Cannes: Le réalisateur Fatih Akin craint la prison en Turquie
Fatih Akin, réalisateur et scénariste allemand, pose lors d’un photocall pour le film Amrum à la 78e édition du Festival de Cannes, le 16 mai 2025. ©Bertrand GUAY / AFP

Le réalisateur germano-turc Fatih Akin refuse de retourner en Turquie, craignant d’être arrêté comme son agente Ayse Barim. Celle-ci est poursuivie pour ses liens présumés avec les manifestations de Gezi et le mécène Osman Kavala.

Le réalisateur turco-allemand Fatih Akin, qui présente son dernier film Amrum hors compétition à Cannes, a dit craindre de finir en prison s’il retourne en Turquie, comme son agente, arrêtée fin janvier pour «tentative de renversement du gouvernement turc».

Fatih Akin, réalisateur acclamé pour ses films Head-On, In the Fade et récompensé du prix du meilleur scénario à Cannes en 2007 pour De l'autre côté, a apporté son soutien à son agente Ayse Barim. Elle est «totalement apolitique et innocente», a-t-il déclaré à l’AFP vendredi soir.

Ayse Barim est visée par une enquête sur les manifestations antigouvernementales du parc de Gezi, en 2013, qui avaient ébranlé le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.

Elle risque jusqu’à 30 ans de prison. «Si on la met en prison mais que se passe-t-il?» a demandé Akin. «Je ferais mieux de ne pas y aller (en Turquie, NDLR). Je ne veux pas prendre le risque», a-t-il complété.

Ayse Barim nie avoir participé à l’organisation des manifestations de Gezi, affirmant s’y être rendue pour accompagner ses clients, certaines des stars les plus connues de Turquie.

Elle a, entre autres, travaillé avec les acteurs de la célèbre série turque Le Siècle Magnifique, librement adaptée de la vie du sultan ottoman Soliman le Magnifique au XVIe siècle et diffusée sur quatre saisons dans plus de quarante pays.

«Officiellement, il n’y a pas de mandat contre moi», a reconnu Fatih Akin, né à Hambourg. «Mais pour être honnête, je ne sais pas», a-t-il ajouté, estimant que la Turquie était dirigée par «des mafieux».

Akin, dont la famille vient de la région de la mer Noire, comme celle d’Erdogan, a rappelé que l’enquête visant Barim s’appuyait sur le fait qu’«elle avait parlé 39 fois» avec le mécène philanthrope Osman Kavala, condamné à la réclusion à perpétuité en 2022 pour avoir tenté de renverser le gouvernement.

Or elle a échangé avec ce dernier «à cause de mon film The Cut (qui traite du génocide des Arméniens à l’époque ottomane, NDLR) parce que Kavala a financé une partie de celui-ci et qu’elle me gère. Donc, ils ont parlé à cause de moi et tous les deux sont maintenant en prison. Je suis le lien», a souligné Fatih Akin.

Récemment, une nouvelle vague de manifestations provoquée par l’arrestation le 19 mars du maire d’Istanbul et principal opposant d’Erdogan, Ekrem Imamoglu, a conduit à l’arrestation de 2.000 personnes.

Ce mouvement n’a cependant pas atteint l’ampleur de celui de Gezi en 2013.

Avec AFP

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