Harvey Weinstein retrouve le banc des accusés à New-York
Harvey Weinstein assiste à son nouveau procès pour viol et agression sexuelle au tribunal pénal de Manhattan à New York, le 15 avril 2025. ©Angela WEISS / POOL / AFP

L’affaire Harvey Weinstein, qui avait défrayé la chronique en 2017 et entraîné la vague mondiale #MeToo, revient à la une ce mardi à New York, où l’ex-producteur star du cinéma hollywoodien sera rejugé durant six semaines d’audiences. Cela survient après l’annulation retentissante l’année dernière de sa première condamnation pour «agression sexuelle et viol».

Ce mardi, les femmes du monde entier ont les yeux rivés vers New York, où s’est ouvert peu après 13 h 30 GMT le nouveau procès pour agression sexuelle et viol du roi déchu du cinéma hollywoodien, l’ex-producteur Harvey Weinstein, qui se retrouve de nouveau face à la justice, cinq ans après sa première condamnation, annulée en avril 2024 par la cour d’appel de New York.

Un verdict perçu comme un revers cinglant par les femmes du mouvement de lutte contre les violences sexuelles, et comme un retour en arrière dans la prise en compte de la parole des victimes par la justice.

C’est en costume bleu foncé et cravate que l’ancien patron des studios Miramax, 73 ans, fortement diminué par des problèmes de santé, est entré dans la salle d’audience de la cour criminelle de Manhattan, poussé en chaise roulante.

Ce nouveau procès a démarré avec la sélection du jury et pourrait prendre plusieurs jours avant les interrogatoires des témoins par l'accusation et la défense.

Pourquoi l’ouverture d’un nouveau procès?

L’ex-producteur star d’Hollywood sera rejugé pour une nouvelle inculpation d’agression sexuelle présumée d’une ex-assistante de production, Mimi Haleyi, en 2006, et pour le viol de l’actrice Jessica Mann, en 2013.

Toujours détenu à la prison de Rikers Island, il avait été condamné en Californie à seize ans de prison en 2023 dans un dossier distinct de viol et d’agressions sexuelles.

Des faits pour lesquels Harvey Weinstein avait déjà été condamné en 2020 à une peine de vingt-trois ans de prison. Toutefois, sa condamnation avait été annulée en avril 2024 en raison d’erreurs de procédure. Les juges de la cour d’appel avaient en effet estimé, à quatre voix contre trois, que l’ancien producteur n’avait pas pu bénéficier d’un procès équitable, en raison de témoignages de victimes l’accusant d’agressions sexuelles pour lesquels il n’avait pas été inculpé et qui, de ce fait, n’auraient pas dû être admis lors du procès.

Ce nouveau procès portera aussi sur une nouvelle inculpation pour agression sexuelle en 2006 dans un hôtel de Manhattan, sur une victime présumée qui demeure anonyme.

Ces femmes «vont faire en sorte que Weinstein soit tenu responsable des crimes odieux qu'il a commis» a déclaré devant la cour criminelle de Manhattan l'avocate de cette victime, Lindsay Goldbrum. «Le fait qu'elles témoignent à nouveau témoigne de leur courage» a-t-elle ajouté.

Les trois victimes présumées devraient témoigner à nouveau au tribunal, lors de ce procès prévu pour durer jusqu'à six semaines.

L’avocat de la défense espère «un regard neuf»

Pendant ce temps, Harvey Weinstein continue de clamer son innocence et espère que l’affaire sera examinée avec un regard neuf, plus de sept ans après les enquêtes du New York Times et du New Yorker à l'origine de sa chute et d'une onde de choc planétaire qui a libéré la parole de nombreuses victimes et contraint les sociétés à de profondes remises en question sur la place des femmes.

D’ailleurs, quelques heures avant l’ouverture de ce nouveau procès, son avocat, Arthur Aidala, avait estimé confiant que ce nouveau rendez-vous avec la justice «sera très différent» promettant qu’il se basera «sur les faits et pas sur #MeToo».

Et d’ajouter: «Il y a cinq ans (lors de son premier procès en 2020), il y avait des manifestations, des gens qui scandaient:c’est un violeur. L’opinion publique lui était largement défavorable». «Je pense que tout cela est retombé» a-t-il aussi assuré.

Lors des dernières audiences, l’ancien producteur, qui a marqué le cinéma indépendant des décennies 1990 à 2010 (Sexe, mensonges et vidéoPulp FictionShakespeare in Love), apparaissait diminué par la maladie, chauve, pâle et poussé sur une chaise roulante.

Décrit par ses accusatrices comme un prédateur qui jouait de sa stature d’homme tout-puissant du cinéma pour obtenir des faveurs sexuelles d’actrices ou d’assistantes, le plus souvent dans des chambres d’hôtel, Harvey Weinstein n’a jamais reconnu d’agression et a toujours assuré que les relations étaient consenties.

Les films produits par Miramax, fondé par les frères Bob et Harvey Weinstein et racheté par Disney, avaient remporté de nombreux Oscars. Depuis les premières révélations du New York Times et du New Yorker en 2017, Harvey Weinstein a été accusé par plus de 80 femmes de harcèlement, d’agression sexuelle ou de viol, dont les actrices Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Ashley Judd.

La déflagration du mouvement #MeToo

Lorsque l’affaire Weinstein avait éclaté en 2017, elle avait rapidement débouché sur l’essor d’un mouvement mondial de libération de la parole des femmes victimes de harcèlement, de violences sexuelles ou de viol.

Ce qui a rapidement été reconnu comme la déflagration #MeToo. Un mouvement qui s'est poursuivi dans de nombreux pays, dont la France, où le monde du spectacle a été contraint à l'introspection après les accusations de l'actrice Judith Godrèche contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

D’ailleurs, un rapport parlementaire a dressé le 9 avril un constat accablant de violences «systémiques» et «endémiques» dans la culture en France.

Avec AFP

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