
"Si c’est pas douloureux, c’est pas bon signe." Malgré ses 60 années de carrière, le chanteur et mélodiste français Michel Polnareff a encore souffert pour donner naissance à son nouvel album, baptisé Un temps pour elles, qu’il voit toutefois comme une "renaissance".
Dans un entretien à l’AFP, Michel Polnareff, ce grand perfectionniste de 80 ans, reconnaissable à ses lunettes blanches, évoque le masochisme qu’a été l’écriture de cet opus, qui a produit chez lui l’effet d’un "premier album", et raconte son rapport complexe à la scène.
Comment est né votre nouvel album, qui paraît le 25 avril?
J’ai l’impression d’avoir recherché la fébrilité de mes débuts. Je me suis, disons, affaibli en allant un peu dans mon passé, et c’était un travail difficile. C’est toujours douloureux un album, si ce n’est pas douloureux, ce n’est pas bon signe, on fait de la merde. C’est comme quand on n’a pas le trac avant de monter sur scène. Un album, c’est un truc maso quelque part.
Et là, je suis très, très heureux du résultat. J’ai l’impression de faire un premier disque. C’est comme une renaissance. Je pense que c’est un de mes meilleurs albums, peut-être le meilleur. C’est venu au moment où ça devait venir.
Vous partez en tournée avec notamment une date le 14 juin à l’Accor Arena de Paris. Quel rapport entretenez-vous avec la scène?
Avant de monter sur scène, je suis toujours dans un état absolument épouvantable. Et ça prend deux ou trois titres pour se dire bon, je suis content d’être là. Parce qu’avant, c’est plutôt mais pourquoi j’y vais?. Même après tant d’années, ça ne passe pas. En même temps, si on y va froidement, c’est assez bizarre, non ?
J’ai par ailleurs un public qui, visiblement, m’aime beaucoup, que je vais retrouver, plus ceux qui vont me découvrir. Il y a là aussi un côté renaissance dans tout ça.
Votre premier album studio est sorti en 1964, et vous avez depuis traversé et connu de nombreuses évolutions musicales. Qu’est-ce que vous inspire la musique actuelle?
Je la trouve très pauvre. J’aime bien les rappeurs, j’aime bien le hip-hop, les gens comme Eminem, mais je n’ai pas entendu de choses qui m’impressionnent. Je me suis toujours trouvé un peu meilleur que les autres artistes de mon époque, mais là, j’ai presque un sentiment de solitude, parce que je n’ai rien entendu qui m’impressionne. Du coup, je préfère me réfugier autour de mon nombril. Ça isole, mais ça permet de rester dans sa bulle.
Dans Sexcetera, le single issu de votre nouvel album, vous évoquez la fluidité des identités et orientations sexuelles. Comment cette thématique très actuelle résonne-t-elle en vous?
Pour moi, rien n’a changé, on en parle simplement plus. Moi, je suis hétérosexuel à 100 %, et ceux qui ne le sont pas, c’est leur choix. Et je pense que ce morceau, c’était pour dire tu fais ce que tu veux. Tes choix sont tes choix. Moi, j’étais entouré de gens qui n’avaient pas mes préférences sexuelles toute ma vie, et ça ne m’a jamais posé le moindre problème.
Avec AFP
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