Libanais sur papier 
Le changement, dans l’histoire des nations, peut se concrétiser d’abord sur le plan individuel, mais si cette volonté-là ne se transforme pas en volonté collective, le changement est condamné à l’échec, et c’est ce que les députés dits « de la contestation » ne réalisent pas.

Les 13 députés dont il s’agit ne peuvent pas, à eux seuls, amorcer un changement politique. Ils doivent coopérer avec ceux qui partagent certains de leurs causes et principes ; ils ne peuvent pas imposer leur opinion à une majorité d’opposants ; ils ne peuvent pas faire cavalier seul, indépendamment de l’opposition. Ce faisant, ils risquent de passer à côté d’un consensus possible, ce qui bénéficierait au système qu’ils combattent, en le maintenant au pouvoir, sachant très bien qui en est le chef et le bras exécutif.

Ce qui s’applique à la contestation s’applique aussi aux dix députés qui ont voté « Liban ». Certes, personne ne remet pas en cause leur loyauté à l’égard du Liban, mais à quoi sert ce vote ?

Ce procédé, en fait, signale une réticence à choisir, et donne à l’adversaire l’idée que l’opposition dite souverainiste est divisée, et que donc un bazar politique est possible avec une partie de ce camp.


Le comble, c’est que ces derniers font les intéressants et disent être à la recherche d’un programme de candidature. Et la question qui se pose est la suivante : le député Michel Mouawad, n’est-il pas un programme en lui-même ? Les députés qui ont voté « Liban » et la contestation ne savent-ils pas où se tient Michel Mouawad ? Du reste, et franchement, de quel programme parlent-ils, sachant que toutes les mesures exécutives dépendront du gouvernement qui sera formé d’un commun accord entre le nouveau président et le premier ministre désigné ?

La contestation et ceux qui ont voté « Liban » ne veulent-ils pas d’un État fort, capable de grandes décisions, en mesure d’imposer l’État de droit ? Ne veulent-ils pas d’une seule force armée légitime ? Ne veulent-ils pas d’excellentes relations avec les pays du monde, en particulier les pays arabes, et singulièrement l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis? Ne veulent-ils pas venir à bout de la gouvernance destructrice en vigueur? Michel Mouawad n’incarne-t-il donc pas toutes ces aspirations?

En fait, la contestation et les bulletins « Liban » semblent être, sans le vouloir - ou peut-être au su de certains d’entre eux-,  des chevaux de Troie chargés de jouer ce rôle à des fins impénétrables. À eux de tirer les leçons de ce qui s’est passé, de répondre aux aspirations de leurs électeurs et d’être honnêtes au sujet des grands principes en base desquels ils ont été élus. Bref, d’être de véritables libanais et non des Libanais sur papier.
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