
L'Iran a menacé de s'en prendre aux bases militaires des Etats-Unis au Moyen-Orient en représailles aux frappes américaines sans précédent contre les sites nucléaires iraniens, faisant craindre un embrasement hors de contrôle de la région.
Un conseiller de l'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême iranien, a affirmé que les Etats-Unis "n'avaient plus leur place" au Moyen-Orient et qu'ils devaient s'attendre à des "conséquences irréparables" après leur attaque dans la nuit de samedi à dimanche.
Ali Akbar Velayati, cité par l'agence officielle Irna, a averti que les bases utilisées par les forces américaines pour lancer des attaques contre les sites nucléaires iraniens seraient considérées "comme des cibles légitimes".
Le président américain Donald Trump a exhorté Téhéran à mettre fin au conflit après l'attaque surprise menée dans la nuit de samedi à dimanche, à l'aide de bombardiers stratégiques B-2.
Ces frappes ont visé un site souterrain d'enrichissement de l'uranium à Fordo, ainsi que des installations à Ispahan et Natanz, où l'étendue des dégâts reste à évaluer.
"Des dommages monumentaux ont été causés à tous les sites nucléaires en Iran, comme le montrent les images satellite. Destruction totale est l'expression qui convient", a affirmé Donald Trump sur les réseaux sociaux.
"Les dégâts les plus importants ont été causés bien en dessous du niveau du sol. En plein dans le mille !!!", s'est-il félicité.
Il a aussi semblé plaider pour un changement de régime à Téhéran, alors même que plusieurs hauts responsables de son administration avaient affirmé plus tôt que ce n'était pas l'objectif de l'intervention américaine.
"Si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE A L'IRAN SA GRANDEUR, pourquoi n'y aurait-il pas un changement de régime ???", a lancé Donald Trump sur son réseau social Truth.
Plus tôt, le chef du Pentagone, Pete Hegseth, avait affirmé que les Etats-Unis avaient "dévasté le programme nucléaire iranien".
Ali Shamkhani, un autre conseiller du guide suprême iranien, a cependant affirmé sur X que l'Iran possédait toujours des stocks d'uranium enrichi.
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé une "réunion d'urgence" lundi, estimant impossible à ce stade d'évaluer l'étendue des dégâts.
A Fordo, une usine d'enrichissement d'uranium enfouie sous une montagne au sud de Téhéran, le sol semble avoir été affecté par les frappes et la couleur de la montagne a changé par rapport au 19 juin, selon une analyse d'images satellites de l'AFP à partir des données de la société américaine Planet Labs PBC.
Dans la province de Semnan, à l'est de Téhéran, Samireh, une femme au foyer iranienne de 46 ans, s'est dit "choquée" par les frappes américaines.
"La province de Semnan est très éloignée des installations nucléaires ciblées, mais je suis très inquiète pour les gens qui vivent près de ces sites nucléaires", a-t-elle déclaré par téléphone à l'AFP.
A Téhéran, des manifestants ont crié "vengeance" contre les Etats-Unis, selon des images diffusées par la télévision d'Etat.
Alors que le président iranien Massoud Pezeshkian a promis une "riposte" aux frappes américaines, Washington a appelé dimanche soir ses ressortissants dans le monde à une "vigilance accrue" face aux "potentielles manifestations contre les citoyens et intérêts américains à l'étranger".
Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni dimanche en urgence, son secrétaire général Antonio Guterres a mis en garde, lui, contre un "cycle sans issue de représailles", qualifiant les frappes américaines de "tournant dangereux".
Dimanche soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé pour sa part que son pays était "très proche" de ses objectifs de guerre contre l'Iran grâce aux frappes américaines, tout en laissant planer le doute sur la suite des opérations militaires.
L'armée israélienne a annoncé dans la soirée avoir frappé des sites de missiles et d'autres infrastructures militaires dans l'ouest de l'Iran, au dixième jour de la guerre entre les deux pays.
Au moins trois personnes ont été tuées dans le centre du pays après qu'une frappe de drone d'Israël a touché une ambulance, a rapporté l'agence de presse iranienne Isna.
"L'ennemi sioniste a fait une grande erreur, commis un grand crime; il doit être puni et il est en train d'être puni", a écrit sur X le guide suprême iranien Ali Khamenei, accompagnant sa déclaration du dessin d'un crâne avec une étoile de David sur le front en train d'être traversé par des dizaines de missiles.
Avant l'offensive massive lancée le 13 juin par Israël contre l'Iran, Téhéran et Washington menaient depuis avril des pourparlers via la médiation d'Oman pour un accord sur le nucléaire.
Les Etats-Unis sont "prêts à discuter" avec l'Iran sur son programme nucléaire civil, a assuré dimanche le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio.
Mais pour son homologue iranien, Abbas Araghchi, les Etats-Unis et Israël "ont franchi une ligne rouge majeure".
M. Araghchi doit rencontrer lundi à Moscou le président russe Vladimir Poutine, dont le pays a dénoncé des bombardements "irresponsables".
L'attaque surprise américaine, baptisée "Marteau de minuit", a été menée à l'aide de sept bombardiers furtifs B-2. Pour la première fois, Washington a eu recours à de puissantes bombes anti-bunker GBU-57, capable de s'enfoncer à des dizaines de mètres de profondeur avant d'exploser.
Israël a lancé le 13 juin une offensive sans précédent contre l'Iran pour empêcher le pays de se doter de la bombe atomique et a frappé depuis le début de la guerre des centaines de sites militaires ou liés au programme nucléaire iranien.
Son armée a aussi décapité l'état-major général des forces armées et tué une dizaine de scientifiques du nucléaire.
L'Iran riposte par des salves de drones et missiles balistiques, la plupart interceptés par les systèmes de défense israéliens.
Côté iranien, la guerre a fait plus de 400 morts et 3.056 blessés, en majorité des civils, selon un bilan officiel. Les tirs iraniens sur Israël ont fait 24 morts, d'après les autorités israéliennes.
Avec AFP
Commentaires