
Le marché local est inondé de billets de banque en dollars de toutes valeurs – 5$, 10$, 20$, 50$ et 100$ – présentant divers signes de détérioration: tachés, abîmés, déchirés, écornés, défraîchis, voire parfois rafistolés avec du scotch. Mais ces coupures restent-elles valables?
Dans un pays où l’économie est presque entièrement dollarisée, la forte demande et l’intense circulation des billets en dollars accélèrent leur usure, d’autant plus que leur remplacement par les autorités demeure insuffisant.
À cela s’ajoute une habitude bien ancrée chez certains Libanais: annoter ou estampiller les billets en leur possession pour les valider et prolonger leur utilisation, qu’ils soient en bon ou en mauvais état. “Faute de disposer de compteuses de billets capables de vérifier à la fois leur authenticité et leur état, certains adoptent de telles pratiques”, explique un banquier interrogé par Ici Beyrouth, reconnaissant cette réalité tout en la déplorant.
Billets abîmés: que faire?
Si vous possédez un billet de banque détérioré, pas de panique: tant qu’il est authentique, il conserve sa valeur faciale. Toutefois, un particulier ou un commerçant est en droit de refuser un paiement avec un billet abîmé s’il estime qu’il lui sera difficile de le réutiliser.
Dans la pratique, les acteurs économiques libanais se sont habitués à la présence de billets endommagés et, faute d’alternative, les acceptent malgré eux. “Aujourd’hui, presque tous les billets en circulation sont plus ou moins détériorés”, confie un commerçant sous couvert d’anonymat. Il précise néanmoins qu’il refuse catégoriquement les billets déchirés ou recollés avec du ruban adhésif, une position partagée par la plupart des professionnels.
De manière générale, il est recommandé aux citoyens de vérifier leurs billets au moment de la transaction et, si possible, de refuser immédiatement un billet endommagé. À défaut, la seule option reste de se rendre chez un changeur agréé par la Banque du Liban pour échanger le billet contre son équivalent en livres libanaises.
Dans le cas d’un billet retiré d’un guichet automatique (ATM), le bénéficiaire peut se présenter à l’agence bancaire dont dépend l’ATM afin d’obtenir un remplacement dans les meilleurs délais. “Aucun problème ne devrait se poser, car le numéro de série du billet est facilement traçable et les caméras de surveillance permettent d’identifier la personne qui l’a retiré”, précise une source bancaire.
Pénurie de billets neufs
Une source proche du dossier, interrogée par Ici Beyrouth, indique que les convoyeurs de fonds vers la Réserve fédérale américaine – au nombre de six ou sept – restent opérationnels au Liban. Toutefois, dans le contexte actuel de crise, ils exigent une rémunération élevée pour leurs services.
Leur commission varie généralement entre 2 et 3 pour mille, mais peut atteindre 1,5 à 3% lorsqu'il s'agit de transporter de petites coupures de dollars endommagées ou des billets de 100 dollars dépourvus du fil de sécurité bleu en 3D, émis avant la série de 2009.
En un mot comme en mille, la combinaison d’une forte demande en dollars, d’une pénurie de billets neufs, d’un usage intensif de la monnaie et de la situation économique difficile du pays a conduit à une prolifération des billets de dollars abîmés en circulation.
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