La France en ordre de bataille face aux Frères musulmans?
Le président français, Emmanuel Macron, arrive au palais de l'Élysée à Paris, le 21 mai 2025. ©Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP

Un Conseil de défense s’est tenu mercredi à l’Élysée autour du président Emmanuel Macron au lendemain de la remise d’un rapport sur les Frères musulmans et l’islam politique en France. Le chef de l’État français a notamment demandé au gouvernement de formuler de «nouvelles propositions» au vu de la «gravité des faits» établis dans ce rapport.

En France, la semaine est marquée par le rapport, établi par deux hauts fonctionnaires, sur les Frères musulmans et l’islam politique dans le pays. Faisant état d'une «menace pour la cohésion nationale» liée au développement d'un islamisme «par le bas» porté par les Frères musulmans, ce rapport de plus de 70 pages a donné lieu le lendemain, mercredi, à l’organisation d’un Conseil de défense à l’Élysée autour du président français, Emmanuel Macron.

« Étaient présents le Premier ministre, François Bayrou, et les ministres concernés, de l'Intérieur à ceux en charge des Affaires étrangères, des Finances, ainsi que de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et des Sports ». l’Élysée précise que ces «trois secteurs étaient particulièrement visés par cet entrisme par le bas».

Le chef de l’État français a notamment demandé au gouvernement de formuler de «nouvelles propositions» au vu de la «gravité des faits» établis dans le rapport. «Compte tenu de l’importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions qui seront examinées lors d’un prochain Conseil de défense au début du mois de juin», a indiqué l’Élysée.

Le ministre français de l’Intérieur et président fraîchement élu du parti Les Républicains (droite), Bruno Retailleau, a, de son côté, promis mercredi «une meilleure organisation» de l'État face à l'islamisme, avec «un vrai chef de file en matière de renseignement» et un parquet administratif pouvant diligenter des dissolutions.

«Il faut bien entendu prendre ce problème à bras le corps», a affirmé le ministre lors des questions au gouvernement au Sénat. «Ce rapport est alarmant» et il «indique qu'il y a deux menaces» contre «les régimes républicains de nos institutions» et «la cohésion nationale», a-t-il encore affirmé. Ce dernier a aussi évoqué «une stratégie de sensibilisation du grand public» tout en estimant qu'«il faudra former les fonctionnaires» et «les élus locaux».

Ce rapport, dont la version déclassifiée avait été dévoilée dans les colonnes du Figaro mardi, ainsi que le Conseil de défense organisé dans la foulée, ont suscité une avalanche de réactions en France, qui continuaient encore d’affluer ce jeudi.

Réactions de toutes parts

Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, s'est, de son côté, inquiété jeudi d'une «stigmatisation» des musulmans au nom de la lutte contre l'islamisme, tout en appelant les pouvoirs publics à la «cohérence». La Grande mosquée «a toujours défendu une vision de l’islam compatible avec la lettre et l’esprit des principes de la République», et «toujours refusé que l'islam soit dévoyé à des fins politiques visant à fracturer la communauté nationale», affirme le recteur dans un communiqué.

Mais «elle refuse aussi que la lutte légitime contre l'islamisme ne devienne un prétexte pour stigmatiser les musulmans et servir des agendas politiques particuliers», ajoute le texte, en déplorant «la construction d'un problème musulman et l'élaboration insidieuse d'un discours discriminatoire de plus en plus décomplexé».

Le chef de file de la France insoumise (LFI, extrême gauche), Jean-Luc Mélenchon, avait indiqué mercredi dans un post sur X que «cette fois-ci, l'islamophobie franchit un seuil». Selon lui, «un Conseil de défense autour du président» français «accrédite les thèses délirantes de Retailleau et de Le Pen. Ça suffit! Vous allez détruire notre pays.»

Les réactions ont également émané de l’autre bout de l’échiquier politique. «Que de temps perdu», avait dénoncé, de son côté, mercredi sur X, Marine Le Pen, la présidente du groupe Rassemblement national (RN, extrême-droite) à l’Assemblée nationale.

Marine Le Pen a de nouveau réagi jeudi matin sur France 2, estimant que les mesures proposées par Bruno Retailleau sont «une blague qui ne fait pas rire». Elle ajoute qu’il n’y a qu'«une loi générale qui vise à combattre l'ensemble des moyens qui sont mis en œuvre par le fondamentalisme islamiste pour pouvoir réussir à le faire reculer».

L’ancien Premier ministre et actuel président du groupe Ensemble pour la République (bloc présidentiel), Gabriel Attal, avait, de son côté, indiqué mercredi que le rapport sur les Frères musulmans remis au gouvernement est «une forme de claque pour tous ceux qui défendent la République, ses principes et ses valeurs. Il montre une offensive organisée, coordonnée pour défier nos valeurs et nos règles républicaines et imposer une idéologie qui n’est pas celle de la République française.»

Avant même la publication officielle du rapport, le parti Renaissance a exprimé mardi le souhait d’interdire le port du voile dans l’espace public pour les mineures de moins de quinze ans – une prise de position qui, elle aussi, a suscité de vives réactions.

Avec AFP

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