Otages, trêve et ultimatum: Witkoff trace une voie, toujours fragile, vers la paix
Le président américain, Donald Trump et son envoyé spécial au Moyen Orient, Steve Witkoff ©Jim WATSON / AFP

L’envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a élaboré un nouvel accord-cadre visant à instaurer un cessez-le-feu à Gaza.

Transmise à Israël dans la nuit de mercredi à jeudi, la proposition américaine prévoit une trêve de soixante jours, accompagnée de la libération, par le Hamas, de 10 otages vivants et de 18 corps, remis en deux étapes au cours de la première semaine. Elle prévoit également la libération de 125 prisonniers palestiniens condamnés par Israël à la réclusion à perpétuité.

Durant cette période de cessez-le-feu, des négociations devraient se tenir en vue de mettre fin définitivement au conflit entre Israël et le Hamas. En cas d’accord sur les principes d’un arrêt des hostilités, les otages restants ainsi que les dépouilles seraient alors remis aux autorités israéliennes. Si aucun consensus n’est atteint, Tel Aviv se réserve le droit de reprendre les opérations militaires contre le groupe palestinien. Une option alternative permettrait toutefois de prolonger les discussions en échange de la libération progressive d’autres otages.

La proposition de M. Witkoff inclut la reprise de l’aide humanitaire à Gaza, sous l’égide de l’ONU et d’autres organisations internationales. Sur le plan militaire, l’armée israélienne se retirerait vers les positions qu’elle occupait avant l’opération «Épées de fer». Elle resterait cependant positionnée sur l’axe de Philadelphie, mais se retirerait de l’axe de Netzarim, que Benyamin Netanyahou a récemment surnommé «axe de Philadelphie 2».

Mercredi soir, Steve Witkoff s’est dit plutôt optimiste, évoquant une «bonne impression» quant aux perspectives d’un accord durable. Il a toutefois souligné que sa proposition restait sujette à d’éventuels ajustements. «J’espère pouvoir soumettre le document au président Donald Trump avant la fin de la journée», a-t-il indiqué.

Selon des sources proches de l’émissaire américain, les États-Unis semblent déterminés à faire aboutir l’accord, quitte à «jouer sur les mots». Washington exercerait notamment une forte pression sur Israël pour garantir un engagement clair en faveur de la fin de la guerre, une exigence essentielle du Hamas.

Cependant, la coordination entre les deux alliés israéliens et américain semble tendue. Un responsable israélien a confié au quotidien Times of Israël que la réunion tenue en début de semaine à Washington entre le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, et M. Witkoff avait été «difficile». Selon lui, l’émissaire américain commence à perdre patience face aux atermoiements israéliens, notamment après la vidéo publiée lundi par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, dans laquelle il annonçait une possible déclaration imminente sur les otages détenus à Gaza.

Malgré ces frictions, la Maison Blanche continue de se montrer optimiste. De sources américaines, on estime qu’un accord est envisageable dans les prochains jours, à condition que chaque camp fasse preuve de souplesse.

Le Hamas a, pour sa part, accepté le plan américain. «Le Hamas et Witkoff ont conclu un accord définissant un cadre général pour parvenir à un cessez-le-feu permanent [à Gaza], retirer les forces israéliennes de l'enclave et reprendre la livraison d'aide humanitaire à la région», a annoncé le Hamas sur sa chaîne Telegram, mercredi.

Le mouvement islamiste pro-iranien affirme que le cessez-le-feu initial pourrait être prolongé si les discussions avancent positivement. Il dit avoir reçu des garanties américaines quant à la poursuite des négociations pendant les deux mois de trêve, en vue d’un cessez-le-feu permanent.

Concernant les échanges de prisonniers et de dépouilles, le Hamas s’engage à libérer progressivement, dès le premier jour, dix otages vivants et dix-huit corps, puis cinq otages et neuf corps, et les autres le septième jour.

En contrepartie, Israël libérerait 125 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité, 1.111 détenus de Gaza arrêtés après le 7 octobre, et remettrait 180 corps palestiniens.

Par ailleurs, M. Netanyahou doit se réunir ce soir avec plusieurs membres de son gouvernement, dont les ministres des Affaires étrangères, des Finances et de la Sécurité nationale, pour discuter de la proposition américaine.

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