Trump demande à Chareh de normaliser les liens avec Israël après la levée des sanctions sur Damas
Une photo fournie par le palais royal saoudien montre le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman (R) saluant le président intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, sous le regard du président américain Donald Trump, à Riyad, le 14 mai 2025. ©Bandar AL-JALOUD / Saudi Royal Palace / AFP

Donald Trump a rencontré mercredi à Riyad le président syrien islamiste Ahmad al-Chareh, à qui il a demandé de normaliser la relation avec Israël, après avoir annoncé une spectaculaire levée des sanctions contre Damas.

L'entrevue, annoncée au départ comme brève et informelle par Washington, a duré près d'une trentaine de minutes, en présence du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'est joint virtuellement à la conversation.

Le président américain a appelé le nouveau chef de l'État syrien, arrivé au pouvoir en décembre à la tête d'une coalition de forces islamistes qui ont renversé Bachar el-Assad, à rejoindre les accords d'Abraham, par lesquels plusieurs pays arabes ont reconnu Israël en 2020, d'après un compte-rendu publié par la Maison-Blanche.

Il lui également demandé d'expulser «les terroristes palestiniens», et de prendre «la responsabilité» des prisons détenant des membres du groupe État islamique en Syrie, selon la même source.

Donald Trump avait annoncé mardi qu'il allait «ordonner l'arrêt des sanctions contre la Syrie», qui pèsent lourdement sur son économie, en affirmant que ce geste fort allait lui «donner une chance de grandeur», en allusion à son fameux slogan «Rendre sa grandeur à l'Amérique».

Cette décision était réclamée plus particulièrement par l'Arabie saoudite et la Turquie.

La Syrie fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979, mais elles ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar el-Assad de manifestations pro-démocratie en 2011.

«Bonne chance»

«Cela leur donne une chance de s'épanouir. Les sanctions étaient vraiment paralysantes», a répété mercredi le président américain lors d'une rencontre à Riyad avec les dirigeants et représentants des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). C'est-à-dire l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et Oman, six États en pleine transformation économique et dont le poids diplomatique déborde largement désormais la seule région du Golfe.

«Nous étions convaincus que cela leur donnerait une chance. Ce ne sera pas facile de toute façon, alors cela leur donne une bonne et forte chance, et j'ai eu l'honneur de le faire.», a-t-il affirmé.

La diplomatie syrienne s'était réjouie mardi de ce «tournant décisif», après que l'Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont déjà assoupli leurs propres régimes de sanctions.

M. Chareh avait aussi été reçu avec les honneurs à l'Élysée par le président français Emmanuel Macron qui l'avait exhorté le 7 mai à protéger «tous les Syriens sans exception» face aux violences et exactions entre diverses communautés syriennes.

La levée des sanctions signifie que «Washington a accepté les garanties de l'Arabie saoudite pour légitimer la nouvelle administration syrienne», a affirmé Rabha Seif Allam, du Centre d'études politiques et stratégiques d'al-Ahram au Caire.

Elle permettra à Damas de «recevoir les financements nécessaires pour relancer l'économie, imposer l'autorité de l'État central et lancer des projets de construction avec le soutien clair du Golfe», a-t-elle ajouté.

La nouvelle a été accueillie par des célébrations en Syrie, où des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants se sont rassemblés mardi soir sur la place des Omeyyades à Damas.

La rencontre Trump-Chareh a eu lieu malgré les réticences d'Israël, allié indéfectible des États-Unis.

Après l'Arabie saoudite, le président des États-Unis se rend mercredi au Qatar voisin, puis jeudi dans les Émirats arabes unis.

Il avait livré mardi une louange appuyée des gouvernements de la région, en critiquant les stratégies diplomatiques occidentales «interventionnistes».

Iran et Gaza

Donald Trump vient d'abord dans la région pour signer de gros accords économiques.

En Arabie saoudite, la Maison-Blanche a clamé avoir glané pour 600 milliards de dollars d'investissements.

Riyad a déployé tous ses fastes pour Donald Trump, et Doha, où il se rendra plus tard mercredi, devrait faire de même.

Mais les échanges de l'ancien promoteur immobilier avec les dirigeants qataris auront pour arrière-plan un scandale politique qui couve à Washington.

L'opposition démocrate aux États-Unis reproche au milliardaire d'avoir accepté «le plus gros pot-de-vin étranger de l'histoire récente».

En cause: un Boeing 747-8 offert à Donald Trump par la famille royale qatarie pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l'utiliser après son mandat.

Le président a répliqué que l'avion était un «cadeau temporaire».

Par Rania SANJAR avec Aurélia END / AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire