Basket: Akram Halabi, l’architecte du rebond libanais
Akram Halabi, le dynamique président de la Fédération libanaise de basket. ©FLB

Visionnaire, rigoureux, intransigeant: le président de la Fédération libanaise de basketball a transformé une institution en crise en modèle régional. Portrait d’un bâtisseur inflexible, réélu en 2024 pour un troisième mandat et plus déterminé que jamais à inscrire le Liban sur la carte mondiale du basket.

Quand Akram Halabi est élu à la tête de la Fédération libanaise de basketball en 2018, personne ne se doute encore que le Liban s’apprête à traverser l’une des pires décennies de son histoire contemporaine.

Un président dans la tempête

Akram Halabi n’imaginait pas que le mandat qu’il entamait allait se transformer en marathon de crises. En octobre 2019, une crise économique sans précédent frappe de plein fouet le Liban. Le pays plonge dans le chaos. À la débâcle financière succéderont la pandémie de Covid-19, l’explosion du port de Beyrouth en 2020, la guerre de Gaza fin 2023, puis l’escalade entre Israël et le Hezbollah. On a beau chercher, on voit mal conjoncture plus défavorable. Et pourtant… Contre vents et marées, il a, à chaque fois, trouvé les parades, les solutions, les bonnes décisions.

Le chantier de la reconstruction

Fort de son expérience dans les affaires, il met rapidement en place un système de redressement financier pour empêcher le basket libanais de sombrer. Lorsqu’il hérite du poste, la Fédération est asphyxiée par les dettes, héritées d’une mauvaise gestion, notamment lors de l’organisation de la Coupe d’Asie. Il s’attelle à les rembourser, restructure, professionnalise, assainit. Visionnaire, pointilleux dans les moindres détails, il décroche le plus gros contrat de diffusion de l’histoire du sport libanais, multiplie les académies pour entraîneurs et arbitres, et pose les fondations d’un nouveau siège fédéral à Jounieh, dont la première pierre a déjà été posée.

Résultats sur tous les terrains

Le Liban devient vice-champion d’Asie en 2022, se qualifie pour la Coupe du monde Fiba 2023 et remporte la Coupe arabe à Dubaï avec une sélection masculine au sommet de son art. Sous sa houlette, les sélections féminines brillent en zone 1, les clubs historiques (Riyadi, La Sagesse) retrouvent leur lustre d’antan, et les sélections de jeunes – U10, U12, U14 – connaissent un essor inédit. Des sessions de formation sont organisées régulièrement pour les arbitres et les entraîneurs, dans une dynamique de structuration globale du basketball libanais.

Un homme, une vision

Et, surtout, Akram Halabi est élu vice-président de la Fédération asiatique. Une reconnaissance régionale majeure pour celui qui entend désormais conquérir le continent, à condition de viser haut: «La qualification à la Coupe d’Asie n’est pas une fin en soi. L’objectif, c’est le titre», affirme-t-il, appelant à des préparations solides, des camps d’entraînement à l’étranger et un recrutement ciblé de joueurs naturalisés.

Réélu à l’unanimité en décembre dernier, il promet de poursuivre l’œuvre. Il prône un leadership collectif, mais reste le garant d’une ligne directrice claire: préserver la neutralité du sport, résister aux ingérences politiques et refuser les compromis qui abîment.

Contre les ingérences, pour l’éthique

Il n’hésite pas à dénoncer les manœuvres partisanes, les jeux de pouvoir, les tentatives d’instrumentalisation qui gangrènent le sport libanais. Sans mâcher ses mots, il fustige les interventions illégales de certains fonctionnaires du ministère de la Jeunesse et des Sports, et accuse des partis de vouloir reprendre la main sur les instances sportives à des fins électorales.

Mais à 57 ans, l’homme ne se laisse pas intimider. «Nous avons réalisé beaucoup, mais le meilleur reste à venir.» La phrase pourrait paraître convenue. Mais chez lui, elle sonne comme une promesse. Et une menace. Celle d’un président qui, même dans la tempête, tient le cap.

Dans un pays où les présidents changent plus vite que les saisons, Akram Halabi incarne la stabilité et la continuité. Calme, déterminé, intègre. Et plus que jamais tourné vers l’avenir.

Dans un Liban souvent ballotté entre passions et divisions, Akram Halabi a réussi l’exploit d’unir tout un peuple… autour d’un ballon orange.

 

 

 

 

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