À la recherche des œufs de Pâques: une tradition gourmande et millénaire
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Pâques, entre symbolique religieuse et fête populaire, donne lieu chaque printemps à une coutume très attendue par les enfants: la chasse aux œufs. Une tradition ludique qui puise ses sources dans des légendes anciennes, des croyances religieuses et une bonne dose de chocolat et de bonne humeur.

Chaque année, le dimanche ou le lundi de Pâques donne lieu à un gai bouillonnement dans les jardins: les enfants, panier à la main, vont à la recherche d’œufs en chocolat bien dissimulés. Si cette tradition ludique semble de nos jours exclusivement festive, elle puise en réalité ses racines dans des récits mythologiques, des rituels religieux et des us populaires remontant à plusieurs siècles. Entre symboles de fécondité, jeûne chrétien et innovations chocolatées, la chasse aux œufs célèbre le renouveau du printemps et le plaisir du partage.

Une origine païenne et chrétienne

L’équivalent anglais de Pâques, Easter, dérive de la déesse anglo-saxonne Eostre, divinité du printemps célébrée à l’équinoxe. Symbole de renouveau, elle est souvent associée à un lièvre symbolisant la fécondité. Ce lien pourrait expliquer la place centrale du lapin de Pâques dans les cultures protestantes, en Allemagne, en Suisse ou au Royaume-Uni, où le Easter Bunny cache les œufs dans les jardins. En France et en Belgique, ce sont les cloches parties à Rome qui reviennent, dans la nuit du samedi au dimanche, chargées d’œufs en chocolat.

Du point de vue chrétien, la fête de Pâques célèbre la résurrection du Christ et marque la fin du Carême, période de jeûne de 40 jours durant laquelle la consommation d’œufs était interdite. Or, les poules continuaient de pondre: les œufs étaient donc conservés, décorés, puis consommés le jour de Pâques.

Une chasse aux œufs vieille de plusieurs siècles

La chasse aux œufs telle que nous la connaissons aujourd’hui puise ses origines dans l’Allemagne du XVIe siècle. Elle s’est répandue progressivement en Europe grâce aux immigrants, notamment germano-suisses, pour se déployer jusqu’aux États-Unis ou le Brésil et même encore l’Inde. Selon les régions, ce ne sont pas toujours des lapins qui cachent les œufs: en Bavière, c’est un coq, en Thuringe, un renard, et en Westphalie, un coucou.

Les œufs de Pâques sont de nos jours un jeu printanier: les adultes dissimulent des œufs décorés ou en chocolat dans un jardin ou une maison. Les enfants, armés de paniers, doivent les retrouver le plus vite possible. Cette tradition, tout en délaissant ses origines religieuses, a évolué en un moment joyeux et convivial, partagé aussi bien par les familles croyantes que laïques.

Du rituel spirituel au plaisir chocolaté

L'œuf, présent dans de nombreuses cultures comme symbole d’immortalité, est devenu au fil du temps un objet de plaisir. Dès le règne de Louis XIV, les œufs étaient offerts décorés à la feuille d’or. Mais ce n’est qu’au XVIIIe siècle que survient l’idée de l'œuf en chocolat, propagée par Joseph Fry, en 1873, grâce aux nouvelles techniques de moulage.

Aujourd’hui, chocolatiers et pâtissiers rivalisent de créativité pour présenter des œufs originaux, des lapins, des cloches et d’autres moulages gourmands. En parallèle, certaines communes organisent même des chasses aux œufs pour adultes, modifiant cette tradition enfantine en une activité festive pour tous les âges.

Une tradition universelle et fédératrice

Qu’elle soit organisée dans un jardin familial, un parc municipal ou au sein d’un musée, la chasse aux œufs de Pâques personnifie un moment de partage intergénérationnel. Elle relie le folklore ancien à la joie de l’instant. Alors que les enfants courent à la recherche des œufs, ils maintiennent sans le savoir une coutume ancienne, où se confondent symboles religieux, traditions locales et plaisir chocolaté.

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