
L'Iran a fermement rejeté les informations selon lesquelles il pourrait suspendre l’enrichissement d’uranium, qualifiant ces affirmations de «totalement fausses». Son ministère des Affaires étrangères a démenti mardi un rapport de Reuters faisant état d’un arrêt des activités d’enrichissement, le qualifiant de sans fondement.
Téhéran a également réaffirmé sa position, considérant l’enrichissement de l’uranium comme un «principe non négociable».
Cette mise au point souligne l’engagement continu de l’Iran envers son programme nucléaire, malgré les pressions internationales et les efforts diplomatiques en cours.
Une suspension temporaire de l’enrichissement est envisagée comme un moyen de surmonter une impasse née de lignes rouges opposées, après cinq séries de négociations entre le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l’envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, visant à résoudre un différend vieux de plusieurs décennies autour du programme nucléaire iranien.
Les responsables américains ont maintes fois déclaré que tout nouvel accord nucléaire – destiné à remplacer celui de 2015 entre l’Iran et six grandes puissances – devait inclure un engagement clair à abandonner l’enrichissement, considéré comme une voie potentielle vers l’acquisition de l’arme nucléaire.
La République islamique nie catégoriquement vouloir se doter de l’arme nucléaire, affirmant que son programme vise uniquement des usages civils, et a rejeté publiquement l’exigence américaine de renoncer à l’enrichissement, y voyant une atteinte à sa souveraineté nationale.
À Washington, un responsable américain a déclaré à Reuters que la proposition évoquée par des sources iraniennes n’avait, à ce jour, pas été présentée officiellement lors des négociations. Le département d’État américain et le ministère iranien des Affaires étrangères n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.
Des sources iraniennes avaient indiqué que Téhéran refusait de démanteler son programme ou ses infrastructures nucléaires, ou de sceller ses installations comme l’exigeait l’administration Trump.
Elles ont au contraire affirmé que Trump devait reconnaître publiquement le droit souverain de l’Iran à l’enrichissement, en tant que signataire du Traité de non-prolifération nucléaire, et autoriser la libération des recettes pétrolières iraniennes gelées par les sanctions, notamment les 6 milliards de dollars bloqués au Qatar.
L’Iran n’a pas encore pu accéder aux 6 milliards de dollars débloqués en 2023 dans le cadre d’un échange de prisonniers avec les États-Unis, sous la présidence de Joe Biden, et déposés dans une banque qatarie.
«Téhéran veut que ses fonds soient transférés en Iran sans conditions ni limitations. Si cela implique la levée de certaines sanctions, alors cela doit être fait», selon une des sources.
Celles-ci ont affirmé qu’un accord politique donnerait davantage de chances aux négociations nucléaires actuelles de porter leurs fruits, en laissant plus de temps pour parvenir à un consensus sur les points les plus difficiles à trancher dans le cadre d’un traité définitif.
«L’objectif n’est pas de parvenir à un accord intérimaire, mais plutôt à un accord politique montrant que les deux parties cherchent à apaiser les tensions», a-t-on précisé de mêmes sources.
Les diplomates occidentaux restent sceptiques quant aux chances d’une réconciliation entre Washington et Téhéran sur la question de l’enrichissement. Ils estiment qu’un tel accord politique temporaire se heurterait à la résistance des puissances européennes, à moins que l’Iran ne prouve son engagement à réduire ses activités nucléaires avec une vérification par l’AIEA.
Même si les divergences sur l’enrichissement se réduisaient, une levée rapide des sanctions resterait difficile. Les États-Unis privilégient une levée progressive des sanctions liées au nucléaire, tandis que l’Iran exige leur suppression immédiate.
Interrogée sur la possibilité de lever les sanctions clés réimposées depuis 2018, date du retrait américain de l’accord de 2015 par Trump, une des sources interrogées a confirmé qu’«il y a eu des discussions sur la manière de lever les sanctions pendant les cinq cycles de négociations.»
Depuis 2018, des dizaines d’institutions iraniennes cruciales pour l’économie du pays, comme la banque centrale ou la compagnie pétrolière nationale, ont été sanctionnées par Washington pour leur «soutien présumé au terrorisme ou à la prolifération d’armes».
Le régime clérical iranien est confronté à de multiples crises — pénuries d’énergie et d’eau, effondrement de la monnaie, pertes parmi ses milices régionales engagées contre Israël, et craintes croissantes d’une frappe israélienne contre ses sites nucléaires — toutes exacerbées par la politique de fermeté de Trump.
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Trump a ravivé sa campagne de «pression maximale» contre Téhéran, avec de nouvelles sanctions et des menaces de frappes en cas d’échec des négociations.
Des responsables iraniens ont déclaré à Reuters la semaine dernière que la direction iranienne «n’avait pas de meilleure option» qu’un nouvel accord pour éviter un effondrement économique pouvant menacer le pouvoir religieux.
Les protestations nationales de ces dernières années contre la répression sociale et les difficultés économiques ont été brutalement réprimées, mais ont mis en lumière la vulnérabilité du régime face au mécontentement populaire et entraîné de nouvelles sanctions occidentales pour violations des droits humains.
Commentaires