
À Coachella, le chef d’orchestre Gustavo Dudamel a créé l’événement en mêlant Beethoven, Star Wars et jazz-pop. Ce concert inédit marque un tournant pour la musique classique, en quête d’un nouveau public.
Ce n’est pas tous les jours qu’un chef d’orchestre se produit dans l’un des plus grands festivals de musique au monde. C’est chose faite à Coachella, en Californie, où Gustavo Dudamel a livré un savant mélange des genres.
Le Vénézuélien, à la tête du très prestigieux Orchestre philharmonique de Los Angeles depuis 17 ans, s’engage depuis tout autant à lier le classique à la pop.
«Cet endroit représente une culture en soi», dit, auprès de l’AFP, le chef d’orchestre en coulisses de sa première au festival Coachella, qui rassemble cette année de nombreuses stars, de Lady Gaga à Green Day.
Il y a livré, le week-end dernier, pendant le coucher de soleil, un show envoûtant mêlant le classique, avec la Symphonie nº5 de Beethoven, à des bandes-son de films comme celle de Star Wars.
Il a aussi invité sur scène toute une panoplie d’artistes, de la star de la country Maren Morris à la jeune chanteuse islandaise de jazz-pop Laufey.
«Selon moi, la mission de l’art, c’est cette identité», lance-t-il. «Cette identité d’une nouvelle génération, avide de beauté.»
Critiqué ou admiré au fil des ans pour unir musique classique, tubes contemporains et musiques de films, Gustavo Dudamel estime que lier les genres est la «chose la plus naturelle qui soit».
Enfant, «mon père avait un groupe de salsa et j’ai grandi en l’écoutant et en allant à l’orchestre, et c’était toujours très naturel d’apprécier la musique, quelle qu’elle soit».
«La musique ne fait qu’un»
«Il y a plusieurs styles de musique, mais la musique ne fait qu’un», estime le chef d’orchestre de 44 ans.
Pour Johanna Rees, vice-présidente chargée des spectacles de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, ce mélange est «une porte d’entrée» à la musique classique pour un public plus jeune.
«Proposer d’écouter un orchestre aux plus jeunes, à ces nouveaux spectateurs, permet qu’ils reviennent découvrir d’autres choses et des orchestres de leur propre chef», estime-t-elle.
Beaucoup, à Coachella, ont ainsi «vu un orchestre pour la toute première fois», alors que Gustavo Dudamel réitérait sa performance samedi, pour le second week-end du festival.
«C’est vraiment impressionnant de voir comment tout le monde peut se réunir et faire de la musique sans aucun genre défini», se réjouit Johanna Rees.
Certains, dans le monde de la musique classique, fustigent cet assemblage des genres, considérant qu’il dilue l’art du classique.
«C’est écouter la musique différemment. Ce n’est pas la détériorer», rétorque Mme Rees. «Il s’agit simplement d’en offrir une version différente.»
Et, pour Gustavo Dudamel, cette fusion est d’autant plus vitale dans un monde rongé par les tourments de l’actualité politique.
«Nous avons besoin de ces espaces de catharsis pour nous concentrer sur le pouvoir de ce vecteur d’humanité qu’est la musique.»
Par Maggy DONALDSON / AFP
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