Iran: le président sur les lieux de l'explosion meurtrière dans le premier port du pays
Pompiers et secouristes interviennent sur les lieux d'une explosion survenue la veille au quai du port de Shahid Rajaï, au sud-ouest de Bandar Abbas, dans la province iranienne d'Hormozgan, le 27 avril 2025. ©Meysam Mirsadeh / TASNIM NEWS / AFP

Le président iranien est arrivé dimanche dans le plus grand port commercial d'Iran, toujours en proie au feu, au lendemain d'une énorme explosion dont la cause reste inconnue, qui a fait au moins 40 morts et plus d'un millier de blessés.

La déflagration, entendue à des dizaines de kilomètres à la ronde, s'est produite samedi vers midi (08H30 GMT) sur un quai du port Shahid Rajaï, par où transitent 85 % des marchandises en Iran.

Ce port stratégique est proche de la grande ville côtière de Bandar Abbas (sud), sur le détroit d'Ormuz, par où passe un cinquième de la production mondiale de pétrole, à un millier de kilomètres au sud de Téhéran.

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, qui a ordonné l'ouverture d'une enquête sur les causes de la catastrophe, est arrivé dans l'après-midi sur les lieux, selon des images de la télévision publique.

Il a exprimé sa «gratitude» aux «pompiers et secouristes jusqu'aux membres des Gardiens de la Révolution et de l'armée qui sont venus prêter main forte» sur les lieux du drame.

«Vingt-huit personnes sont décédées», a déclaré le directeur du Croissant-Rouge iranien, Pirhossein Koulivand, ajoutant que «20 personnes se trouvent en soins intensifs». Dans son nouveau bilan, le Croissant-Rouge recense aussi plus d'un millier de blessés.

Le sinistre est probablement dû à un incendie dans une zone de stockage de matières dangereuses et chimiques, selon un communiqué des Douanes.

«Seule une zone du port (...) a été touchée par un incendie, et les opérations de chargement et de déchargement de marchandises se poursuivent normalement dans plusieurs autres zones», a déclaré la ministre du Développement urbain, Farzaneh Sadegh, selon des médias officiels.

Les nombreux entrepôts du port sont répartis sur une superficie de 2 400 hectares.

Le ministère de la Défense a affirmé qu'«il n'y avait et il n'y a à l'heure actuelle aucune cargaison (...) pour le carburant militaire ou pour un usage militaire dans la zone de l'incendie».

Le New York Times, citant une source anonyme proche des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, avait auparavant affirmé que l'explosion avait été provoquée par du perchlorate de sodium, une substance entrant dans la composition de carburants solides pour missiles.

« L'incendie (...) n'est toujours pas éteint », a indiqué dimanche un correspondant de la télévision d'État présent sur les lieux, une épaisse fumée noire visible derrière lui.

Seuls les médias iraniens ont été autorisés à prendre des photos et des vidéos dans le secteur.

 Trois jours de deuil 

Des avions bombardiers d'eau et des hélicoptères sont mobilisés pour lutter contre les flammes, selon des images de la télévision d'État. Au sol, les pompiers ont déployé d'immenses lances à incendie.

La Russie a ordonné l'envoi «de plusieurs avions transportant des spécialistes» du ministère des Situations d'urgence, pour aider à lutter contre le feu, selon l'ambassade russe en Iran.

Les autorités ont ordonné la fermeture dimanche – jour ouvré en Iran – des bureaux et établissements scolaires à Bandar Abbas, ville d'environ 650 000 habitants, alors que la fumée continue à se propager dans les environs, selon un responsable des secours, Mehrdad Hassanzadeh.

Le ministère de la Santé a appelé les habitants à rester chez eux «jusqu'à nouvel ordre». Un appel aux dons de sang a été lancé pour les blessés.

Les autorités ont décrété un jour de deuil national lundi, et trois jours à partir de dimanche dans la province d'Hormozgan, dont Bandar Abbas est le chef-lieu. La ville abrite la principale base de la marine iranienne.

Camions soufflés 

La déflagration a complètement soufflé une rangée de semi-remorques, selon des images sur les réseaux sociaux dont l'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité. Sur d'autres images prises d'un hélicoptère, une épaisse fumée noire semble indiquer plusieurs départs de feu.

L'ONU et de nombreux pays, dont l'Arabie saoudite, le Pakistan, l'Inde, la Turquie et la Russie, ont présenté leurs condoléances à l'Iran. Le Hezbollah libanais a exprimé sa solidarité pour ce «tragique accident».

L'explosion a coïncidé avec la tenue à Oman de pourparlers cruciaux sur le programme nucléaire de Téhéran entre l'Iran et les États-Unis, ennemis depuis quatre décennies.

Israël, qui soupçonne l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire comme d'autres pays occidentaux, se livre depuis des années à une guerre de l'ombre contre cet ennemi juré.

Selon le Washington Post, Israël avait lancé en 2020 une cyberattaque contre le port de Shahid Rajaï.

La thèse d'un sabotage n'a pour l'heure pas été évoquée par Téhéran pour l'explosion de samedi.

Par Payam DOOST MOHAMADI/AFP

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