Quels sont les douze camps palestiniens au Liban?
Un homme est assis sur une chaise, près d'une peinture murale représentant l'ancien président palestinien Yasser Arafat, dans une ruelle du camp de réfugiés palestiniens de Bourj el Barajné, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 20 mai 2025. ©Joseph EID/AFP

Le désarmement des camps de réfugiés palestiniens au Liban va commencer à la mi-juin, sur la base d'un accord avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, en visite officielle au Liban, a annoncé vendredi à l'AFP un responsable gouvernemental libanais.

Suite à la création d’Israël et à la Nakba, en 1948, de nombreux réfugiés palestiniens se sont installés au Liban. Le Liban compte officiellement 12 camps de réfugiés palestiniens reconnus par l’Unrwa (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), répartis sur tout le territoire.

Les chiffres du nombre d’habitants des camps varient en raison de l'absence de recensements officiels récents et des mouvements de population, notamment l'arrivée de réfugiés syriens et palestiniens de Syrie depuis 2011, mais également la guerre avec Israël qui a provoqué des mouvements de population. Selon l'Unrwa, environ 45% des réfugiés palestiniens au Liban vivent dans ces 12 camps officiels. Le Liban abrite également plus de 40 regroupements informels de réfugiés palestiniens, non reconnus officiellement, où vivent de nombreux réfugiés dans des conditions souvent précaires. Les plus riches des réfugiés palestiniens habitent pour leur part au sein des villes libanaises.

En février 2025, le bureau de l'Unrwa au Liban recensait 222.000 Palestiniens résidant au Liban, dont 195.000 libanais et 27.000 syriens. L'agence estime actuellement qu'environ 248.000 réfugiés palestiniens et leurs familles bénéficient des services de l'Unrwa au Liban.

 

Beyrouth

  • Bourj el-Barajneh: le camp de Bourj el-Barajneh a été créé en 1948 par la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge et est situé dans la banlieue sud de Beyrouth, à quatre kilomètres du centre-ville. La population initiale du camp était d'environ 3.500 personnes. Il a été partiellement détruit lors de l'invasion israélienne de 1982 et de la guerre civile libanaise. Fin 2023, 20.676 personnes étaient enregistrées à l'Unrwa dans ce camp, constitué à moitié de Palestiniens et à moitié de Syriens. Il y aurait 18.351 habitants selon le recensement officiel de la population et de l'habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017.
  • Sabra-Chatila: le camp de Chatila a été établi en 1949 et est situé à Beyrouth, à l'est du stade de la Cité sportive, dans la municipalité de Ghobeiri. Le camp a été dévasté lors de l'invasion israélienne du Liban en 1982 et a été fréquemment pris pour cible pendant la guerre civile libanaise. Fin 2023, 11.611 personnes étaient enregistrées à l'Unrwa , dont environ deux tiers de Syriens. De son côté, le recensement officiel de la population et de l'habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017 estime à 14.010 personnes le nombre d’habitants dans le camp.
  • Mar Elias: le camp de Mar Elias est situé au sud de Beyrouth, à l'ouest de l'Unrwa . Il a été fondé en 1952 par la Congrégation de Saint-Élie pour accueillir les réfugiés palestiniens arrivés de Galilée. 1.767 personnes habitent dans le camp, selon le recensement officiel de la population et de l'habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017, principalement des Palestiniens et des Syriens. Fin 2023, 746 personnes étaient enregistrées à l'Unrwa .
  • Dbayyé: le camp de Dbayyé, situé à 12 km au nord de Beyrouth, a été établi en 1956 sur une colline surplombant l'autoroute Beyrouth-Tripoli. Fin 2023, 4.636 personnes étaient enregistrées à l'Unrwa, contre 1.772 habitants selon le recensement officiel de la population et de l'habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017.

 

Le Nord

  • Nahr el-Bared: Nahr el-Bared a été créé à l'origine par la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge, en 1949, pour accueillir les réfugiés palestiniens de Haute Galilée et de la côte nord de la Palestine. Il est situé directement sur une colline au bord de la Méditerranée, à environ 16 kilomètres de Tripoli, près de la route côtière, dans le nord du Liban. Fin 2023, 48.421 personnes étaient enregistrées à l'Unrwa . Au contraire, le recensement officiel de la population et de l’habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017, estime la population à 9.470 habitants, très majoritairement palestiniens.
  • Beddaoui : le camp de Beddaoui a été établi en 1955 et est situé sur une colline, à environ 5 km au nord-est de Tripoli. Au cours des cinq premières décennies, il a attiré un grand nombre de réfugiés palestiniens déplacés depuis des camps tels que Nabatiyé et Tal el-Zaatar, détruits respectivement en 1974 et 1976. Fin 2023, 22.817 personnes étaient enregistrées à l'Unrwa, contre 17.995 selon le recensement officiel de la population et de l’habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017, dont une majorité de Palestiniens, mais également des Syriens.

 

Saïda

  • Aïn el-Heloué: le camp d'Aïn el-Héloué est situé au sud de Saïda, dans le sud du Liban. Il s'agit du plus grand camp de réfugiés palestiniens du pays. Les habitants du camp sont arrivés en 1948, principalement des villes côtières palestiniennes. Le camp accueille également un grand nombre de réfugiés palestiniens déplacés d'autres régions du Liban, notamment de Tripoli, arrivés à AÏn el-Héloué pendant la guerre civile libanaise et au lendemain du conflit de Nahr el-Bared, en 2007. Fin 2023, 64.143 personnes étaient enregistrées à l'Unrwa, contre 21.209 habitants (majoritairement palestiniens) selon le recensement officiel de la population et de l’habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017.

 

  • Miyé w Miyé: le camp de réfugiés de Miyé w Miyé est situé au sud de la ville de Saïda. Créé en 1954, il s'étend sur une superficie de 63.000 m². Il a survécu à une série d'événements majeurs en 1982, lorsque l'invasion israélienne a détruit de nombreux abris. Ceux-ci n'ont pas été reconstruits et des abris alternatifs ont été construits le long de la limite sud du camp. Cette section, connue sous le nom de secteur de Wadi, ne fait pas officiellement partie du camp. Le camp a subi de nouveaux dommages en juillet 1991 à la suite d’affrontements entre des groupes militants palestiniens et l'armée libanaise. Fin 2023, 6.196 personnes étaient enregistrées à l'Unrwa, contre 2.359 habitants selon le recensement officiel de la population et de l’habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017.

Tyr

  • Rachidiyé: le camp de Rachidiyé est situé sur la côte, à 5 km au sud de la ville de Tyr. Rachidiyé a été durement touché pendant la guerre civile libanaise, notamment entre 1982 et 1987. Plus de 600 abris ont été totalement ou partiellement détruits et plus de 5.000 réfugiés palestiniens ont été déplacés. Le camp de Rachidiyé est divisé en deux parties: l’ancienne et la nouvelle. La partie la plus ancienne a été construite par le gouvernement français, en 1936, pour accueillir la population arménienne. Le «nouveau camp» a été construit par l’Unrwa en 1963 pour accueillir les Palestiniens. Fin 2023, 36.595 personnes étaient enregistrées à l’Unrwa, contre 9.656 habitants selon le recensement officiel de la population et de l’habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017.

 

  • Al-Bass: le camp d'Al-Bass est situé à 1,5 km au sud de Tyr, au Liban, à proximité des principales ruines romaines de la ville. Le gouvernement français a initialement construit ce camp en 1939 pour les réfugiés arméniens. Ces derniers ont ensuite été déplacés vers la région d'Anjar dans les années 1950, et des Palestiniens de la région d'Acre, en Galilée, y ont été accueillis. Fin 2023, 13.081 personnes étaient enregistrées à l’UNRWA, contre 5.234 habitants selon le recensement officiel de la population et de l’habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017.

 

  • Bourj el-Chemali: le camp de Bourj el-Chemali est situé à 3 km de la ville de Tyr, au sud du Liban. Il a été créé en 1948 pour offrir un abri sous tente aux réfugiés arrivant de Hawla, Tibériade, Saffouriyé et Loubié. Il accueille également des réfugiés palestiniens déplacés d'autres régions du Liban. Il a été gravement endommagé lors de l'invasion israélienne de 1982. Fin 2023, 26.569 personnes étaient enregistrées à l’Unrwa, contre 10.218 habitants selon le recensement officiel de la population et de l’habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017.

 

Baalbek

  • Al-Jalil: le camp de réfugiés d'Al-Jalil était à l'origine une caserne de l'armée sous le mandat français, située à 90 km à l'est de Beyrouth, dans la vallée de la Békaa, près de Baalbeck. Il a abrité des réfugiés palestiniens à partir de 1948. En 1952, l’Unrwa  a pris en charge la fourniture de services dans le camp. De nombreux réfugiés vivent encore dans les casernes d'origine, dépourvues de lumière naturelle et d'une ventilation adéquate. Fin 2023, 9.993 personnes étaient enregistrées à l’Unrwa, contre 2.165 habitants selon le recensement officiel de la population et de l’habitat des camps et rassemblements palestiniens au Liban de juillet 2017.

 

Au Liban, les réfugiés palestiniens n'ont pas la citoyenneté et sont soumis à des restrictions légales strictes. Ils sont exclus de nombreux emplois, ne peuvent pas posséder de biens immobiliers et ont un accès limité aux services publics. Cette situation juridique contribue à leur marginalisation et à leur précarité économique.

Certains camps, comme Aïn el-Héloué, sont devenus des zones de «non-droit» où l'autorité de l'État libanais est limitée. Ces camps abritent diverses factions palestiniennes, parfois en conflit, ce qui engendre des tensions et des affrontements sporadiques. La présence de groupes armés et l'absence de contrôle étatique posent des défis sécuritaires majeurs pour le Liban.

En vertu d'un accord tacite, la sécurité dans les camps de réfugiés est assurée par des factions palestiniennes relevant du Fatah de Mahmoud Abbas, mais également de son rival le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens. Cependant, le nouveau gouvernement libanais cherche à étendre son autorité sur l'ensemble du territoire, notamment dans les camps palestiniens. 

Le président libanais, Joseph Aoun, et son homologue palestinien ont assuré, lors d'un entretien, mercredi, qu'il n'y aurait plus au Liban d'armes échappant au contrôle de l'État. 

 

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