Commande record de 96 milliards de dollars du Qatar à Boeing, un signal fort pour l'avionneur
Un vol de Qatar Airways atterrit à l’aéroport international de Damas le 7 janvier 2025. ©Louai Beshara / AFP

La compagnie aérienne Qatar Airways a passé commande de 210 avions pour une valeur estimée à 96 milliards de dollars auprès de Boeing, a annoncé mercredi la Maison Blanche, lors de la visite du président américain Donald Trump dans l'émirat.

Cette commande marque un signal fort pour Boeing, qui sort progressivement de plusieurs années difficiles, même si l’avionneur continue de rencontrer des défis pour accélérer la production et les livraisons.

Le titre de Boeing a gagné 0,62 % lors de la séance de mercredi à la Bourse de New York, atteignant brièvement son plus haut niveau depuis 15 mois.

Bien que Boeing et ses clients divulguent rarement les prix des appareils achetés, cette commande représente vraisemblablement la plus grosse commande jamais enregistrée par l’entreprise en termes de valeur. La commande la plus conséquente en nombre avait été passée en 2023 par Air India, avec 220 avions, mais elle concernait principalement des monocouloirs 737 MAX, tandis que le contrat avec Qatar Airways porte exclusivement sur des gros porteurs 787 Dreamliner et 777X.

«C’est la plus importante commande d’avion dans l’histoire de Boeing», a déclaré Donald Trump, précisant qu'elle représentait «plus de 200 milliards de dollars pour 160 avions, c’est fantastique, c’est un record ».

L'écart entre le chiffre communiqué par le président américain et la Maison Blanche s'explique par la distinction entre les commandes fermes (160 avions) et les options (50). Qatar Airways a confirmé un engagement définitif pour 130 Dreamliner et 30 777-9, de la famille des 777X.

Le prix catalogue d’un 787 Dreamliner est d’environ 250 millions de dollars, tandis que celui d’un 777X avoisine les 440 millions, ce qui signifie que le total réel de la commande sera inférieur aux chiffres communiqués, l'organisation des options n’ayant pas été précisée.

Boeing a refusé de commenter l’annonce dans l’immédiat, tout comme Qatar Airways, qui n’a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Le 777X n’a pas encore reçu la certification de la FAA (Agence fédérale de l’aviation américaine) et est actuellement en phase de tests. La première livraison est prévue pour 2026.

«Cela représente beaucoup d’avions», a réagi Nicolas Owens, analyste de Morningstar, «mais si vous commandez un avion aujourd’hui, vous ne le recevrez pas avant au moins cinq ans.»

Le carnet de commandes de Boeing comptait 6 282 appareils à la fin avril.

 

Un signe de confiance pour Boeing

Après plusieurs années de problèmes de qualité, Boeing a été contraint de ralentir la production du 737 MAX au début de 2024 à la suite d’un incident en vol en janvier. Ce ralentissement a conduit au départ de son directeur général Dave Calhoun, remplacé par Kelly Ortberg, un vétéran du secteur.

Boeing a également souffert d’une grève de plus de cinquante jours qui a paralysé deux de ses usines essentielles entre mi-septembre et début novembre 2024.

«C’est une bonne nouvelle, mais Boeing ne va rien gagner sur ces avions avant longtemps», a insisté Nicolas Owens. Pour lui, l’inclusion du 777X dans cette commande est «un signe de confiance émanant d'un client de longue date».

En 2024, le groupe a enregistré 261 commandes nettes sur les quatre premiers mois de l’année. «Ils avaient besoin de se reprendre en main et il semble qu’Ortberg y parvienne», selon l’analyste.

La commande de Qatar Airways intervient juste après la reprise des livraisons d’avions Boeing aux clients chinois, autorisée par les autorités chinoises après une suspension liée aux droits de douane imposés par Donald Trump aux produits chinois.

Cette annonce a été faite alors que le président américain signait plusieurs accords à Doha, en compagnie de l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. Parmi ces accords figuraient des contrats de défense, notamment la fourniture de drones MQ-9B.

Lors de sa visite à Riyad, Donald Trump a créé la surprise en annonçant la levée des sanctions contre la Syrie et en rencontrant son président, Ahmad al-Chareh.

Le passage de Donald Trump à Doha a également été marqué par un accueil fastueux de l’émir du Qatar, mais il s'inscrit dans un contexte politique tendu. L’opposition démocrate reproche au milliardaire d’avoir accepté ce qui est considéré comme «le plus gros pot-de-vin étranger de l’histoire récente». En cause, un Boeing 747-8 offert par la famille royale qatarie, destiné à remplacer l'avion officiel de Donald Trump et à être utilisé après son mandat.

AFP

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