré que la lettre de M. Trump était "davantage une menace", mais qu'elle semblait également contenir des opportunités, ajoutant que Téhéran répondrait bientôt.

Toutefois, l'émissaire américain au Moyen-Orient, Steven Witkoff, a déclaré vendredi que l'objectif de M. Trump était d'éviter un conflit militaire en établissant une relation de confiance avec l'Iran. Il a insisté sur le fait que la lettre n'était pas une menace.

M. Araghchi a également déclaré dans une interview publiée samedi que "les lettres et la correspondance faisaient partie de la diplomatie", mais qu'elles pouvaient aussi être des moyens de "pression" ou des "menaces".

"La réalité est qu'on ne peut jamais dire que la voie de la diplomatie est terminée, parce que l'alternative à la diplomatie est la guerre", avait-il ajouté.

Téhéran et Washington ont rompu leurs relations diplomatiques après la Révolution islamique de 1979 qui a renversé le shah d'Iran.

Depuis lors, l'ambassade de Suisse à Téhéran a facilité les communications entre les deux pays. Oman a également joué le rôle de médiateur dans les pourparlers indirects sur la question du nucléaire iranien, dans le cadre du "processus de Mascate".

En octobre, M. Araghchi avait toutefois déclaré que ce processus était "interrompu pour le moment".

La main tendue à l'Iran survient à un moment où Téhéran apparaît très affaibli, ayant subi plusieurs revers dans la région depuis l'attaque du Hamas contre Israël qui a déclenché la guerre à Gaza le 7 octobre 2023.

AFP

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