
Après la nouvelle offensive lancée par le président américain Donald Trump, rappel de grandes guerres commerciales depuis le XIXe siècle, l'arme des droits de douane ayant rapidement remplacé les canons.
Milieu du XIXe : "guerres de l'opium"
Au milieu du XIXe siècle, deux "guerres de l'opium" opposent le Royaume-Uni à la Chine, en 1839-1842 puis, avec l'allié français, en 1856-1860.
Londres monte une expédition militaire pour contraindre la Chine à ouvrir son marché à l'opium provenant d'Inde écoulé par les marchands britanniques. Sa victoire lors des deux conflits ira bien au-delà de cet enjeu : la Chine doit lui céder Hong Kong, ouvrir une quinzaine de ses ports au commerce international, limiter ses droits de douane à 5 % et établir des relations diplomatiques avec l'Occident.
1890 : l'offensive de William McKinley
En 1890, le républicain William McKinley, élu de la Chambre des représentants américaine, est à l'initiative d'une augmentation de près de 50 % en moyenne des droits de douane sur l'ensemble des importations aux États-Unis. Si cette mesure permet d'accélérer le développement de la production de fer-blanc aux États-Unis, elle fait aussi flamber les prix.
Lors des élections qui suivent, les Républicains perdent leur majorité à la chambre et la loi est abrogée en 1894. William McKinley, aujourd'hui souvent cité en référence par Donald Trump, devient toutefois en 1897 président des États-Unis.
1930 : loi Hawley-Smoot
La loi Hawley-Smoot, votée en 1930 aux États-Unis, au début de la Grande Dépression, impose des droits de douane de près de 60 % sur plus de 20 000 produits agricoles et industriels importés. Emmenés par le Canada, les partenaires commerciaux ripostent par des taxes sur les exportations des États-Unis, qui chutent de plus de 61 % entre 1929 et 1933.
1961-1964 : la "guerre du poulet"
Au début des années 1960, la France et l'Allemagne décident conjointement de taxer l'importation du poulet américain. Les États-Unis ripostent par des taxes sur une série de produits, en particulier sur certains véhicules utilitaires (ces derniers restant taxés à ce jour).
1985 : la "guerre des pâtes"
Le différend surnommé la "guerre des pâtes" commence en novembre 1985 lorsque le président américain Ronald Reagan décide de relever les droits de douane sur les importations de pâtes en provenance d'Europe, afin de protéger son industrie nationale. Les Européens répondent par des taxes sur les importations américaines de citrons et de noix. Le bras de fer dure neuf mois, avant que les États-Unis et la Communauté économique européenne (CEE) ne parviennent à un accord.
1989-2009 : contentieux sur le bœuf aux hormones
En 1989, la CEE interdit l'importation de bœuf traité aux hormones de croissance. Après avoir contesté cette mesure devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui tranche en leur faveur, les États-Unis et le Canada, pays les plus pénalisés, imposent en 1999 des droits de douane de 100 % sur une série de produits européens comme le roquefort français, les truffes françaises et italiennes, ou le porc allemand et danois.
Aux termes d'un compromis en 2009, ces taxes sont finalement suspendues et les quotas d'importation européens pour le bœuf de haute qualité, sans hormones, sont progressivement augmentés, jusqu'à un accord final en 2019.
1993–2012 : la "guerre de la banane"
En 1993, l'Union européenne (UE) décide d'accorder un régime douanier préférentiel aux anciennes colonies des pays européens en Afrique, Caraïbes et Pacifique, au détriment des bananes d'Amérique latine commercialisées par les multinationales américaines. Ces pays déposent une plainte auprès de l'OMC. L'UE est plusieurs fois condamnée et les pays latino-américains autorisés à appliquer des mesures de rétorsion.
Un accord est signé en 2012, prévoyant une baisse des tarifs d'importations de bananes en provenance de onze pays latino-américains et la fin des actions engagées par ces derniers contre l'UE.
2002: Georges W. Bush contre l'Union européenne
En 2002, le président américain George W. Bush impose des surtaxes allant jusqu'à 30 % pour dix catégories de produits tels que l'acier plat laminé, les fils pour machines ou les tubes soudés, pour trois ans.
Ces mesures, qui ont pour objectif de soutenir la sidérurgie américaine alors en pleine restructuration, touchent près de 29 % des importations. L'UE dépose une plainte auprès de l'OMC et publie une liste de produits américains qu'elle menace de taxer jusqu'à 100 %. Finalement, George W. Bush se résout à supprimer les taxes fin 2003. Selon une étude de la CITAC Foundation réalisée à l'époque, elles auraient coûté quelque 200 000 emplois aux États-Unis.
AFP
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