
Le 1er mai, en France, on célèbre à la fois la fête du Travail et une ancienne coutume florale: l’échange de brins de muguet. Entre traditions royales, symboles ouvriers et pratiques populaires, cette date reste profondément enracinée dans l’histoire du printemps.
Chaque 1er mai, les rues de France se parent de petites clochettes blanches au parfum délicat. Le muguet, fleur modeste des sous-bois, devient ce jour-là un véritable emblème national. À la croisée des traditions royales, des luttes ouvrières et des rites populaires, ce brin de muguet incarne à lui seul le bonheur, l’espoir et la solidarité.
L’histoire du muguet remonte à l’Antiquité, où les Celtes fêtaient Beltaine, fête du renouveau et du retour de la lumière. Au Moyen Âge, mai devient le mois des «accordailles»: il était commun de suspendre un brin de muguet à la porte de sa bien-aimée. Mais c’est sous la Renaissance, en 1561, que cette fleur entre formellement dans la coutume française. Séduit par la finesse de ce don, le roi Charles IX prend la décision de faire du muguet un cadeau officiel aux dames de la cour chaque 1er mai. Le geste se répand dans les milieux aristocratiques avant de conquérir les classes populaires.
Néanmoins, c’est au tournant du XXe siècle que le muguet revêt son ultime dimension symbolique. En 1895, le chanteur Félix Mayol en fait son emblème personnel, échangeant le camélia contre le muguet à la boutonnière. Quelques années plus tard, les grands couturiers parisiens maintiennent la tradition en offrant à leurs employées du muguet le 1er mai. L’idée charme le monde ouvrier qui l’adopte. Dès 1936, le brin de muguet remplace l’églantine rouge, fleur emblématique des revendications sociales.
La bascule définitive survient en 1941 sous le régime de Vichy, qui remplace officiellement l’églantine, jugée trop révolutionnaire, par le muguet, perçu comme plus neutre et fédérateur. Le 1er mai devient alors la «fête du Travail et de la Concorde sociale», jour férié consacré aux travailleurs… et au muguet.
De nos jours, cette fleur conserve encore une place particulière dans le cœur des Français. Chaque 1er mai, près de 60 millions de brins sont vendus, en majorité issus de la région nantaise. Une première: la vente de muguet sauvage est tolérée ce jour-là sans déclaration préalable, à condition de respecter certaines règles. Ce privilège ajoute à l’aspect convivial de la cérémonie: scouts, familles et associations vendent leurs bouquets sur les marchés ou aux coins des rues, prolongeant un rituel à la fois populaire et bienveillant.
Offrir du muguet est aussi symbole porte-bonheur. Un brin portant 13 clochettes serait même doublement chanceux. À la fois geste d’affection, symbole de renaissance et clin d’œil historique, le muguet du 1er mai unit toutes les générations autour d’un même désir: celui de souhaiter bonheur et espérance à leurs proches et bien-aimés.
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