À Paris, plongée dans l'univers du couturier Paul Poiret, libérateur du corps des femmes
Vue générale prise le 13 février 2008 à l'hôtel des ventes Drouot à Paris à la veille de la vente des vêtements et accessoires provenant de la garde-robe de Denise Boulet-Poiret, et créés par son mari, le couturier Paul Poiret. ©Jean AYISSI / AFP

Fini le corset, place à la liberté! Paul Poiret, pionnier de la haute couture moderne, fait l’objet d’une exposition inédite à Paris au musée des Arts décoratifs. Plus de 550 œuvres à découvrir, retraçant le parcours de cet inventeur de la silhouette fluide, jusqu’au 11 janvier.

Pour la première fois, Paul Poiret, figure de la haute couture du début du XXe siècle qui a révolutionné la mode en définissant une nouvelle esthétique du corps féminin, fait l'objet d'une exposition au musée des Arts décoratifs à Paris.

«Christian Dior disait que Paul Poiret avait tout bouleversé dans la mode et Elsa Schiaparelli le comparait au Léonard de Vinci de la couture», explique la commissaire de l'exposition, Marie-Sophie Carron de la Carrière, pour résumer l'importance de ce créateur moins connu du grand public.

Après avoir fait ses armes à la fin du XIXe siècle auprès du couturier Jacques Doucet puis de la maison Worth (à l'honneur au Petit Palais, également à Paris), Paul Poiret ouvre sa propre maison de couture en 1903.

Sa collection de 1907, dont les robes du soir sont présentées en début d'exposition, marque une rupture avec l'esthétique de l'époque.

«C'est vraiment sa collection révolutionnaire», abonde Mme Carron de la Carrière. «Entre la fin du XIXe et le tout début du XXe siècle, la femme porte le corset. Lui va vouloir changer les choses, les révolutionner. Il est ouvert à la nouveauté et va définir une nouvelle esthétique», raconte-t-elle.

Fini les corsets et la silhouette en S, la taille est haute et les tissus fluides. «Une légèreté qui n'existait pas jusqu'alors», selon la commissaire de l'exposition.

«L'époque change et la femme va être plus libre, aussi dans ses mouvements», résume-t-elle.

Voyage dans le temps

Intitulée «Paul Poiret. La mode est une fête», cette rétrospective permet aux visiteurs de découvrir plus de 550 œuvres et objets, provenant en majeure partie des collections du musée parisien.

«C'est la première fois que nous exposons un tel trésor, composé à la fois de vêtements, de costumes, d'accessoires de mode, mais aussi d'arts décoratifs, de dessins, de papier peint, de photographies», se réjouit Mme Carron de la Carrière, soulignant que certaines pièces n'avaient jusqu'alors jamais été présentées au public.

Chronologique et thématique, le parcours propose un voyage dans le Paris du début du XXe siècle, de la Belle époque aux Années folles. Et retrace l'évolution du style du couturier, influencé par son temps.

Marqué par la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il est mobilisé, Paul Poiret retrouve ensuite l'inspiration grâce à ses voyages et aux fêtes qu'il organise, symboles de l'entre-deux-guerres.

Le créateur se met à habiller toutes les plus grandes comédiennes qui se produisent dans la capitale. «Ce sont les ‘it girls’ de l'époque, les égéries, et le théâtre était un moyen de diffuser la mode», explique la commissaire de l'exposition.

Les deux étages consacrés au couturier, ponctués d'œuvres d'artistes l'ayant accompagné au long de sa carrière, mettent aussi en avant ses multiples facettes: Paul Poiret était peintre, comédien, écrivain, gastronome et musicien.

«Il avait cette vision transversale de la création. La création qui concerne la mode mais qu'il met en contact avec la décoration intérieure, la parfumerie, les arts de la scène, le spectacle, la fête, l'animation», indique Marie-Sophie Carron de la Carrière.

Des pièces de Kenzo, Karl Lagerfeld ou Yves Saint Laurent montrent également l'influence durable de Paul Poiret, qui traverse les époques et les silhouettes de nombreux créateurs.

Les visiteurs peuvent découvrir cette exposition jusqu'au 11 janvier.

Par Madeleine DE BLIC / AFP

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