Sous le marteau des enchères, la garde-robe de Lady Diana devient mémoire
La plus vaste vente aux enchères jamais consacrée aux effets personnels de Lady Diana. © juliensauctions.com

Le 26 juin, Beverly Hills accueille la plus grande vente jamais consacrée à la garde-robe de Lady Diana. Plus de 100 pièces racontent l’histoire d’une princesse rebelle qui fit de la mode un langage subtil.  

Le 26 juin prochain, au Peninsula Beverly Hills, l’histoire s’apprête à changer de mains. Sous le titre évocateur «Princess Diana’s Style: A Royal Collection», la maison Julien’s Auctions orchestrera la plus vaste vente aux enchères jamais consacrée aux effets personnels de Lady Diana. Plus qu’un simple défilé de haute couture, cet événement exceptionnel dévoile les multiples facettes d’une vie trop brève, mais qui a impacté le monde.

Lady Diana n’a jamais porté un vêtement au hasard. Chaque robe, chaque tailleur, chaque accessoire incarnait une intention, une manière de dire sans parler. «Quel message vais-je transmettre en portant cela?», demandait-elle souvent à ses créateurs. Dans un royaume corseté par les conventions, elle a redessiné les contours de la féminité royale, faisant du vêtement un outil de communication aussi puissant que la parole.


Ensemble fleuri jaune Bruce Oldfield, 1987 © juliensauctions.com

Les plus de 100 pièces proposées aux enchères racontent cette révolution silencieuse. Parmi les joyaux de la collection, une robe fleurie en satin signée Bellville Sassoon, surnommée la «robe de soin», portée lors de visites à l’hôpital. Estimée entre 200.000 et 300.000 dollars, elle incarne une princesse accessible, usant de la mode pour entrer en relation avec le monde. À ses côtés, une robe du soir crème brodée de perles par Catherine Walker, conçue pour son voyage diplomatique dans le Golfe en 1986, illustre le pouvoir d’un vêtement en contexte géopolitique.

La vente inclut également un tailleur Versace à rayures noires, un ensemble jaune signé Bruce Oldfield porté lors du Royal Ascot de 1987, ainsi qu’un tailleur lilas choisi pour son discours contre les mines antipersonnel à Washington. Ces pièces, estimées entre 100.000 et 200.000 dollars, ravivent le souvenir d’une femme qui savait allier style et sens.


Escarpins du soir en satin vert Rayne, 1989 © juliensauctions.com

Les accessoires, eux, dévoilent une facette plus intime de la princesse. Un sac Lady Dior offert par Bernadette Chirac en 1995, un chapeau couleur pêche porté lors de son retour de lune de miel, ou encore un croquis de sa robe de mariage accompagné de morceaux de tulle original tissent un récit personnel, discret et touchant. Certains de ces sacs, surnommés cleavage bags par ses stylistes, servaient à couvrir sa poitrine à la sortie d’une voiture: un geste devenu signature, alliant pudeur, humour et élégance face aux flashs indiscrets.

En coulisses, Diana collaborait avec Catherine Walker, Bruce Oldfield ou Versace pour créer des pièces qui contournaient subtilement les codes. Épaules dénudées, fentes inattendues, étoffes chatoyantes: chaque tenue devenait une déclaration d’indépendance et d’émancipation.

Martin Nolan, cofondateur de Julien’s Auctions, insiste: «C’est la plus grande collection jamais proposée. Les acheteurs n’achètent pas seulement une robe, mais une parcelle d’Histoire.» Le marché suit cette logique: en 2023, une robe noire de Jacques Azagury a dépassé le million de dollars. À travers la mode, c’est un récit qui se vend, celui d’une femme, d’un combat, d’une époque.


Robe de soirée en taffetas noir Emanuels, 1981 © juliensauctions.com

La vente se déroulera en présentiel mais également en ligne sur www.juliensauctions.com, rendant accessible aux enchérisseurs du monde entier cette plongée dans l’intimité d’une icône. Ce n’est pas la première fois que la garde-robe de Diana est ainsi dévoilée: en juin 1997, deux mois avant sa mort, elle avait elle-même organisé une vente caritative de 79 robes chez Christie’s à New York, sur les conseils de son fils William. Les bénéfices, plus de 5,7 millions de dollars, avaient été reversés à des causes humanitaires chères à son cœur.

Fidèle à l’esprit philanthropique de Diana, une partie des bénéfices sera reversée à Muscular Dystrophy UK (une association de lutte contre la dystrophie musculaire), organisation qu’elle soutenait de son vivant. Son engagement caritatif se prolonge ainsi au-delà de sa disparition, transformant cette vente en acte de générosité posthume.

Ce qu’il faut retenir, c’est que derrière les broderies, les drapés, les coutures, se dessine le portrait d’une femme faite à la fois de vulnérabilité et de force. Diana ne cherchait pas seulement à être admirée, elle voulait être entendue, comprise, aimée pour ce qu’elle portait en elle autant que sur elle.


Escarpins en cuir crème Rayne, septembre 1989 (avec livre) © juliensauctions.com

Ses robes nous rappellent qu’un vêtement peut dire «je suis là», «je résiste», ou encore «je tends la main». Diana n’a jamais cessé de le faire. Dans cet art du détail parlant se loge peut-être la vraie raison pour laquelle elle demeure, près de trois décennies après sa disparition, la princesse du peuple.

L’histoire ne s’écrit pas que dans les livres, mais aussi dans les fibres, les coupes, les plis. Et dans le sillage d’un ourlet peut encore battre le cœur d’une légende, celle qui restera à jamais la reine des cœurs.

 

Les pièces phares de la vente

À l’occasion de cette vente exceptionnelle, plus de 300 lots sont proposés, dont plus de 200 vêtements portés par Lady Diana, accompagnés d’accessoires, de croquis et même de lettres manuscrites. Parmi les pièces les plus remarquables:

– La robe «Falcon» de Catherine Walker (1986), brodée de faucons, portée lors d’un voyage diplomatique au Golfe, est estimée entre 200.000 et 300 000 dollars.
– La robe fleurie de Bellville Sassoon, dite «robe de soin», portée lors de visites hospitalières, est également estimée entre 200.000 et 300.000 dollars.
– Un tailleur lilas trois pièces signé Versace (1997), doublé de l’initiale «D», porté lors d’un discours contre les mines antipersonnel à Washington.
– Un ensemble jaune de Bruce Oldfield, porté au Royal Ascot de 1987, estimé entre 100.000 et 200.000 dollars.
– Un chapeau pêche de John Boyd, porté lors du retour de lune de miel, accompagné d’une lettre d’authentification.
– Un sac Lady Dior, offert par Bernadette Chirac en 1995, devenu une icône à son nom.
– Des croquis de la robe de mariage, avec des morceaux de tulle original, ainsi qu’une combinaison de ski HEAD rouge vif, rare pièce sportive portée par Diana.
– Des lettres manuscrites, notamment une datant de juillet 1981, dans laquelle Diana confie sa solitude à la veille de son mariage – un fragment d’intimité estimé à plusieurs milliers de dollars.

 

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