
Israël a menacé les dirigeants iraniens comme jamais jeudi, affirmant être prêt à leur faire subir ce qu’il a fait « au Hamas à Gaza », quatre jours après un tir depuis le Yémen d’un missile sur Tel-Aviv, dont l’État hébreu tient Téhéran pour responsable.
« J’avertis (...) les dirigeants iraniens qui financent, arment et exploitent l’organisation terroriste des Houthis : le système de (vos) mandataires est terminé et l’axe du mal s’est effondré », a déclaré le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, dans un communiqué.
« Vous êtes directement responsables. Ce que nous avons fait au (mouvement islamiste libanais) Hezbollah à Beyrouth, au (mouvement islamiste palestinien) Hamas à Gaza, (au dirigeant syrien Bachar el-)Assad à Damas, nous vous le ferons aussi à Téhéran », a-t-il ajouté.
Quatre jours plus tôt, un missile tiré par les Houthis, alliés de la République islamique, a déjoué les systèmes de défense israéliens et touché le périmètre de l’aéroport international Ben-Gourion de Tel-Aviv — du jamais vu.
L’attaque, qui a fait quelques blessés et peu de dégâts matériels, a entraîné une brève fermeture de l’aéroport. Depuis, la plupart des compagnies étrangères desservant Tel-Aviv ont suspendu leurs vols.
« Israël doit être capable de se défendre par ses propres moyens contre toute menace et tout ennemi. Cela a été vrai face à de nombreux défis dans le passé et cela le sera également à l’avenir », a déclaré M. Katz.
Nucléaire iranien
Selon lui, Israël « ne permettra à aucune entité de (lui) nuire » : « quiconque nous attaquera sera durement frappé ».
Ces menaces surviennent aussi alors que les États-Unis de Donald Trump et l’Iran ont engagé un dialogue direct sur la question nucléaire iranienne, vu d’un très mauvais œil par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui a fait de la menace iranienne son fond de commerce depuis une vingtaine d’années.
Israël s’inquiète des progrès du programme nucléaire iranien depuis que M. Trump a sorti les États-Unis en 2018 de l’accord international qui était censé le brider.
Ses dirigeants répètent régulièrement qu’ils ne permettront pas à la République islamique, en qui ils voient une menace existentielle, de se doter de l’arme atomique.
Les tensions entre Israël et l’Iran ont atteint un point d’ébullition en 2024, quand Téhéran a attaqué deux fois directement l’État hébreu en le visant avec plusieurs centaines de missiles ou drones.
L’Iran a argué que ces attaques, largement contrées par Israël avec l’aide de pays arabes et occidentaux, étaient une riposte légitime à une frappe sur son consulat à Damas imputée à Israël et à l’assassinat revendiqué par ce dernier, à Téhéran, du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et à l’élimination de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah — autre mouvement allié de l’Iran — dans une frappe israélienne à Beyrouth.
« Changer le Moyen-Orient »
Les menaces de M. Katz surviennent également deux jours après l’annonce par Oman d’un accord de cessez-le-feu entre les Houthis et Washington, auquel Israël n’a pas encore réagi officiellement.
Depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, ont revendiqué des dizaines d’attaques de missiles et de drones sur Israël.
Ils ont aussi attaqué des navires qu’ils estiment liés à Israël au large du Yémen, notamment en mer Rouge, par où transite environ 12 % du commerce mondial, avant d’élargir leur campagne en ciblant des navires liés aux États-Unis et au Royaume-Uni en riposte aux bombardements lancés depuis janvier 2024 par ces deux pays au Yémen.
Les Houthis ont fait savoir que le cessez-le-feu avec Washington ne concernait pas Israël et qu’ils continueraient de tirer des missiles sur ce pays tant que continue la guerre à Gaza, où l’armée israélienne s’apprête à lancer une nouvelle offensive d’envergure.
Depuis l’attaque du 7 octobre, Israël se sent plus que jamais menacé de toutes parts et M. Netanyahou répète que le pays se bat pour sa survie.
Dès le 9 octobre 2023, le chef du gouvernement avait annoncé que la riposte israélienne ne se limiterait pas à la bande de Gaza, mais qu’il s’agissait rien moins que de « changer le Moyen-Orient » pour garantir la sécurité de son pays.
AFP
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