
En pleine visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky en Afrique du Sud, son hôte Cyril Ramaphosa a annoncé jeudi dans un message diffusé sur X avoir parlé de la guerre en Ukraine avec son homologue américain Donald Trump, qu’il doit rencontrer «bientôt».
Leur appel téléphonique avait pour objet le «processus de paix en Ukraine», à quelques minutes d’une rencontre entre Cyril Ramaphosa et Volodymyr Zelensky à Pretoria, à l’occasion d’une visite écourtée en raison de frappes nocturnes russes ayant fait au moins huit morts à Kiev.
«Nous avons tous les deux convenu qu’il fallait mettre fin à la guerre le plus rapidement possible afin d’éviter d’autres morts inutiles», a écrit le président sud-africain à propos de son entretien avec le locataire de la Maison Blanche.
Quelques minutes plus tard, il a accueilli sur les marches d’Union Buildings (le complexe gouvernemental sud-africain) son homologue ukrainien, affichant un air grave après les 70 missiles et 145 drones tirés dans la nuit par les forces russes, d’après l’armée ukrainienne.
Après avoir longtemps affiché des positions pro-russes, Pretoria a évolué ces derniers mois en votant pour la première fois une résolution de l’ONU qualifiant la guerre «d’invasion totale de l’Ukraine» par Moscou et «réaffirmant son attachement» à l’«intégrité territoriale» de l’Ukraine.
«L’Afrique du Sud a reconnu qu’elle devait jouer un rôle beaucoup moins ambigu pour dialoguer activement auprès de toutes les parties», a estimé Priyal Singh, chercheur à l’Institut pour les études de sécurité à Pretoria, en amont de la visite.
Compétences de médiateur
L’entretien de jeudi avec Donald Trump, pourtant détracteur récurrent du gouvernement sud-africain, suit un appel lundi de Cyril Ramaphosa avec son homologue russe Vladimir Poutine pour «collaborer en vue d’une résolution pacifique du conflit entre la Russie et l’Ukraine».
Face au lourd bilan des attaques nocturnes russes, Volodymyr Zelensky a annulé en urgence «une partie » de son déplacement en Afrique du Sud pour rentrer «immédiatement».
Il doit cependant toujours s’exprimer devant les médias, selon le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, qui a évoqué un programme «accéléré en raison de l’escalade», dans une nouvelle évolution du lexique de Pretoria.
À son arrivée au cours de la nuit à la pointe de l’Afrique, Volodymyr Zelensky a déclaré sur les réseaux sociaux vouloir se rapprocher d’une «paix véritable» et dit espérer voir son hôte «participer effectivement à la coalition internationale pour rapatrier des milliers d’enfants enlevés par la Russie» durant le conflit.
Il y a près de deux ans, Cyril Ramaphosa avait mené une délégation de chefs d’État africains à Saint-Pétersbourg (Russie) puis à Kiev, pour appeler à la négociation les deux côtés.
Négociateur en chef de l’ANC, le parti de Nelson Mandela, lors de la transition post-apartheid, Cyril Ramaphosa s’est forgé une réputation de facilitateur.
Avant de participer à l’initiative africaine pour la paix en Ukraine de 2023, il avait mis ses compétences de médiateur au service du conflit nord-irlandais, supervisant le désarmement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) après les accords du Vendredi saint (1998).
Par Clément VARANGES/AFP
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