
Alors que le Salon de l’automobile de New York bat son plein et que celui de Shanghai électrise les foules, une chose saute aux yeux: la montée en puissance spectaculaire des constructeurs chinois, en particulier dans le secteur de la voiture électrique. Et le plus ironique dans cette affaire? Donald Trump, avec ses mesures protectionnistes, est en train de leur donner un coup de pouce… involontaire, mais efficace.
Donald Trump, toujours aussi déterminé à «ramener l’industrie automobile à la maison», a récemment imposé des surtaxes de 25% sur l’acier, l’aluminium et, cerise sur le gâteau, sur le secteur automobile tout entier. L’objectif? Relocaliser la production aux États-Unis et protéger l’industrie locale.
Oui, mais voilà, en cherchant à freiner les importations, il a involontairement appuyé sur l’accélérateur de la voiture électrique chinoise. Comment? En rendant les véhicules électriques américains plus chers, il a déroulé le tapis rouge aux constructeurs chinois pour conquérir le marché mondial.
En imposant des surtaxes de 25% sur l'acier, l'aluminium et le secteur automobile dans son ensemble, Donald Trump pensait relancer la production américaine et «ramener les jobs à la maison». L’intention? Louable. Le résultat? Plus discutable.
Facture salée
Ces taxes alourdissent mécaniquement les coûts de production des constructeurs américains… même ceux qui fabriquent déjà sur le sol américain, comme Tesla, Ford ou General Motors. Résultat? Une industrie sous pression, et une facture salée: 108 milliards de dollars de pertes attendues pour le secteur automobile américain rien que sur 2025, selon le Center for Automotive Research.
Et pendant que les constructeurs américains comptent les points, les Chinois marquent des buts. Tesla, bien que toujours en bonne position, commence à tanguer, devenant une victime collatérale du protectionnisme. Ses ventes en Chine (marché crucial pour l’entreprise) ont chuté de 11,5% en mars 2025, alors que BYD, le géant chinois de la voiture électrique, grimpait dans les mêmes proportions.
La Chine est pourtant le deuxième marché de Tesla, ce qui laisse imaginer l’ampleur du coup dur. En 2024, BYD a vendu 3,7 millions de véhicules électriques, dépassant Tesla pendant deux trimestres consécutifs. Et il ne s'arrête pas là. Alors que les marques américaines se battent pour survivre aux taxes, BYD s’implante au Brésil, se développe en Europe, en Asie et même en Amérique latine. En bref, partout… sauf aux États-Unis.
Immunité commerciale
Et c’est là que le twist prend forme: en étant absents du marché américain, les constructeurs chinois comme BYD sont intouchables par les surtaxes de Trump. Une forme d’immunité commerciale. L’Amérique se bunkerise? La Chine se mondialise.
Et sur le marché global? Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, 64,3% des ventes mondiales de véhicules électriques venaient de Chine, soit environ 11 millions d’unités sur 17,1 millions. Et selon les prévisions, la Chine pourrait détenir jusqu’à 80% de part de marché en véhicules électriques d’ici à la fin 2025. Autrement dit, pendant que l’Amérique patine dans ses surtaxes, la Chine roule vers la pole position.
En voulant jouer les gardiens de l'industrie automobile américaine, Donald Trump pourrait bien finir par lui faire une queue de poisson. À force de surtaxes et de slogans patriotiques, il affaiblit ses propres champions et ouvre un boulevard aux constructeurs étrangers. Ces derniers n’ont plus qu’à tendre la main pour ramasser les parts de marché tombées comme des feuilles en automne. Un effet boomerang? Oui, mais version premium, bien huilée.
Il faut croire que Trump a négligé un petit détail: l’économie mondiale, elle, déteste les murs. Résultat des courses? Les constructeurs chinois montent en puissance, quant aux consommateurs, ils choisissent ce qui roule, ce qui est moins cher… et ce qui se recharge.
Au final, à force de vouloir protéger Detroit, l’ex-président a offert à Pékin une belle place sur le podium mondial. Grâce aux surtaxes, les voitures électriques américaines ont perdu en compétitivité, pendant que les modèles chinois, eux, passaient entre les gouttes fiscales. En clair, l’Amérique a laissé la clé sur le contact… et la Chine n’a pas hésité une seconde à prendre le volant.
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