Le Canada ne sera «jamais à vendre» lance Carney à Trump
Le Premier ministre canadien Mark Carney s’adresse aux médias après une rencontre avec le président américain Donald Trump, à Washington, le 6 mai 2025. ©Mandel Ngan / AFP

Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a assuré mardi face à Donald Trump que son pays ne serait «jamais à vendre», ce dernier lui rétorquant qu’il ne fallait «jamais dire jamais» après avoir encore vanté le «merveilleux mariage» que serait une annexion par les États-Unis de leur voisin.

Pour leur premier face-à-face, la tension était palpable dans le Bureau ovale derrière les sourires des deux dirigeants.

Mark Carney a quitté la Maison-Blanche un peu plus de deux heures après y avoir été reçu par le président républicain, sans faire de déclaration.

Élu il y a une semaine sur la promesse de faire face au président américain, dont les menaces angoissent les Canadiens, le nouveau dirigeant devait éviter de braquer son impulsif interlocuteur pour ne pas compromettre un éventuel accord commercial.

Donald Trump a toutefois répété qu’il ne reviendrait pas sur ses décisions concernant les droits de douane, estimant que rien ne pourrait l’amener, même après discussion avec le Premier ministre canadien, à revenir en arrière. «C’est comme ça», a-t-il affirmé.

Le président américain a déjà imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens, notamment, et menace son voisin du Nord de taxes douanières généralisées de 25%.

«Le Canada est un pays qui devra être capable de se débrouiller seul sur le plan économique», a estimé Donald Trump. «Il n’y aucune raison pour que nous subventionnions le Canada».

«Fumée blanche»

Il ne faut pas s’attendre à de la «fumée blanche» à l’issue de la rencontre, avait averti vendredi Mark Carney, usant d’une métaphore d’actualité en ces temps de conclave.

Selon lui, l’ancienne relation entre les deux pays fondée sur «une intégration croissante» est «terminée», et il s’agit de savoir comment les deux pays «vont coopérer à l’avenir».

Leur rencontre a débuté sur un ton affable, Donald Trump qualifiant son invité d’homme «très talentueux» et «très bien», critiquant au passage l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, pour lequel le milliardaire républicain a une féroce antipathie.

Le nouveau Premier ministre, au tempérament mesuré et à l’expression prudente, a une personnalité fort différente de celle de l’éruptif président américain, mais aussi de celle, très extravertie, de son prédécesseur.

Mais l’atmosphère s’est rapidement alourdie dans le Bureau ovale, au fur et à mesure que le président américain insistait sur une possible annexion du Canada.

La position des Canadiens à ce sujet «ne va pas changer» a mis au point un Mark Carney tendu, aux mains nerveusement nouées.

Le Premier ministre canadien a par ailleurs souligné, en réponse aux attaques de Donald Trump sur le déséquilibre commercial, que son pays était déjà le «plus gros client» pour les marchandises américaines.

«Petite crise»

Peu avant que les journalistes ne quittent la pièce, le président américain a assuré que la conversation était «très amicale» et «n’allait pas tourner comme cette petite crise avec une autre personne», en référence à l’incroyable altercation qu’il avait eue avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky au même endroit.

Mark Carney a émergé des récentes élections législatives en vainqueur alors que sa formation, le Parti libéral (centre-gauche), était, il y a encore quelques mois promise à une cuisante défaite.

L’ancien banquier central, qui a tenu le gouvernail de la Banque d’Angleterre dans la tempête du Brexit, est un technocrate sans expérience de campagne.

«Je suis la meilleure chose qui lui soit arrivée», a plaisanté Donald Trump mardi en évoquant cette victoire électorale à laquelle ses attaques commerciales et ses menaces d’annexion ont contribué.

Dans le Bureau ovale, le président américain a dit devant Carney qu’il «adorerait» trouver un nouvel accord commercial avec Ottawa.

Les deux pays sont actuellement liés par un accord de libre-échange (ACEUM) conclu pendant le premier mandat du républicain. Le président américain comme le Premier ministre canadien ont jugé mardi que le texte pourrait être renégocié.

AFP

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