
L’ancienne propriété de Karl Lagerfeld, située à Louveciennes dans les Yvelines, sera vendue aux enchères notariales le 1ᵉʳ juillet 2025. Ce domaine de deux hectares reflète le style et l’univers créatif du couturier disparu.
Demeure à l’abri des regards, lieu de réception et havre de création: une propriété francilienne ayant appartenu au célèbre couturier allemand Karl Lagerfeld jusqu’à sa mort en 2019 va être vendue mardi aux enchères notariales.
Acheté en 2010 par Lagerfeld, le «Domaine de Voisins» situé à Louveciennes (Yvelines), surnommé la villa en dehors de Paris par l’icône de la mode, sera mis en vente à un prix de départ de 4,6 millions d’euros.
Un parc de deux hectares abrite trois maisons distinctes, une piscine et un court de tennis, le tout entouré «d’arbres ou de murs» assurant «discrétion et anonymat», souligne Jérôme Cauro, notaire à l’étude Arias chargée de la vente.
La bâtisse principale, la «maison du maître», comme l’appelle Jérôme Cauro, est classique à l’extérieur, sobre à l’intérieur. L’absence de mobilier lors de la visite, à laquelle l’AFP a participé, n’aide pas à se projeter dans l’univers du couturier.
Quelques clichés publiés dans un livre de Marie Kalt et Patrick Mauriès sur les décors des propriétés de Karl Lagerfeld révèlent des meubles de créateurs, des affiches publicitaires allemandes collectionnées par le couturier et d’innombrables étagères de livres.
Ambassade du style Lagerfeld
«C’est une propriété qui a été l’écrin de son mobilier», explique Arno Felber, également notaire à l’étude Arias. «Il a tout mis dans cette dernière maison, il l’aimait vraiment beaucoup. Il l’appelait la vraie version de lui-même», confiait en 2021 à Vogue sa muse et bras droit Amanda Harlech.
L’ancien directeur artistique emblématique de Chanel avait même fait reproduire sa chambre d’enfant dans une petite pièce aux murs tapissés d’un tissu léopard.
Rien n’est certain cependant quant aux habitudes de Karl Lagerfeld dans cette maison. La légende raconte qu’il n’y aurait dormi qu’une seule nuit, qu’il y aurait organisé une grande réception en l’honneur de la princesse Caroline de Monaco, ou encore qu’il la prêtait volontiers à ses amis.
«Il aimait y venir la journée pour créer et recevoir», croit savoir Jérôme Cauro. Les trois salons et la cuisine, dotée de quatre fours, cinq éviers, deux frigos et deux friteuses, sont en effet conçus pour accueillir des dîners de 100 personnes.
L’atelier de Karl Lagerfeld occupait une grande partie du premier étage de la demeure de 600 m², où il avait installé des voilages à chaque fenêtre et utilisait une lumière blanche intense, comme dans ses autres lieux de création. Quelques pots de peinture carrés, retrouvés dans un tiroir, témoignent encore de ses phases de travail.
À deux pas se trouve la «maison d’amis» et ses trois chambres ; en contrebas du parc, la «pool house» comprend une chambre, adjacente à la piscine et au terrain de tennis.
Extincteurs design
Selon l’étude notariale Arias, la légende de la mode a entrepris des «travaux colossaux» dans cette propriété, qui a appartenu au poète Leconte de Lisle puis à des membres de la famille Rothschild au XIXe siècle.
«Nous n’avons pas de factures, mais nous estimons le montant des travaux proche du prix de mise en vente», soit 4,6 millions d’euros, indique Arno Felber.
Tous les bâtiments ont été rénovés et modernisés avec un souci extrême du détail, jusqu’à la peinture des prises électriques et au choix d’extincteurs argentés pour s’intégrer à la décoration.
La maison, laissée à l’abandon après le décès du «Kaiser», a été rachetée en 2023 par une foncière qui en a repris l’entretien et la remet aujourd’hui en vente.
Jérôme Cauro affirme avoir reçu «des contacts avec des familles» et pense que le bien pourrait aussi intéresser des acteurs de l’événementiel ou des entreprises.
La vente se déroulera «à la bougie», selon la méthode traditionnelle des notaires : le temps de l’enchère est mesuré par la combustion de deux bougies, chacune durant environ quinze secondes.
En mars 2024, l’appartement parisien de Karl Lagerfeld, un trois-pièces futuriste de 260 m² avec un dressing de plus de 50 m², avait été vendu dix millions d’euros par l’étude de notaires Althemis, soit deux fois son prix de mise en vente.
Par Juliette VILROBE / AFP
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