
Cinq ans après la plainte initiale déposée sous le premier gouvernement Trump, Meta est attendu au tribunal à Washington la semaine prochaine, pour répondre aux accusations d'abus de position dominante lors des acquisitions d'Instagram et de WhatsApp.
L'administration américaine estime que le géant des réseaux sociaux a acheté ses applications pour étouffer des concurrents potentiels.
Sauf intervention de dernière minute, le procès aura bien lieu, anéantissant l'espoir de Mark Zuckerberg, le patron de Meta, que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche entraîne un assouplissement du droit de la concurrence contre son entreprise.
Si l'autorité américaine de la concurrence, la FTC, l'emporte, la justice pourrait contraindre la firme de Menlo Park (Californie) à se défaire d'Instagram et de WhatsApp, devenus des poids lourds mondiaux depuis leur rachat.
Mark Zuckerberg, troisième fortune mondiale, s'est rendu à plusieurs reprises à Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride, et à la Maison Blanche pour tenter de persuader le dirigeant américain d'opter pour un règlement à l'amiable - une décision qui serait extraordinaire à ce stade avancé de la procédure.
Andrew Ferguson, le président de la FTC nommé par le chef d'Etat, a minimisé cette possibilité. "Je pense que le président reconnaît que nous devons appliquer les lois, donc je serais très surpris qu'une telle chose se produise", a-t-il déclaré au site spécialisé The Verge.
Huit semaines de procès
Depuis la victoire du candidat républicain en novembre, Mark Zuckerberg a multiplié les avances pour s'attirer les bonnes grâces de Donald Trump. Il a notamment nommé des alliés républicains à des postes importants chez Meta, assoupli les règles de modération des contenus et versé des contributions financières.
Malgré cela, "je ne suis pas sûr que Trump soit persuadé que Zuckerberg mérite d'être racheté", a commenté George Hay, professeur de droit de la concurrence à la Cornell Law School.
Si une intervention de la Maison Blanche reste techniquement possible, elle nécessiterait que le président et la FTC s'accordent sur le fait que l'affaire n'est pas fondée, a-t-il ajouté.
Le procès Meta est l'une des cinq grandes actions antitrust lancées récemment par le gouvernement américain dans le secteur des technologies.
Google a été reconnu coupable d'abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne en août dernier, tandis qu'Apple et Amazon font également l'objet de poursuites.
Mark Zuckerberg, son ancienne vice-présidente Sheryl Sandberg et une longue série de dirigeants d'entreprises rivales seront appelés à la barre au cours d'un procès qui doit débuter lundi et durer au moins huit semaines.
"Vraiment effrayant"
Quand Facebook a racheté Instagram en 2012, pour un milliard de dollars, il s'agissait d'une jeune application mobile prometteuse, permettant de partager des photos via un smartphone. Elle compte aujourd'hui 2 milliards d'utilisateurs.
"L'impact potentiel d'Instagram est vraiment effrayant et c'est pourquoi nous devrions envisager de payer beaucoup d'argent" pour acquérir cette entreprise, avait écrit Mark Zuckerberg dans un courriel avant l'acquisition, d'après le dossier de la FTC.
L'agence fédérale affirme que le rachat de WhatsApp par Meta en 2014, pour 19 milliards de dollars, a suivi le même schéma, Mark Zuckerberg craignant que la messagerie ne se transforme en réseau social ou ne soit achetée par un concurrent.
La défense de Meta fera valoir que ses investissements substantiels ont transformé ces deux start-up en superproductions ayant peu en commun avec leurs versions originales.
Elle soulignera également que la FTC a initialement approuvé les deux transactions et qu'elle ne devrait pas être autorisée à revenir en arrière.
Les récents revers subis par la FTC devant les tribunaux, l'autorité n'a pu empêcher l'acquisition de Within par Meta et celle d'Activision Blizzard par Microsoft pourraient renforcer la position des grandes entreprises technologiques.
Le juge James Boasberg, qui tranchera et présidera l'affaire, a déjà prévenu que la FTC "va faire face à des questions difficiles sur la capacité de ses accusations à tenir la route devant la cour".
Par Alex PIGMAN / AFP
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