
Le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse pour des millions de chiites d'Irak et du monde, a fustigé jeudi toute «menace» d'attaquer «les hauts dirigeants religieux et politiques» d'Iran, visé depuis près d'une semaine par des frappes israéliennes.
«Un tel acte criminel (...) présagerait de graves répercussions pour l'ensemble de la région, et pourrait même la conduire vers une situation hors de contrôle et vers un chaos généralisé», a-t-il averti dans un communiqué succinct.
S'il n'a pas de rôle officiel au sein du système politique irakien, Ali Sistani, nonagénaire, est une personnalité incontournable du monde chiite et de l'échiquier irakien. Son prestige religieux auprès des chiites du monde entier est équivalent à celui du guide suprême iranien Ali Khamenei, les deux ayant atteint le même rang d'ayatollah.
Le guide suprême iranien a été mardi la cible des menaces du président américain Donald Trump, qui avait assuré que les Etats-Unis savaient «exactement où se cache le soi-disant +guide suprême+», mais ne comptaient pas «l'éliminer (le tuer!), du moins pour le moment».
La veille, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait lui aussi assuré que tuer l'ayatollah Khamenei «mettra(it) fin au conflit».
Son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que le guide suprême iranien devra «répondre de ses crimes» après l'annonce par Israël qu'un hôpital du sud du pays avait été touché par un missile iranien.
Dans son communiqué, le grand ayatollah Sistani a aussi réclamé des efforts internationaux «pour mettre fin à cette guerre injuste et trouver une solution pacifique et juste au dossier nucléaire iranien, conformément au droit international.»
La guerre en cours depuis l'offensive israélienne lancée vendredi contre l'Iran fait craindre une escalade régionale qui, selon des experts, n'épargnerait pas l'Irak voisin, où des groupes armés alliés à Téhéran ont menacé les intérêts américains en cas d'implication directe de Washington dans le conflit.
Tard mercredi soir, des religieux chiites ayant revêtu des uniformes militaires ont manifesté en brandissant des drapeaux irakiens et iraniens dans la ville de Bassora, dans le sud irakien frontalier de l'Iran, selon un photographe de l'AFP.
Au Liban, le mouvement chiite du Hezbollah, allié de Téhéran et sorti affaibli de deux mois d'une guerre meurtrière et dévastatrice à l'automne avec le voisin israélien, a aussi condamné «la menace d'assassinat» comme «un acte insensé et imprudent», et une «offense pour des centaines de millions de fidèles».
«L'Amérique réalisera qu'elle est tombée dans un profond abysse en raison de son soutien tyrannique à l'agression brutale d'Israël contre Gaza (...) et contre la République islamique d'Iran», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Avec AFP
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