
La Cour internationale de Justice (CIJ) s'apprête à rendre lundi sa décision concernant la plainte du Soudan contre les Émirats arabes unis, accusant Abou Dhabi de complicité de génocide au Darfour.
Le pays d'Afrique de l'Est a attaqué les Émirats devant la CIJ à La Haye, les accusant de complicité de génocide à l'encontre de la communauté masalit, en raison de leur soutien présumé aux Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) qui combattent l'armée soudanaise.
La guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée régulière, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, aux FSR, avec à leur tête son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts au Soudan, déraciné 13 millions de personnes et plongé certaines régions dans la famine, provoquant «une des pires catastrophes humanitaires» au monde, selon l'ONU.
Lors d'audiences début mai, le ministre intérimaire soudanais de la Justice, Muawia Osman, a affirmé que le «soutien» présumé des Émirats aux milices constituait «le principal moteur du génocide».
Une accusation contestée par les Émirats qui ont affirmé devant la Cour que ces allégations étaient «au mieux trompeuses et au pire de pures fabrications», destinées à détourner l'attention des efforts visant à mettre fin à la guerre.
Le Soudan souhaite que les juges obligent les Émirats à mettre fin à ce soutien présumé et à verser des «réparations complètes», y compris des indemnités aux victimes de la guerre.
Les Émirats arabes unis ont quant à eux demandé que l'affaire soit rejetée.
Les experts juridiques estiment que la plainte soudanaise risque de s'enliser sur des questions de compétence.
Lorsque les Émirats ont signé la convention sur le génocide en 2005, ils ont émis une «réserve» à l'égard d'une clause-clef permettant aux pays de s'attaquer mutuellement devant la CIJ en cas de litige.
Au regard de cette réserve, la CIJ pourrait potentiellement conclure qu'elle n'est pas compétente pour juger l'affaire.
Les décisions de la CIJ sont définitives et contraignantes, mais la Cour n'a aucun moyen de les faire respecter.
Plus de 540 civils ont été tués dans le nord du Darfour au cours des trois dernières semaines, a indiqué l'ONU jeudi, en estimant que «le bilan réel est sans doute beaucoup plus élevé».
«L'horreur de ce qui se passe au Soudan est sans limites», a dénoncé le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Volker Türk.
Par AFP
Commentaires