
La Banque mondiale prévoit une croissance du PIB réel de 4,7% pour le Liban en 2025, tirée par une reprise du tourisme, une hausse modérée de la consommation et un début de regain de confiance, malgré la faiblesse persistante des investissements privés. Ce rebond espéré repose sur la mise en œuvre d’un plan d’action multisectoriel d’un an, destiné à accélérer les réformes économiques et institutionnelles tant attendues.
Selon l’édition printemps 2025 du Rapport de suivi économique du Liban, intitulée «Changement de cap?», cette croissance survient après un effondrement cumulé du PIB d’environ 40% depuis 2019. En 2024, la contraction du PIB a été plus sévère que prévu, atteignant -7,1%, contre -5,7% estimés à l’automne dernier.
La Banque mondiale table également sur une baisse de l’inflation à 15,2% en 2025, à condition que le taux de change reste stable et que l’inflation mondiale continue de se modérer. Un budget public équilibré pour 2025 et une amélioration des recettes fiscales pourraient permettre une légère augmentation des dépenses publiques essentielles. Néanmoins, les finances publiques restent sous pression et nécessitent des réformes structurelles de fond pour garantir leur viabilité.
«Les récents développements politiques ont ravivé une dynamique et offrent une opportunité pour s’attaquer aux causes profondes des crises libanaises», a déclaré Jean-Christophe Carret, directeur régional Moyen-Orient à la Banque mondiale. «Des mesures concrètes et à fort impact peuvent permettre au Liban de sortir de l’impasse.»
Le rapport met en garde contre l’impact potentiel des incertitudes croissantes du commerce mondial. Bien que les exportations libanaises vers ses marchés principaux ne représentent que 4% du total des exportations, les effets indirects sur l’inflation, les investissements et l’activité mondiale sont plus difficiles à anticiper.
Un chapitre spécial du rapport explore en profondeur les dynamiques inflationnistes et l’évolution du taux de change réel effectif. Il en ressort que, si le Liban suivait auparavant les tendances inflationnistes mondiales, la dépréciation brutale de la livre libanaise depuis 2019 est devenue le principal moteur de l’inflation. La généralisation de la dollarisation et la stabilisation du taux de change pourraient ramener l’inflation à des niveaux proches de ceux d’avant crise, même s’ils devraient vraisemblablement rester supérieurs à la moyenne mondiale, en raison de facteurs internes.
Le rapport présente un plan d’action d’un an, fondé sur les deux dernières décennies d’engagement du Groupe Banque mondiale au Liban. Il s’agit d’un ensemble de mesures concrètes, efficaces et applicables à court terme, alignées sur les priorités affichées par les autorités. Ses principaux axes portent sur la stabilisation macroéconomique et budgétaire, le rétablissement de la confiance des citoyens et la mise en place des fondations d’un modèle économique durable.
En bref, malgré une fragilité politique persistante et une crise financière toujours non résolue, le Liban entrevoit une lueur d’espoir. Si cette feuille de route est appliquée rapidement et efficacement, elle pourrait enfin marquer un tournant après des années de marasme.
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