
Le musée Sursock inaugure ce 9 mai à 18h Remembering the Light, une exposition majeure de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Présentée jusqu’au 4 septembre, elle invite à sonder la matière, la mémoire et la lumière dans les profondeurs visibles et invisibles du réel.
Le musée Sursock présente Remembering the Light, une exposition individuelle majeure de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Réunissant des œuvres produites principalement depuis 2016, l’exposition mêle installations, photographies, vidéos, films et sculptures. Elle explore le vertige de l’archéologie, les constructions de l’imaginaire, la fragilité et la persistance des êtres et des choses. Dans des moments d’extrême tourmente, les artistes invoquent la poésie tout en tournant leur regard vers ce qui se trouve sous nos pieds, sondant l’émergence de mondes souterrains et invisibles. Ces œuvres offrent des perspectives humaines et non humaines sur la matérialité, la mémoire, les villes, les histoires et les récits cachés, dévoilant ce qui a été enterré, oublié ou dissimulé dans une traversée vertigineuse à travers le palimpseste du temps.
Remembering the Light tire son nom d’une installation vidéo créée en 2016, dans laquelle les artistes expérimentent avec le spectre lumineux sous-marin et la luminescence surgie des profondeurs. De manière similaire, tout au long de l’exposition, Hadjithomas et Joreige convoquent l’imaginaire poétique dans un dialogue constant avec le présent. Le processus de création se nourrit d’une série de collaborations avec des géologues, archéologues, poètes, plongeurs et scientifiques, esquissant de nouvelles façons de penser les formes, les matières, la réparation.
L’exposition réunit plusieurs œuvres de la série en cours J’ai regardé si fixement la beauté, inspirée par des poètes comme Constantin Cavafy, Etel Adnan et Georges Seferis, où la poésie devient une manière d’affronter le chaos du monde. D’autres projets marquants de la décennie précédente, comme Discordances/Unconformities (lauréat du Prix Marcel Duchamp 2017), explorent les couches archéologiques et géologiques de villes telles que Beyrouth, Tripoli et Athènes. Avec Museum Melancholy, les artistes interrogent les effets des catastrophes sur l’art: comment elles transforment les objets, les paysages, les corps, et nos manières de voir et de montrer, en période de rupture.
Les œuvres de Hadjithomas et Joreige s’inscrivent dans une temporalité non linéaire mais rhizomique, plongeant dans le «temps profond» de la géologie pour mieux revenir aux vestiges des villes, à un camp de réfugiés ou à des sites de construction, toujours ancrés dans les fractures et les réalités contemporaines. À travers Remembering the Light, le duo d’artistes questionne ici l’imaginaire et le fantastique: ce que signifie voir, se souvenir, faire image et raconter dans les paysages fracturés, sans jamais renoncer à la résistance ni à la possibilité de la régénération.
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont internationalement célébrés pour leur approche singulière autour de la fabrication de l’image, des récits et des pratiques à la croisée de la mémoire intime, de l’imaginaire collectif, du cinéma et de l’art. À travers les films, les installations, la photographie et la sculpture, ils construisent depuis plus de deux décennies une œuvre engagée, qui révèle les contours d’histoires tenues secrètes et interroge la fabrication de l’Histoire et des représentations. Avec une pratique profondément ancrée au Liban, mais qui résonne bien au-delà de ses frontières, cette exposition marque leur deuxième grande présentation individuelle à Beyrouth, après une exposition en 2012.
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