Chantal Goya: cinquante ans de rêve pour les enfants
La chanteuse française Chantal Goya pose lors d’une séance photo à Paris le 23 mai 2025. ©Joël SAGET / AFP

Chantal Goya célèbre ses cinquante ans de scène dédiés au music-hall pour enfants. À 82 ans, elle entame une tournée des Zéniths pleine de souvenirs, d’émotions et de reconnaissance.

Marchande de rêves des petits devenus grands sur trois générations, Chantal Goya, éternelle Marie-Rose et cousine de Bécassine, fête à 82 ans ses cinquante ans de music-hall pour enfants avec une grande tournée des Zénith, jusqu'en mars.

La chanteuse se produira dimanche deux fois à guichets fermés, devant 7 000 fans au total, au Palais des Congrès de Paris, sa scène fétiche où elle a donné plus de 450 concerts.

Vous chantez depuis 1975 pour trois générations d'enfants. Quel regard portez-vous sur votre parcours?
Tout est allé très vite et je n'arrive pas à réaliser. J'ai eu beaucoup de chance. Avec Jean-Jacques (Debout, son époux, NDLR), on a créé le music-hall pour enfants. Il a eu l’imaginaire que je n’ai pas. Sans lui, le personnage de Marie-Rose n’aurait jamais existé. Si je n'avais pas rencontré Jean-Jacques, je n'aurais jamais fait ce métier.

Comment êtes-vous devenue chanteuse?
Le 10 mai 1975, Jean-Jacques Debout m’a demandé au pied levé de remplacer Brigitte Bardot, malade, qui devait participer à une émission de Maritie et Gilbert Carpentier. Il m’a écrit la chanson Adieu les jolis foulards. Après l’émission, personne n’en voulait pour en faire un disque et finalement, ça s’est fait. On en a vendu un million ! Brigitte Bardot m’a toujours porté chance. Elle m’a donné beaucoup de conseils. Un jour, (la chanteuse) Barbara m’a dit: «Des gens vont se moquer de toi, mais il va falloir que tu t’accroches. Tu vois, tous les petits qui sont là, ils seront un jour papa et maman, ils reviendront avec leurs enfants et tu deviendras une institution». Je ne suis pas à la mode dans les médias, mais la plus belle radio, c’est radio papa-maman.

Vous ne regrettez pas de ne pas avoir fait carrière au cinéma?
À l’époque, je voulais être reporter de guerre et pas du tout artiste! Jean-Luc Godard me voulait pour Masculin Féminin. Ça ne s’est pas très bien passé car je lui ai dit que je n’embrasse personne et que je ne joue pas nue. J’ai quand même fait le film jusqu’au bout, à mes conditions. Il m’a dit: «Vous ne serez jamais une vedette!». Je lui ai répondu: «Je m’en fous. J’ai une Vedette à la maison, ma machine à laver!»

Vous êtes souvent décriée voire moquée. Comment le vivez-vous?
Je m’en fous complètement! Je suis une toile cirée sur qui tout glisse! C’est ma force. J’ai un très fort caractère, comme l’avait ma mère. Donc je me défendrai toute ma vie!

Connaissez-vous le trac?
Pas du tout, au contraire. Chaque spectacle est une fête et je suis très contente. Vous savez, le public, c’est ma famille. Quand je vais voir quelqu’un de ma famille, je suis la plus heureuse. Pour cette tournée anniversaire, je suis émue. Mais je m’interdis de pleurer, sinon tout le monde va pleurer.

À quoi va ressembler votre jubilé sur scène à Paris et en tournée?
Je serai accompagnée de douze danseuses et dix enfants. Ce sera un mélange de mes grands spectacles, Le soulier qui vole, La planète merveilleuse, Le mystérieux voyage et L’étrange histoire du château hanté. Jean-Jacques m’a écrit deux nouvelles chansons, 50 ans d’amour et Ainsi, qui racontent ma vie en trois minutes.

Qu’allez-vous dire à votre public?
Je ne saurai comment le remercier de m’avoir un jour choisie pour donner du rêve, en le transmettant à leurs enfants et petits-enfants. Le spectacle est aussi dans la salle: les enfants viennent déguisés en lapin, en chat botté ou en Bécassine et je les invite sur scène. C’est merveilleux!

Vous fêterez vos 83 ans le 10 juin. Pensez-vous à la retraite?
Je ne connais que la retraite aux flambeaux! Je n’ai pas fini! J’ai tellement d’idées dans la tête. Depuis toujours, j’ai la niaque et j’ai la chance d’être en bonne santé. Mes danseuses de 25 ans me demandent comment je fais car j’ai l’âge de leur grand-mère. Je ne veux pas mourir sur scène pour ne pas faire pleurer les petits enfants.

Par Jean-François GUYOT / AFP

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