
L'Ukraine s'attend à signer mercredi à Washington un accord âprement négocié avec les Américains et qui doit leur fournir un accès aux minerais stratégiques du pays, a indiqué à l'AFP un haut responsable de la présidence ukrainienne.
La ministre de l'Économie Ioulia Svyrydenko est en route vers Washington et «devrait signer l'accord ce soir», a ajouté ce responsable s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
«C'est vraiment un bel accord international équitable entre les gouvernements américain et ukrainien concernant des investissements communs dans le développement et la reconstruction de l'Ukraine», s'est félicité à la télévision nationale le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.
Il a pour sa part évoqué une signature prévue «au cours des prochaines 24 heures».
Ce document, dont la dernière version doit encore être formellement approuvée par le gouvernement ukrainien, est le résultat d’un «travail acharné et approfondi» des négociateurs ukrainiens et américains, a-t-il ajouté.
Le projet d’accord a été depuis des semaines au cœur de tensions entre Kiev et Washington dont le soutien est crucial pour l’Ukraine, confrontée depuis trois ans à l’invasion russe.
Une précédente mouture de ce texte aurait dû être signée lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, mais son altercation inédite avec son homologue américain avait précipité son départ sans signature de l’accord.
Une nouvelle version, proposée par Washington en mars, avait été jugée très défavorable par des députés ukrainiens et des médias.
Au fil des négociations, ce document a pu être transformé en une version plus acceptable pour Kiev, selon des responsables ukrainiens.
Ni dette, ni garanties
Notamment, contrairement à ce que souhaitait Donald Trump, le texte ne reconnaît pas comme une dette vis-à-vis des États-Unis les dizaines de milliards de dollars d’aide militaire et financière américaine accordées à l’Ukraine par son prédécesseur Joe Biden.
«Aucune dette, aucune aide» accordée avant la signature «ne fait partie de cet accord», a assuré Denys Chmygal.
En revanche, le document, qui doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien après sa signature, ne semble pas comporter de garanties de sécurité américaines face à la Russie, pourtant demandées par l’Ukraine, un point sur lequel insistait Volodymyr Zelensky.
Interrogé par l’AFP à ce sujet, le responsable de la présidence n’a pas répondu.
Le texte «garantit l’égalité des parties» et prévoit la mise en place d’un «fonds d’investissement pour investir dans la reconstruction» de l’Ukraine ravagée par la guerre, a-t-il précisé.
Selon M. Chmygal, le fonds sera financé et géré à parts égales par Ukrainiens et Américains.
L’Ukraine y apportera des redevances tirées de «nouvelles» licences sur ses matières premières (pétrole, gaz, minerais rares...) tout en conservant le contrôle de toutes ses ressources naturelles et infrastructures, a assuré le Premier ministre.
Les États-Unis pourront de leur côté « comptabiliser leur nouvelle aide militaire à l’Ukraine comme contribution à ce fonds », a-t-il précisé.
Pendant les dix premières années, ses bénéfices ne pourront pas être transférés à l’étranger, mais devront être «réinvestis exclusivement en Ukraine», a encore précisé le responsable de la présidence.
La quantité de richesses minières que renferme le sol ukrainien reste peu claire, la plupart de ces ressources étant inexploitées, difficiles à extraire ou de facto sous contrôle russe, car se trouvant dans des territoires occupés ou menacés par l’avancée des troupes de Moscou.
Avec AFP
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