
Plusieurs milices puissantes soutenues par l'Iran en Irak sont prêtes à se désarmer pour la première fois, afin d'éviter une escalade du conflit avec l'administration Trump, ont indiqué des responsables irakiens cités par l’agence Reuters.
Cette décision fait suite à des avertissements répétés de responsables américains à Bagdad, qui ont mis en garde contre de possibles frappes aériennes si ces milices n'étaient pas dissoutes.
Les discussions entre le Premier ministre irakien, Mohammad Shia al-Sudani, et les dirigeants des milices sont “très avancées”, a déclaré Izzat al-Shahbndar, un haut responsable politique chiite proche de l'alliance gouvernementale irakienne. Les groupes, dont Kataeb Hezbollah, Nujabaa, Kataib Sayyed al-Shuhada et Ansarullah al-Awfiyaa, sont enclins à se conformer aux exigences américaines en matière de désarmement.
“Trump est prêt à aggraver la guerre avec nous, et nous voulons éviter un tel scénario”, a déclaré à Reuters un commandant des Kataeb Hezbollah, sous couvert d'anonymat. Les Gardiens de la révolution iraniens (CGRI) ont, semble-t-il, donné leur aval pour que les milices prennent les décisions nécessaires afin d'éviter un conflit potentiellement ruineux avec les États-Unis et Israël.
Les milices, qui font partie de la Résistance islamique en Irak, ont revendiqué des dizaines d'attaques contre Israël et les forces américaines en Irak et en Syrie depuis le début de la guerre de Gaza, il y a 18 mois. Elles commandent collectivement environ 50 000 combattants et disposent d'arsenaux comprenant des missiles à longue portée et des armes antiaériennes.
Le premier ministre Sudani s'est engagé de son côté à placer toutes les armes sous le contrôle de l'État par le biais d'un “dialogue constructif”, a déclaré son conseiller pour les affaires étrangères, Farhad Alaaeldin. Certains groupes ont déjà évacué leurs quartiers généraux et réduit leur présence dans les grandes villes comme Mossoul et Anbar, craignant des frappes aériennes.
Le département d'État américain continue d'exhorter Bagdad à contrôler les milices, soulignant qu'elles doivent répondre au commandant en chef de l'Irak, et non à l'Iran. Toutefois, un fonctionnaire américain a exprimé son scepticisme quant à la viabilité à long terme d'un désarmement, citant des cas passés où les milices ont temporairement cessé leurs attaques sous la pression.
C'est la première fois que les milices acceptent de se plier aux exigences occidentales en matière de démilitarisation. Ce changement intervient alors que “l'axe de résistance” régional de l'Iran est confronté à de graves difficultés, notamment la guerre de Gaza, les frappes américaines contre les Houthis et l'affaiblissement d'alliés clés tels que Bachar el-Assad en Syrie.
L'Irak navigue dans un équilibre délicat entre ses alliances avec les États-Unis et l'Iran. Les milices, qui sont apparues après l'invasion américaine de 2003, sont devenues des forces redoutables qui rivalisent avec l'armée nationale. Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a récemment exhorté Sudani à empêcher les milices de se venger d'Israël et des bases américaines.
“Si nous ne nous soumettons pas volontairement, nous pourrions y être contraints de l'extérieur, et par la force”, a averti Ibrahim al-Sumaidaie, un ancien conseiller de Sudani, soulignant ainsi les enjeux pour l'Irak.
Le CGRI s'est refusé à tout commentaire, tandis que les ministères iranien et israélien n'ont pas répondu aux demandes de renseignements. Alors que les discussions se poursuivent, le sort du désarmement reste incertain, mais la volonté des milices de négocier marque un tournant notable dans la dynamique complexe de la région.
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