Frappes américaines au Yémen : 80 morts, Washington vise l’économie houthie
Des Yéménites armés scandent des slogans lors d'un rassemblement de solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza et de condamnation des frappes américaines, dans la capitale Sanaa, contrôlée par les Houthis, le 18 avril 2025. ©Mohammed Huwais / AFP

Des frappes américaines sur un port pétrolier stratégique au Yémen ont fait 80 morts, ont affirmé vendredi les Houthis. Il s’agit de l'attaque la plus meurtrière depuis le début de la campagne militaire américaine il y a 15 mois contre ces insurgés soutenus par l'Iran.

Les Houthis, qui contrôlent de vastes pans du Yémen en guerre, ont fait état en soirée de nouvelles frappes imputées aux États-Unis visant la capitale Sanaa et ses environs, aux mains des Houthis.

L'armée américaine a indiqué avoir ciblé et détruit jeudi le port de Ras Issa dans la province de Hodeida (ouest), aux mains des Houthis.

Les États-Unis ont voulu « éliminer cette source d'hydrocarbures pour les terroristes houthis et les priver du revenu illégal qui a financé leurs actions pour terroriser toute la région depuis plus de dix ans », a dit le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).

Le bilan des frappes sur le port « est monté à 80 morts et 150 blessés », a affirmé la chaîne des Houthis, Al-Massirah, en citant les autorités locales.

Avant ce nouveau bilan, le porte-parole du ministère de la Santé des Houthis, Anees Alasbahi, avait indiqué à l'AFP que 198 personnes avaient été tuées dans les bombardements américains depuis mars.

L'administration du président Donald Trump a annoncé le 15 mars une offensive militaire d'envergure contre les Houthis pour les contraindre à cesser de menacer les navires empruntant des routes maritimes cruciales pour le commerce international.

L'attaque du port de Ras Issa a « causé des dégâts importants » qui « affecteront la navigation et l'approvisionnement en pétrole (...) exacerbant les souffrances du peuple yéménite », selon un communiqué des autorités portuaires reproduit par Al-Massirah.

« Mort à l'Amérique, mort à Israël »

La chaîne a diffusé des images de nuit montrant des corps maculés de sang gisant au sol, ainsi que des secouristes transportant des blessés sur des civières, dont l'un présentait des brûlures aux bras et aux jambes.

Des images ont aussi montré, au moment des frappes, une boule de feu éclairant la zone où se trouvent des navires.

Lors d'une manifestation massive organisée vendredi à Sanaa, le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, a affirmé que les insurgés avaient tiré des missiles en direction d'Israël, où l'armée a annoncé le matin l’interception d'un missile en provenance du Yémen.

Les Houthis ont également dit avoir visé deux porte-avions américains au large du Yémen, le Harry S. Truman et le Carl Vinson.

« La poursuite de l'agression contre notre pays ne fera qu'augmenter les opérations » des Houthis, a dit M. Saree devant la foule venue protester contre les frappes américaines et témoigner son soutien aux Palestiniens de Gaza.

Des rassemblements similaires ont eu lieu dans plusieurs régions aux mains des Houthis, notamment à Saada (nord), où des centaines de personnes ont défilé aux cris de « Mort à l'Amérique, Mort à Israël », selon des images diffusées par Al-Massirah.

Les Houthis, avec le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien notamment, font partie de ce que l'Iran présente comme un « axe de la résistance » face à Israël, son ennemi.

L'Iran a dénoncé comme « barbares » les frappes américaines au Yémen.

« Un signal à Téhéran »

Les États-Unis, qui ont désigné les Houthis comme organisation terroriste étrangère, ont imposé jeudi des sanctions contre une banque du Yémen et ses principaux dirigeants, en raison de son soutien « essentiel » aux Houthis.

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont mené des attaques de missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec Israël en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Les attaques dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial ont perturbé le trafic maritime international et poussé les États-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper à partir de janvier 2024 des cibles houthies au Yémen, parfois avec l'aide du Royaume-Uni.

L'attaque sur le port de Ras Issa intervient avant des pourparlers samedi entre les États-Unis et l'Iran sur le nucléaire iranien.

« Les actions militaires au Yémen envoient clairement un signal à Téhéran », a affirmé à l'AFP l'analyste Mohammed Al-Basha, basé aux États-Unis. « Le message aujourd'hui est sans équivoque : les États-Unis visent non seulement les ressources militaires et le personnel des Houthis, mais aussi leur infrastructure économique ».

AFP

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