Festival de Cannes: la mode monte aussi les marches
L’actrice américaine Scarlett Johansson monte sur scène lors de la présentation Universal Pictures et Focus Features à CinemaCon 2025, au Colosseum du Caesars Palace, à Las Vegas, dans le Nevada, le 2 avril 2025. ©Valérie MACON / AFP

Le Festival de Cannes 2025 confirme la puissance de l’alliance entre cinéma et maisons de couture. De plus en plus présentes dans la production, les griffes investissent aussi les récits, les prix et les tapis rouges.

Cinéastes fascinés par les podiums, maisons de couture qui ne se contentent plus d’habiller les stars : la lune de miel dure entre mode et cinéma, qui renouvellent leur alliance au Festival de Cannes (13-24 mai).

Aux côtés des mastodontes du glamour comme Chanel ou Dior, un outsider, la maison parisienne AMI, joue sa propre carte. Son créateur, Alexandre Mattiussi, l’un des quadras les plus en vue du secteur, a prévu de descendre une semaine sur la Croisette, pour «(s’)enfermer dans une salle de cinéma et voir des films», comme il l’explique en souriant à l’AFP.

Sa maison, qui coproduit des longs-métrages, remettra un nouveau prix de la jeune création, le Grand Prix AMI Paris, à la Semaine de la Critique. Moins exposée que la sélection officielle, cette section parallèle dont les stars n’ont pas l’honneur de gravir les marches, n’en est pas moins une pépinière de talents où ont été révélés Jacques Audiard, Julia Ducournau ou Wong Kar Wai.

«On y va humblement, au service du cinéma et des acteurs, pour accompagner des artistes», assure Alexandre Mattiussi, directeur créatif de sa marque.

«Spectacle» 

Le partenariat est bienvenu pour un monde du cinéma toujours en recherche de financements. L’autre grande section parallèle au Festival, la Quinzaine des cinéastes, a signé avec la marque française de voitures Alpine, qui exposera ses bolides sur la Croisette en contrepartie d’une aide financière. Mais l’alliance avec le monde du vêtement semble faire plus de sens.

Mode et cinéma, «quelque part, c’est un peu le même métier. Je raconte aussi des histoires à travers les vêtements. Dans un défilé, il y a un contexte, une musique et cette idée du spectacle, c’est aussi un processus de narration», résume le créateur d’AMI, dont la maison a coproduit les derniers films de Bertrand Bonello (La Bête, avec Léa Seydoux, en 2023) ou de Robin Campillo (Enzo, qui fait l’ouverture de la Quinzaine des cinéastes cette année).

Mais «je ne veux pas me considérer comme un producteur de cinéma. Ce serait prétentieux (et) je n’interviens pas sur les scénarios ni sur l’artistique», poursuit celui dont la marque a travaillé sur les costumes de La Bête, à l’instar de Jonathan Anderson, nouveau directeur artistique des collections Dior Homme et ex de Loewe, pour Queer de Luca Guadagnino.

Pendant des années, les défilés de ce dernier ont aussi été le point de rencontre des stars du 7e art, de Timothée Chalamet à Tilda Swinton.

Offensive 

D’une manière générale, les ambitions des griffes de mode dans le cinéma sont dévorantes, comme en témoigne aussi l’offensive de Saint Laurent Productions, une filiale de la maison française entièrement dédiée au 7e art.

Gérée directement par l’actuel directeur artistique Anthony Vaccarello, elle ambitionne de participer à la production de deux ou trois films par an. Elle devrait toutefois être un peu plus discrète cette année que l’an dernier, où elle coproduisait les films de Paolo Sorrentino (Parthenope) et David Cronenberg (Les Linceuls) mais surtout la comédie musicale de Jacques Audiard (Emilia Perez).

Plus largement, les multinationales du luxe et de la mode sont des partenaires indispensables des festivals internationaux, dont les tapis rouges et soirées de gala sont des écrins pour montrer leurs produits.

Cannes, le plus grand et prestigieux, ne fait pas exception. L’empire Kering (Gucci, Saint Laurent, Balenciaga…) y décerne depuis dix ans le prix Women in Motion, qui distingue des personnalités qui «font évoluer la place des femmes dans le cinéma et dans la société». Cette année, c’est Nicole Kidman qui sera décorée.

L’Oréal, partenaire du festival depuis 28 ans, maquilleur officiel, n’est pas en reste et a lui aussi créé un prix soutenant «les femmes qui font le cinéma». L’occasion de faire poser devant son logo pléthore de stars, d’Eva Longoria à Helen Mirren en passant par Andie MacDowell, Viola Davis ou Aishwarya Rai.

Par François BECKER / AFP

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