
Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés (Opep+) ont confirmé mercredi leur calendrier de production, laissant aux huit membres les plus audacieux le soin d'ouvrir davantage les vannes samedi malgré des cours en berne.
Le cours du baril entre 60 et 65 dollars n'a pas conduit à une révision des quotas de la part du cartel. Sans surprise, le groupe a décidé de «réaffirmer le niveau de production globale de pétrole brut» convenu jusqu'au 31 décembre 2026, a annoncé l'Opep dans son communiqué.
Les réductions collectives d'environ 2 millions de barils quotidiens, et celles additionnelles de certains pays membres de 1,65 million de barils par jour, sont donc maintenues.
La troisième enveloppe des «coupes volontaires supplémentaires» selon l'expression utilisée par l'organisation, consenties par huit pays, concentre quant à elle l'attention du marché pétrolier.
Dans un premier temps, Riyad, Moscou et les six autres membres ayant diminué leur production quotidienne de 2,2 millions de barils, ont décidé d'une réintroduction progressive.
Mais, début avril, ils ont annoncé une accélération du rythme, un revirement qui a provoqué un déclin des cours de l'or noir.
Nouveaux barils à venir
Ce groupe a augmenté les volumes de 411.000 barils par jour pour mai et juin, soit trois fois plus que ce qui était initialement prévu.
Il doit désormais dévoiler samedi ses plans pour juillet, avec à la clé une possible nouvelle hausse d'ampleur.
Officiellement, les huit pays justifient cette décision par des «fondamentaux de marché sains comme en témoignent les faibles réserves de pétrole» à travers le monde.
«Les fondamentaux de mai à août sont favorables» confirme Mukesh Sahdev, analyste de Rystad Energy, avec une croissance de la demande structurelle durant les mois d'été.
Mais cette explication est accueillie avec scepticisme par le marché au vu des inquiétudes sur la demande globale dans un contexte de guerre commerciale lancée par Donald Trump.
En ouvrant les vannes, l'Arabie saoudite, pays dont la voix compte le plus au sein de l'Opep+, mettrait en fait la pression sur les membres dépassant leurs quotas, en faisant par cette stratégie chuter les prix et donc fondre leurs profits.
Pas de débâcle en vue
C'est donc pour punir les tricheurs que Riyad serait prêt à réintroduire de nouveaux barils malgré un cours de l'or noir au plus bas depuis la sortie de la pandémie de Covid-19.
Le Kazakhstan, principal réfractaire, «continue de produire environ 350.000 barils par jour de plus que son quota», rappelle Arne Lohmann Rasmussen, chez Global Risk Management.
Au-delà de ces dissensions internes, «il est absolument impossible d'interpréter le changement de position de ces huit membres de l'Opep+ sans se référer aux pressions de Donald Trump» fin janvier, qui veut faire chuter les cours pour lutter contre l'inflation, selon Francis Perrin, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
La Russie, autre membre majeur du groupe, serait quant à elle favorable à des quotas moins restrictifs. En effet, en cas de levée des sanctions à la suite d’un accord avec l'Ukraine, «elle posséderait une capacité accrue de production», juge Jorge Leon, analyste à Rystad Energy, auprès de l'AFP.
Les observateurs ne prévoient pas pour autant une débâcle des cours car l'annonce prévue samedi «semble déjà largement intégrée», prédit Ole R. Hvalbye, analyste de SEB, qui s'attend à une réaction «modérée» des marchés.
Par ailleurs, l'organisation devrait «mandater le Secrétariat de l'Opep pour développer un mécanisme d'évaluation de la capacité de production maximale durable des pays participants, à utiliser comme référence pour les bases de production de 2027», précise l'Opep dans son communiqué.
Vers 16H00 GMT (17H00 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en juillet, prenait juste 2,33% à 65,36 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison le même mois, gagnait 1,98% à 62,31 dollars.
Avec AFP
Commentaires