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Affiche officielle du film "Cassandre" ©DR

Cassandre, ce drame cinématographique brise un tabou rarement abordé: l’inceste dans les fratries. Porté par la jeune Billie Blain, le film bouleverse par sa justesse.

Dans la lignée des récits La Familia Grande ou Le Consentement, plébiscités au cinéma par les adolescents, le film Cassandre, en salles mercredi, entend briser un tabou: celui de l'inceste dans les fratries.

Dans la famille de Cassandre, une jeune fille de 14 ans passionnée d'équitation qui grandit dans un manoir, les parents cultivent leur petit grain de folie.

Le père, joué par Eric Ruf, est un militaire qui ne veut rien faire comme les autres, exècre "les cons" qui l'entourent et mène son monde à la baguette. La mère (Zabou Breitman) est une ex-soixante-huitarde sans pudeur, qui n’a pas vu que le monde avait changé depuis.

Cassandre (Billie Blain, vue dans Le Règne animal), qui rêve d'échapper au huis clos familial, a aussi un frère aîné, Philippe (Florian Lesieur), chouchou de son père, qui rentre d'un séjour d'échange aux États-Unis, où il a commencé à fréquenter des filles. C'est dans ce milieu aisé et affectueux que l'inceste va se produire.

"L'inceste peut arriver partout. Dans ce climat familial, il y a beaucoup d'ambivalence, il y a aussi de l'affection, de la tendresse... La violence est un glissement qui arrive de façon subtile et sinueuse", a expliqué à l'AFP la réalisatrice, Hélène Merlin, 42 ans, dont c'est le premier film.

"Dans les films ou dans les livres, je ne trouvais pas de représentation de ce que j'avais pu vivre, ce à quoi j'avais été confrontée", poursuit-elle, ajoutant s’être également nourrie des écrits de féministes comme Mona Chollet et Virginie Despentes, ainsi que de psychologues et d'anthropologues.

Raconté du point de vue de la jeune victime, le film montre "ce qu'elle peut ressentir", "les moments de dissociation" qui l’amènent à ne pas exprimer son refus, ajoute la réalisatrice.

Montrer l'inceste d'un frère sur une sœur, "c'est plus compliqué pour le spectateur qu'entre un adulte et un enfant, où l'on sait tout de suite qui est le coupable et qui est la victime. Entre mineurs, le bourreau peut aussi être, à certains endroits, une victime", souligne-t-elle.

Le film s'adresse à tous les publics mais pourrait toucher particulièrement les adolescents, à l'image, en 2023, de l’adaptation du livre Le Consentement de Vanessa Springora, à l'origine de l’affaire Matzneff.

Avec AFP

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