Téhéran-Washington : reprise des négociations dimanche à Mascate malgré l’escalade
L'envoyé spécial du président américain au Moyen Orient, Steve Witkof et le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi. ©Evelyn Hockstein / Pool / AFP

Le médiateur omanais a annoncé jeudi une nouvelle série de discussions dimanche à Mascate entre les États-Unis et l’Iran, en pleine escalade des tensions liées au programme nucléaire iranien.

À Vienne, le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté une résolution condamnant l’Iran pour «non-respect» de ses obligations nucléaires. En riposte, l’Iran a aussitôt annoncé qu’il allait construire un nouveau site d’enrichissement d’uranium.

Ces annonces surviennent dans un climat très crispé. Depuis mercredi, les médias américains, dont le New York Times et NBC News, ont rapporté qu’Israël, proche allié des États-Unis, semblait préparer une attaque imminente contre l’Iran, accusé malgré ses démentis de chercher à se doter de la bombe atomique.

Israël, qui considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle, a maintes fois averti qu’il pourrait attaquer les sites nucléaires de son ennemi juré.

Mercredi également, l’Iran a menacé de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit consécutif à un éventuel échec des négociations avec Washington visant à encadrer le programme nucléaire iranien.

Quelques heures plus tard, le président Donald Trump confirmait le déplacement de membres du personnel américain au Moyen-Orient qui pourrait devenir «un endroit dangereux».

Malgré cette escalade, le chef de la diplomatie omanaise, Badr Albusaidi, a déclaré sur X que «le 6e cycle de négociations entre l’Iran et les États-Unis se tiendra à Mascate dimanche 15 juin», confirmant une annonce iranienne en ce sens.

«Moins confiant»

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu’Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique, ce qu’il a toujours nié.

Washington et Téhéran, qui n’ont pas de relations diplomatiques depuis 1980, tentent depuis avril de s’entendre sur un potentiel texte encadrant le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions qui paralysent son économie.

Les discussions butent notamment sur la question de l’enrichissement d’uranium. Pour fabriquer une bombe atomique, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90 %, d’après l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Les États-Unis exigent que l’Iran y renonce totalement, ce que Téhéran refuse, affirmant en avoir le droit en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont il est signataire.

Dans un podcast du New York Post, enregistré lundi et diffusé mercredi, M. Trump a dit être «beaucoup moins confiant (qu’auparavant) de parvenir à un accord» avec l’Iran.

«Ils semblent tergiverser», a estimé le président américain, qui a plusieurs fois menacé de s’en prendre militairement à l’Iran en cas d’échec de la diplomatie. «Ce serait mieux de le faire sans guerre», a-t-il toutefois dit.

L’Iran avait indiqué lundi qu’il soumettrait dans les prochains jours sa propre proposition aux États-Unis en vue d’un accord sur le nucléaire, après avoir critiqué un plan proposé par les États-Unis. On ignore le contenu des deux propositions.

«Changer de cap»

Selon l’AIEA, l’Iran est le seul État non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60 %), bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l’accord conclu en 2015 entre Téhéran et les puissances internationales dont les États-Unis.

Mais en 2018, les États-Unis se sont retirés unilatéralement de cet accord, lors du premier mandat de Donald Trump, et ont rétabli les sanctions contre l’Iran. En représailles, l’Iran s’est affranchi de certaines obligations, accélérant notamment l’enrichissement d’uranium.

À Vienne, la résolution élaborée par Londres, Paris et Berlin (E3) associés à Washington a été approuvée par 19 pays sur 35, ont indiqué à l’AFP des sources diplomatiques.

Elle appelle Téhéran à «remédier d’urgence au non-respect» des engagements pris en vertu du TNP. Dans ces conditions, l’instance onusienne «n’est pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique».

«Tout en engageant cette année le dialogue avec les États-Unis et le groupe E3, l’Iran a poursuivi sans relâche son escalade nucléaire, au-delà de toute justification civile crédible», ont dénoncé les diplomates européens, appelant la République islamique à «changer de cap de toute urgence».

AFP

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