La CIJ rejette la plainte du Soudan contre les Émirats Arabes Unis
Des magistrats arrivent à la Cour internationale de justice (CIJ) pour examiner la demande de cessez-le-feu à Gaza déposée par l’Afrique du Sud, à La Haye, le 24 mai 2024, en pleine guerre entre Israël et le mouvement Hamas. © Nick Gammon / AFP

La Cour internationale de justice (CIJ) a rejeté lundi la plainte du Soudan accusant les Émirats arabes unis de complicité de génocide, se déclarant «manifestement incompétente» pour statuer sur cette affaire.

Khartoum a attaqué en mars les Émirats devant la CIJ à La Haye, les accusant de complicité de génocide à l'encontre de la communauté masalit, en raison de leur soutien présumé aux Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) qui combattent l'armée soudanaise.

Lorsque les Émirats ont signé la convention sur le génocide en 2005, ils ont émis une «réserve» à l'égard d'une clause-clef permettant aux pays de s'attaquer mutuellement devant la CIJ en cas de litige.

«À la lumière de la réserve émise par les Émirats arabes unis… la Cour est manifestement incompétente pour juger la demande du Soudan», a déclaré la Cour.

Une représentante des Émirats arabes unis a salué la décision des juges.

«Cette décision est une affirmation claire et décisive du fait que cette affaire était totalement dénuée de fondement», a affirmé Reem Ketait, haute fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, dans une déclaration transmise à l'AFP.

La guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée régulière, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, aux FSR, avec à leur tête son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts au Soudan, déraciné 13 millions de personnes et plongé certaines régions dans la famine, provoquant «une des pires catastrophes humanitaires» au monde, selon l'ONU.

Plus de 540 civils ont été tués dans le nord du Darfour au cours des trois dernières semaines, a indiqué l'ONU jeudi, en estimant que «le bilan réel est sans doute beaucoup plus élevé».

«L'horreur de ce qui se passe au Soudan est sans limites», a dénoncé le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk.

«Soutien direct»

La CIJ s'est déclarée «profondément préoccupée par la tragédie humaine qui se déroule au Soudan et qui constitue la toile de fond du présent différend».

«Le conflit violent a un effet dévastateur, entraînant des pertes en vies humaines et des souffrances indicibles, en particulier dans le Darfour occidental», a ajouté la Cour.

Devant le Palais de la Paix, siège de la CIJ, une poignée de manifestants pro-soudanais brandissaient des banderoles, dont une sur laquelle on pouvait lire «Les Émirats arabes unis tuent le Soudan».

«Nous sommes extrêmement déçus… Nous ne demandons que la justice», a déclaré Hisham Fadl Akasha, ingénieur de 57 ans.

Lors d'audiences le mois dernier, le ministre intérimaire soudanais de la Justice, Muawia Osman, avait affirmé que le «soutien» présumé des Émirats aux milices constituait «le principal moteur du génocide».

«Le soutien direct, logistique et autre, que les Émirats arabes unis ont apporté et continuent d'apporter aux forces de sécurité a été et continue d'être le principal moteur du génocide en cours, qui se traduit notamment par des meurtres, des viols, des déplacements forcés et des pillages», avait ajouté M. Osman.

Une accusation contestée par les Émirats, qui ont dénoncé devant la cour des allégations «au mieux trompeuses et au pire de pures fabrications», destinées selon eux à détourner l'attention des efforts visant à mettre fin à la guerre.

Le Soudan avait demandé aux juges d'obliger les Émirats à mettre fin à ce soutien présumé et à verser des «réparations complètes», y compris des indemnités aux victimes de la guerre.

Les décisions de la CIJ sont définitives et contraignantes, mais la Cour n'a aucun moyen de les faire respecter.

Dimanche, les paramilitaires soudanais ont frappé la ville de Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement dans l'est du pays, a annoncé l'armée, dans la première attaque de ce type en deux ans de guerre.

Avec AFP

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