Quand Pékin chipote les chips: la bataille des semi-conducteurs est lancée
©Ici Beyrouth

Depuis que les États-Unis ont imposé des restrictions sévères sur les exportations de puces Nvidia vers la Chine, notamment les modèles H100 et A100, les entreprises chinoises se sont lancées dans une course effrénée pour combler le vide. Dans le monde impitoyable des semi-conducteurs, les puces ne se contentent plus de chauffer les ordinateurs: elles chauffent les relations internationales.

Dans l’univers féroce des semi-conducteurs, les puces ne font plus seulement tourner les machines: elles attisent aussi les tensions géopolitiques. Alors que les États-Unis imposent des restrictions sur les exportations de puces Nvidia vers la Chine, celle-ci ne reste pas les bras croisés. Après que le géant américain des semi-conducteurs a annoncé que les limitations à l’exportation vers la Chine auront un impact significatif sur ses résultats financiers du premier trimestre couvrant la période de février à fin avril 2025, Huawei, avec son CloudMatrix 384, a décidé de relever le défi. Ce système d'intelligence artificielle connecte 384 processeurs Ascend 910C via une technologie optique avancée. Résultat? Une puissance de calcul supérieure de 67% à celle du modèle NVL72 de Nvidia et une capacité mémoire trois fois plus grande. Cependant, cette prouesse a un prix: environ 8,2 millions de dollars, soit plus du double du coût du système NVL72. En outre, le CloudMatrix 384 affiche une consommation énergétique importante et dispose d’un écosystème logiciel encore immature, ce qui se traduit par des coûts d’exploitation élevés.

Iluvatar CoreX, fondée en 2015 à Shanghai, est une autre entreprise chinoise qui se distingue dans le domaine des puces d'intelligence artificielle. Avec son processeur TianGai-100, elle propose une alternative aux puces Nvidia pour les applications de «cloud computing» (l’informatique en nuage). Malgré des performances compétitives, la société fait face à des défis liés à la maturité de ses produits et à la concurrence accrue.

Moore Threads, une start-up chinoise, a également lancé sa propre puce d'intelligence artificielle. Bien que moins connue que Huawei ou Iluvatar CoreX, elle représente un exemple de la diversité et de l'innovation qui caractérisent le secteur technologique chinois.

 

La Lithographie extrême ultraviolet (EUV): un défi technologique

Par ailleurs, la lithographie extrême ultraviolet (EUV), essentielle pour la fabrication de puces avancées, est aujourd’hui exclusivement fournie par ASML, une entreprise néerlandaise. Cependant, les tensions géopolitiques ont conduit les États-Unis à imposer des restrictions sur les exportations de ces machines vers la Chine, limitant ainsi les capacités de production de puces de pointe en Chine.

 

Made in China 2025: la quête de l'indépendance technologique

Face à ces défis, la Chine a lancé le plan «Made in China 2025» visant à réduire sa dépendance aux technologies étrangères. Ce plan ambitieux se concentre sur des secteurs clés tels que l'intelligence artificielle, les semi-conducteurs, les véhicules électriques et la biotechnologie. Malgré les progrès réalisés, notamment dans la production de puces de mémoire NAND et de batteries lithium-ion, des obstacles subsistent, notamment dans le domaine de la lithographie avancée.

 

La compétition dans le domaine des puces est plus intense que jamais. Si la Chine parvient à surmonter les défis technologiques et à réduire sa dépendance aux technologies étrangères, elle pourrait bien redistribuer les cartes du marché des semi-conducteurs. En attendant, les géants comme Nvidia et ASML restent des acteurs incontournables, mais la montée en puissance de la Chine pourrait bien changer la donne dans les années à venir.

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