Quand 100 artistes modernes réveillent les chefs-d'œuvre du Louvre
Le Centre Georges Pompidou à Paris, avril 2018. ©Ici Beyrouth

Le Centre Pompidou-Metz accueille une exposition audacieuse où 100 artistes réinterprètent des œuvres emblématiques du Louvre. Plus qu’un hommage, une relecture contemporaine du patrimoine artistique.

Faire revivre des œuvres du Louvre à partir du regard de 100 artistes: au Centre Pompidou-Metz, des «copistes» exposent à partir de samedi leur réécriture de classiques de l'art qu'ils «réactivent».

Les commissaires, Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains du musée du Louvre, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, ont voulu faire de cette exposition tant une «radioscopie de l'art contemporain qu'une exposition pour les amoureux de l'histoire de l'art».

L'exposition est le résultat d'une «invitation envoyée à 100 artistes, non copistes a priori, à réactiver des œuvres du patrimoine», résume Donatien Grau.

Ici, une sculpture romaine recouverte de ballons métalliques colorés saute aux yeux du visiteur, copie réalisée par l'artiste américain Jeff Koons de L'Hermaphrodite endormi, une sculpture antique dont on ne connaît pas l'auteur.

Un peu plus loin, plusieurs artistes ont fait le choix de créer leur interprétation de La Liberté guidant le peuple (1830) d’Eugène Delacroix : c’est le cas de Bertrand Lavier, qui avec Aux armes citoyens (2025) s’est concentré sur les armes et le drapeau peints dans la version originale.

La Vierge et l’Enfant au chancelier Rolin (XVe siècle) peint par Jan Van Eyck a aussi été en partie copié par l’Irano-Américain Y.Z. Kami, qui a décidé de s’emparer d’un petit détail de l’œuvre originale, les mains, qu’il a reproduit comme un symbole.

Créations originales

On peut aussi découvrir la Joconde copiée par le collectif Claire Fontaine, qui a camouflé son visage d’une tache noire, lui ôtant son mystérieux sourire.

Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres, ont été créées de toutes pièces spécialement pour cette exposition.

Giulia Andreani, qui a réalisé trois portraits féminins, a aimé dans le fait de «se heurter à des œuvres du Louvre», d’en «détourner la technique, exploser le format».

Certaines copies sont réalisées presque à l’identique, «on est un peu déstabilisés» en les regardant dans un premier temps, note Chiara Parisi, puis «après on reconnaît la patte de l’artiste».

D’autres, au contraire, ont détourné les originaux pour en faire des créations où «les œuvres ne sont pas là pour être reconnues», précise-t-elle.

«Recréer»

L’artiste Neila Czermak Ichti a détourné le tableau Roger délivrant Angélique (1819) de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Dans sa copie, «tout le monde a un peu changé de place. Le challenge, c’était que le monstre n’ait pas la même place» mais ne soit pas non plus une victime comme l’était Angélique dans la version originale, explique-t-elle.

Le sujet de l’exposition «n’est pas la copie mais la pluralité des copistes», a aussi mis en garde Donatien Grau. «Copier, aujourd’hui, ce n’est pas se mettre face au tableau et le dupliquer. C’est mille autres choses» illustrées dans l’exposition.

Cela met aussi en valeur le patrimoine, qui «n’existe que quand on le recrée, qu’on le fait vivre, quand on l’habite» selon Donatien Grau.

Les œuvres originales n’ont pas été transportées à Metz : le visiteur peut les retrouver reproduites dans le catalogue d’exposition (25 euros) qui «prolonge la visite», note Mme Parisi.

L’exposition Copistes. En collaboration exceptionnelle avec le musée du Louvre est visible jusqu’au 2 février 2026.

Par Marine LEDOUX / AFP

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