Washington temporise, Israël menace: l’Iran au cœur des tensions nucléaires
©Al Markazia

Le président Donald Trump a déclaré mercredi avoir demandé au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de reporter toute attaque contre l’Iran, afin de laisser à l’administration américaine plus de temps pour négocier un nouvel accord nucléaire avec Téhéran.

Le nucléaire iranien est au cœur d’un bras de fer diplomatique majeur US-Israël. Face aux affirmations de Téhéran sur les fins strictement civiles de son programme, Washington reste prudent et évoque de possibles négociations sur l’avenir de l’enrichissement de l’uranium en Iran.

La cinquième série de pourparlers nucléaires entre le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l’envoyé spécial américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s’est clôturée à Rome la semaine dernière sur une note mitigée. «Des progrès, mais rien de concluant», a résumé le médiateur omanais.

Ni la date ni le lieu de la prochaine réunion n’ont encore été fixés.  

Israël prêt à frapper, Washington tente de sauver le dialogue

Tel-Aviv ne cache plus son impatience. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a récemment menacé d’attaquer les sites nucléaires iraniens, même si les États-Unis parviennent à un accord diplomatique avec Téhéran. Une escalade qui inquiète l’administration Trump, d’après un rapport du New York Times, publié mercredi. Selon des informations relayées vendredi par des médias israéliens, l’armée israélienne accélère ses préparatifs pour une éventuelle frappe contre les sites nucléaires iraniens.

Par ailleurs, les agences de renseignement américaines estiment qu’Israël pourrait exécuter une frappe en seulement sept heures après un ordre de Netanyahou, ne laissant à Washington pratiquement aucun délai pour œuvrer à la désescalade.

Pour le président Trump, le risque est double: l’échec du dialogue avec Téhéran et l’ouverture d’un nouveau front au Moyen-Orient.

À cela s’ajoute l’inquiétude grandissante du côté de Riyad. Le roi saoudien, Salman ben Abdel Aziz, a adressé un avertissement au guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei Khamenei, par l’intermédiaire du prince Khaled ben Salman qui s’était déplacé le 17 avril à Téhéran. Le message saoudien: parvenir à un accord nucléaire ou risquer une frappe israélienne.

L’enrichissement d’uranium au cœur des pourparlers

Au cœur du bras de fer: la capacité d’enrichissement d’uranium de l’Iran. Téhéran revendique un droit souverain garanti par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), tandis que Washington rejette cette interprétation. L’administration Trump exige désormais l’abandon total du programme d’enrichissement iranien.

Pour les États-Unis, tout programme civil iranien doit exclure l’enrichissement sur le sol iranien, pour garantir que Téhéran ne cherche pas à développer des armes nucléaires. «L’Iran peut avoir un programme nucléaire civil, comme d’autres pays. Mais l’uranium enrichi devra être importé», a martelé le secrétaire d’État, Marco Rubio, en avril dernier.

Cette demande est jugée maximaliste par Téhéran qui refuse catégoriquement d’y souscrire. «L’enrichissement se poursuivra, avec ou sans accord», a réaffirmé M. Araghchi. Pour sa part, Ali Khamenei a réagi le 20 mai aux exigences américaines: «Personne en Iran n’attend leur permission. La République islamique a ses propres politiques et sa propre direction, et elle s’y tiendra.»

Face à cette impasse, les diplomates américains envisagent un compromis: permettre à l’Iran un programme nucléaire civil strictement contrôlé, avec des inspections renforcées, en contrepartie d’un ralentissement de l’enrichissement.

Le président Trump a laissé entendre que des propositions concrètes avaient été faites à Téhéran, mais le directeur de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Eslami, les a catégoriquement niées. M. Eslami s’est néanmoins montré ouvert à une coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), incluant éventuellement des inspecteurs américains, si un accord venait à être conclu.

Toutefois, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré lundi que Téhéran n’envisageait pas de suspendre temporairement l’enrichissement d’uranium dans le cadre d’un accord nucléaire avec les États-Unis.

Quant à Israël, le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a insisté le 11 mai sur la nécessité de démanteler les sites d’enrichissement d’uranium en Iran. D’ailleurs, Israël s’inquiète du fait que les États-Unis pourraient assouplir leurs exigences à cet égard afin de parvenir à un accord avec Téhéran. Netanyahou a averti, à ce sujet, «qu’un mauvais accord est pire que pas d’accord du tout», soulignant que toute concession sur l’enrichissement serait inacceptable.

Les négociations à la croisée des chemins

La situation est tendue. La diplomatie peine à contenir les menaces d’intervention militaire. Israël s’engage à empêcher toute avancée nucléaire militaire de la République islamique. Téhéran, de son côté, promet de riposter. Et les États-Unis tentent de maintenir un dialogue fragile pour éviter l’escalade.

«Quoi qu’il arrive, nous devons nous assurer que l’Iran ne possède pas d’armes nucléaires», a déclaré Netanyahou le 17 avril dans un communiqué officiel.

Commentaires
  • Aucun commentaire