Nucléaire: Washington insiste sur des négociations directes, Téhéran réclame un accord \
Une photo fournie par la présidence iranienne montre le président Masoud Pezeshkian (à gauche) et le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (AEOI), Mohammad Eslami (à droite), lors de la "Journée nationale de la technologie nucléaire", à Téhéran, le 9 avril 2025. ©Présidence iranienne / AFP

Les négociations entre les États-Unis et l'Iran seront "directes", a insisté la Maison Blanche vendredi, à la veille de discussions prévues entre les deux pays à Oman sur le programme nucléaire iranien.

"Je veux le dire très clairement : il s'agira de discussions directes avec les Iraniens", a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt en conférence de presse. "Le président croit en la diplomatie, dans les négociations directes, les discussions directes dans une même pièce", a-t-elle ajouté.

Plus tôt dans la journée, Téhéran a dit rechercher un accord "sérieux et équitable" avec les États-Unis. Ces discussions se tiennent malgré les menaces de Donald Trump de recourir à l'option militaire en cas d'échec et de nouvelles sanctions américaines visant le programme nucléaire et le secteur pétrolier iraniens.

Les Occidentaux, États-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont que des visées civiles.

Un accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales imposées à Téhéran est devenu caduc après le retrait des États-Unis en 2018, pendant le premier mandat de Donald Trump.

"Loin de se donner en spectacle et de se contenter de parler devant les caméras, Téhéran cherche un accord sérieux et équitable", a dit vendredi Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême Ali Khamenei, ultime décideur dans les dossiers sensibles du pays.

Les pourparlers d'Oman, les premiers du genre depuis 2018, ont lieu après des semaines de guerre des mots entre les États-Unis et la République islamique d'Iran qui cherche à obtenir une levée des sanctions américaines asphyxiantes.

Menaces américaines

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent piloter les discussions à Oman, qui a déjà joué un rôle de médiateur dans ce dossier.

M. Witkoff était en visite vendredi en Russie, un allié de l'Iran, après des consultations entre experts chinois, russes et iraniens mardi à Moscou.

Selon l'agence de presse iranienne Tasnim, les délégations doivent arriver samedi à Oman et entamer des négociations indirectes dans l'après-midi, par l'intermédiaire du chef de la diplomatie omanaise, Badr al-Busaidi.

"Nous donnons une véritable chance à la diplomatie, en toute bonne foi (...). L'Amérique devrait apprécier cette décision, qui a été prise en dépit de sa rhétorique hostile", a déclaré le ministère iranien des Affaires étrangères.

Donald Trump a averti mercredi qu'une intervention militaire contre l'Iran était "tout à fait" possible si les négociations n'aboutissaient pas. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file."

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, partisan d'une ligne très dure contre l'Iran, a jugé "inévitable" l'option militaire contre la République islamique si les discussions traînent.

L'Iran a prévenu que les menaces pourraient entraîner l'expulsion des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Cela constituerait "une escalade et un mauvais calcul", a réagi Washington.

"Si la partie américaine ne soulève pas d'exigences hors de propos et met de côté les menaces et l'intimidation, il y a de bonnes chances de parvenir à un accord", a déclaré vendredi le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi.

Revers

L'Iran a subi ces derniers mois les effets des revers militaires infligés par Israël à ses alliés régionaux, le Hamas dans la bande de Gaza et le Hezbollah au Liban.

Ces conflits ont été marqués par des attaques militaires réciproques entre Israël et l'Iran, pour la première fois après des années de guerre par procuration.

Les nouvelles sanctions montrent que Washington est "un ennemi de l'Iran", a écrit le journal conservateur Kayhan en qualifiant de "stratégie vouée à l'échec" la tentative d'obtenir leur levée.

Plusieurs médias réformateurs espèrent au contraire de potentielles retombées positives pour l'économie iranienne.

Berlin comme l'Union européenne ont souligné l'importance de parvenir à une "solution diplomatique".

Alors que les Occidentaux veulent inclure le programme de missiles balistiques de l'Iran ainsi que son influence régionale dans toute négociation, Téhéran insiste pour ne discuter que du nucléaire.

Après le retrait américain de l'accord de 2015, l'Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire.

Il a accru son niveau d'enrichissement de l'uranium jusqu'à 60%, très au-dessus de la limite de 3,67% imposée par l'accord, se rapprochant du seuil de 90% nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.

 

Menna ZAKI et Payam DOOST MOHAMADI, avec AFP

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