Conflit Iran-Israël, jour 11: derniers développements
Des manifestants brandissent des pancartes avec des drapeaux iraniens lors d’une démonstration devant la Maison Blanche à Washington, DC, le 22 juin 2025, pour protester contre les frappes américaines sur les sites nucléaires iraniens. ©Alex WROBLEWSKI/AFP

Alors que la guerre entre Israël et l’Iran entre dans son onzième jour, les tensions militaires s’aggravent, les positions diplomatiques se durcissent et les répercussions économiques commencent à se faire sentir à l’échelle mondiale. 

Les échanges de tirs de missiles se poursuivaient ainsi, lundi, entre l’Iran et Israël qui continue de cibler des objectifs précis au sein de la République islamique. Dans la matinée, Tel Aviv a mené une nouvelle attaque contre le site nucléaire iranien de Fordo, enfoui sous une montagne au sud de Téhéran, a rapporté un média local.

"L'agresseur a de nouveau attaqué le site nucléaire de Fordo", a rapporté l'agence de presse Tasnim, citant un porte-parole de l'autorité de gestion des crises de la province de Qom, où est situé le site.

Selon une source israélienne, citée par Al-Hadath, ce sont “les entrées de Fordo qui ont été frappées pour empêcher les Iraniens de faire sortir les matières” qui y sont encore stokées.

Ces frappes surviennent au lendemain de frappes américaines contre des sites nucléaires iraniens, notamment Fordo, ainsi que les sites de Natanz et Ispahan, dans le centre de l'Iran, où l'étendue des dégâts reste à évaluer.

Des frappes israéliennes étaient également en cours en début d’après-midi sur le QG des Gardiens de la révolution, et la prison d’Evin, à Téhéran, a annoncé l’armée israélienne, alors que l’Iran menaçait de nouveau, lundi, les États-Unis de "lourdes conséquences" après leurs frappes sans précédent contre les sites nucléaires iraniens et prévenu d'une possible "extension de la guerre" au Moyen-Orient.

Le matin, des sirènes avaient retenti pendant plus de 30 minutes dans plusieurs zones d'Israël, peu après un avertissement de l'armée mettant en garde contre le tir de plusieurs salves de missiles depuis l'Iran.

Selon les premières évaluations de l'armée israélienne, environ 6 ou 7 missiles balistiques ont été tirés depuis l'Iran en direction d'Israël en 4 vagues successives.

Les tirs se sont étalés sur une durée d'environ 40 minutes, ce qui en fait l'une des offensives les plus longues menées par l'Iran depuis le début du conflit.

Aucune victime n’a été signalée dans l’immédiat, bien que plusieurs impacts aient été recensés sur le territoire israélien.

Selon la compagnie d’électricité israélienne (Israel Electric Corporation), des perturbations de courant ont été signalées dans plusieurs localités du sud d’Israël à la suite de l’impact d’un missile balistique iranien à proximité d’une installation stratégique à Ashdod.

«Des équipes se dirigent actuellement vers plusieurs sites afin de rétablir l’alimentation électrique dans les plus brefs délais. Les opérations incluent la réparation des infrastructures et l’élimination des risques potentiels, en coordination avec les forces de sécurité», a indiqué l’IEC dans un communiqué.

Plus de 30 minutes après le début du déclenchement des sirènes, l'armée a publié un communiqué indiquant que le public était autorisé à quitter les abris. Les services de secours n'ont pas fait état de blessés dans l'immédiat.

De puissantes explosions entendues dans le nord de Téhéran (journalistes AFP)

Le Croissant-Rouge iranien annonce des raids israéliens près d'un de ses bâtiments à Téhéran

Trump évoque un possible changement de régime à Téhéran

Le président américain Donald Trump a haussé le ton, évoquant ouvertement la possibilité d’un changement de régime en Iran si les dirigeants actuels «ne parviennent pas à rendre sa grandeur à l’Iran». Dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, il a salué les frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes, qualifiant les dommages de «monumentaux» et affirmant que le terme «oblitération» était «exact».

Malgré cette rhétorique musclée, l’administration américaine cherche à maintenir une distinction entre les frappes ciblées sur le programme nucléaire iranien et une implication dans une guerre totale. Le vice-président JD Vance a ainsi déclaré que les États-Unis «ne sont pas en guerre contre l’Iran, mais contre son programme nucléaire». Le secrétaire d’État Marco Rubio a de son côté affirmé que Washington «ne cherche pas la guerre».

Selon le Pentagone, les frappes, menées par des bombardiers furtifs B-2, ont visé les sites nucléaires de Natanz, Fordo et Ispahan. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a pas encore pu vérifier l’ampleur des dégâts, en raison de l’insécurité persistante.

Téhéran promet de riposter avant toute négociation

L’Iran a rejeté toute reprise du dialogue avant une réponse à ce qu’il considère comme une agression. En déplacement à Moscou, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a annoncé des discussions «sérieuses» avec Vladimir Poutine sur les menaces communes. «Les États-Unis ne comprennent que le langage de la force», a-t-il déclaré plus tôt à Istanbul.

Sur les réseaux sociaux, un compte affilié au guide suprême Ali Khamenei a publié un message qualifiant l’offensive israélienne de «grave erreur» devant «être punie». Ce serait sa première réaction depuis l’entrée des États-Unis dans le conflit.

L'Iran a annoncé lundi avoir pendu un homme présenté comme un espion à la solde d'Israël, en pleine guerre entre les deux pays ennemis.

«Mohammad-Amin Mahdavi Shayesteh a été pendu ce matin pour coopération en matière de renseignement en faveur du régime sioniste», a indiqué le pouvoir judiciaire, en référence à Israël.

La justice iranienne affirme que Mohammad-Amin Mahdavi Shayesteh était lié au Mossad, le service de renseignement extérieur israélien.

L'individu exécuté est en outre accusé d'avoir collaboré avec la chaîne de télévision en persan Iran International, dont le siège est à Londres, et critique du pouvoir iranien. Les autorités iraniennes estiment que cette chaîne est liée à Israël.

Israël intensifie ses frappes et cible les infrastructures stratégiques

L’armée israélienne a confirmé avoir mené de nouveaux raids sur «des dizaines d’objectifs militaires» en Iran, dont un centre de missiles longue portée à Yazd, frappé pour la première fois. Lundi matin, des frappes étaient en cours sur des infrastructures militaires dans la province de Kermanshah, à l’ouest de l’Iran. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a affirmé qu’Israël était «proche d’atteindre ses objectifs»: neutralisation des capacités balistiques et affaiblissement du programme nucléaire iranien.

L’armée israélienne a déclaré lundi avoir mené des frappes contre des sites militaires dans la région de Kermanshah, à l’ouest de l’Iran.

Selon un communiqué militaire, plus de 15 avions de chasse de l’armée de l’air israélienne ont ciblé plusieurs sites de lancement et dépôts de missiles sol-sol dirigés contre le territoire israélien dans cette région.

L’armée israélienne a également indiqué avoir visé six aéroports situés dans l’ouest, l’est et le centre de l’Iran. D’après le porte-parole de l’armée, les frappes ont endommagé des pistes d’atterrissage, des hangars souterrains, un avion de ravitaillement et une quinzaine d’aéronefs militaires, dont des chasseurs F-14, F-5 et des hélicoptères AH-1, appartenant à l’armée iranienne.

Par ailleurs, dix soldats des Gardiens de la révolution ont été tués dimanche dans des frappes israéliennes dans la province de Yazd, au centre du pays, selon l’agence de presse iranienne Tasnim.

Réactions internationales et crainte d’un embrasement

Face à l’intensification du conflit, plusieurs puissances appellent à la retenue. L’ONU a mis en garde contre une «escalade dangereuse». Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont publié un communiqué commun appelant l’Iran à reprendre les négociations tout en réaffirmant leur opposition à une arme nucléaire iranienne.

L’Australie a exprimé son soutien aux frappes américaines, tout en réitérant son attachement à la diplomatie. De son côté, la Chine a été exhortée par les États-Unis à intervenir pour maintenir la libre circulation dans le détroit d’Ormuz. Le Parlement iranien a en effet voté une résolution en faveur de sa fermeture, une décision qui pourrait avoir un impact majeur sur les flux énergétiques mondiaux.

Perturbations sur les marchés et dans le secteur aérien

Les tensions ont provoqué une flambée des cours du pétrole. Le Brent a bondi de plus de 3% à l’ouverture des marchés lundi matin, alimentant les inquiétudes sur l’approvisionnement énergétique. Les compagnies aériennes, dont Singapore Airlines, Air France et British Airways, ont suspendu ou détourné plusieurs vols à destination du Moyen-Orient. Des zones de non-survol se dessinent désormais au-dessus de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et d’Israël.

Manifestations mondiales et alerte sécuritaire

Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes, notamment à New York, Londres, Istanbul et Kuala Lumpur, pour dénoncer l’intervention américaine et appeler à la fin des hostilités. Le département d’État américain a émis une alerte de sécurité mondiale à l’intention de ses ressortissants, craignant des représailles.

Prochaines étapes incertaines

Donald Trump doit réunir dans la journée son équipe de sécurité nationale pour évaluer les prochaines étapes. La Maison Blanche n’a pas exclu de nouvelles actions, tout en laissant entendre que la réponse dépendra de l’attitude de l’Iran dans les heures et jours à venir.

 

Avec AFP

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