France Music Week : la filière musicale française en vitrine
La réinstallation de la vasque olympique de 2024 se détache au coucher du soleil aux Tuileries à Paris, le 12 juin 2025. ©Christophe DELATTRE / AFP

La première édition de la France Music Week met en lumière les forces et les fragilités de l’industrie musicale française. Un événement professionnel et festif pour repenser l’avenir d’un secteur en mutation.

La première France Music Week, semaine internationale qui démarre lundi à Paris, veut promouvoir une filière française louée pour son maillage territorial et ses champions à l’export mais dont le modèle est fragilisé.

Cet évènement voulu par le président Emmanuel Macron s’adresse surtout aux professionnels de l’industrie musicale avec l’idée de «placer la France sur la carte de la musique mondiale».

Après un lancement au ministère de la Culture puis des conférences à la Maison de la radio et de la musique, l’apogée est prévue vendredi avec un sommet à l’Opéra Garnier réunissant «le haut niveau» de la musique dans le monde, selon le Centre national de la musique (CNM), qui coordonne la programmation.

Un grand concert gratuit dans les jardins du Louvre samedi, jour de la Fête de la musique, marquera la clôture de cette première.

«Avec la France Music Week, la France peut devenir le premier pays producteur de musique», vise la ministre de la Culture Rachida Dati, dans un entretien au Figaro mercredi.

Ce nouveau rendez-vous se positionne d’abord comme une vaste opération de promotion et de réflexion sur l’avenir du secteur, accompagnée par des concerts accessibles au public.

Labels (Universal, Warner, le distributeur français Believe), plateformes de streaming (Spotify, YouTube, la tricolore Deezer...), tourneurs (le géant Live Nation), syndicats et entreprises alliant musique et tech font partie des invités.

Au niveau global, des dissensions persistent sur le modèle de rémunération des artistes sur les plateformes de streaming, mais aussi sur le recours à l’intelligence artificielle, qui menace les auteurs.

«Il faut trouver une régulation qui force les entreprises d’IA à entrer en licence avec nous», a déclaré Cécile Rap-Veber, la directrice générale de la Sacem, puissant organisme français de gestion des droits d’auteur, début juin au festival South by Southwest de Londres.

«Retombées» et difficultés 

La France Music Week «est une vitrine, c’est valoriser les compétences, le savoir-faire, les entreprises françaises et les artistes qui existent», estime Malika Séguineau, directrice générale d’Ekhoscènes, syndicat des entrepreneurs du spectacle vivant privé.

«La musique, c’est une industrie qui est tout aussi économiquement forte que la mode et le cinéma, qui a un impact et des retombées», souligne-t-elle.

La filière se démarque notamment grâce à son réseau (salles, structures, dispositifs) de soutien à la création et ses champions francophones à l’export, venus du rap ou de l’électro comme le duo Justice, détenteur de trois Grammy Awards.

En 2024, le marché français de la musique enregistrée (CD, vinyles, streaming) a passé la barre du milliard d’euros de chiffre d’affaires et connu sa huitième année consécutive de croissance, selon le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep).

Ces résultats font écho au marché mondial de l’industrie musicale, record de 29,6 milliards de dollars (27,2 milliards d’euros) l’an dernier, +4,8 %, remise de la crise du disque qui l’avait presque décimée.

Le live affiche aussi d’excellentes couleurs, entre arénas prises d’assaut et festivals qui atteignent leurs jauges maximales.

Mais ce ciel bleu n’est pas sans nuage: en France, les abonnements au streaming patinent et les festivals sont fragilisés, entre hausse des coûts et baisse des subventions.

L’année passée, 44 % de ceux affichant des taux de remplissage supérieurs à 90 % ont bouclé une édition déficitaire, selon le CNM. «Le déroulement des premiers festivals de l’année laisse craindre que le contexte ne soit guère meilleur que celui de 2024», a avancé le Syndicat des musiques actuelles (SMA) jeudi.

Face à cette situation, «il faut que la France Music Week soit une caisse de résonance sur les enjeux pour la filière musicale dans toute sa diversité et pas uniquement pour ses industries culturelles», souhaite Aurélie Hannedouche, directrice du SMA, évoquant les structures indépendantes.

«Tout cet écosystème, pour le valoriser, ça passe par un système redistributif qui doit jouer son rôle à plein», affirme-t-elle.

La filière appelle en particulier au relèvement du plafond de la taxe billetterie, fixé à 53 millions d’euros: une fois dépassé, les sommes supplémentaires collectées tombent dans les caisses de l’État au lieu d’alimenter les acteurs de la musique.

Par Fanny LATTACH / AFP

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