
À Beyrouth, l’innovation chirurgicale franchit un nouveau cap avec le premier cours robotique d’hépato-pancréatologie organisé par l’IRCAD Liban. Deux journées intenses placées sous le signe de la précision, de la technologie, et de la transmission de savoir.
Sous les plafonds lumineux de la Clinique du Levant, l’Ircad Liban a ouvert hier en grande pompe son tout premier cours international de chirurgie robotique du foie et du pancréas. Une première au Liban, qualifiée par son président, le Dr Antoine Maalouf, de «saut quantique dans la pratique chirurgicale régionale».
«Ce que nous lançons ici dépasse le cadre d’un simple événement scientifique, a-t-il affirmé. C’est un message fort : le Liban, même en crise, peut rester un moteur d’innovation médicale dans le monde arabe. » Et d’ajouter, en exclusivité à Ici Beyrouth: «Je suis fier d’annoncer la tenue de la première opération du pancréas et du foie par robotique, non seulement au Liban, mais au Moyen-Orient.»
Ce jalon marque une avancée inédite pour la région, rendue possible par l’expertise de l’Ircad Liban, seul centre accrédité à l’échelle internationale au Moyen-Orient pour la formation en chirurgie robotique.
Un programme chirurgical de haut vol
Dès 9h, sous la modération experte du Pr Eddie Abdallah, la matinée de vendredi s’ouvrira par une immersion complète dans la chirurgie pancréatique assistée par robot. Le Dr Ahmad Abou Abbass détaillera, étape par étape, la procédure de Whipple robotisée, en partageant ses astuces opératoires éprouvées. Le Dr Juan Santiago Azagra, quant à lui, évoquera les défis spécifiques de la formation des jeunes chirurgiens à ces techniques avancées. Le moment fort sera la retransmission en direct d’une Whipple robotique effectuée par le chirurgien libanais, avec une interactivité en temps réel grâce aux questions et votes électroniques depuis la salle principale et la Salle Alice.
L’après-midi, sous l'égide du Pr Abdallah Slim, place à la révolution hépatique: le Pr Mohamad Khalife retracera l’évolution fascinante des techniques chirurgicales, du scalpel à la console, avant que le Dr Abou Abbass ne mette en lumière les bénéfices cliniques tangibles des résections mini-invasives. Une démonstration en direct d’une résection hépatique assistée par robot, commentée point par point, précèdera une table ronde bilingue (français/anglais) autour de cinq cas cliniques complexes choisis pour leur valeur pédagogique.
La journée de samedi verra le Pr Ziad El Rassi, sommité libanaise de chirurgie digestive réputée pour son approche anatomique innovante, prendre les rênes de la matinée dédiée aux techniques avancées. Au programme: la gestion des complications peropératoires par le Dr Abou Abbass, un focus technique sur la pancréatectomie distale assistée par robot présenté par le Dr Luca Theuil, et une nouvelle démonstration en direct de Whipple enrichie de commentaires techniques.
L’après-midi, tournée vers l’avenir et animée par le Dr Antoine Younane, fera dialoguer les visions prospectives: le Dr Azagra s’interrogera sur la place croissante de la robotique pour les non-spécialistes, tandis que l’ingénieur Ralph Khalaf (Intuitive) décryptera le parcours de formation idéal pour maîtriser ces technologies. La session finale, ouverte aux questions du public, synthétisera les avancées majeures présentées durant ces deux jours intensifs.
Une promesse de futur
Cette montée en puissance technologique n’est pas anodine. Pour Antoine Maalouf, il s’agit d’«ancrer le Liban sur la carte des nations qui comptent en matière de formation médico-chirurgicale avancée». Selon lui, la chirurgie robotique, bien que coûteuse, «n’est pas un luxe, mais une nécessité, car elle réduit les complications, améliore les résultats, et accélère la convalescence des patients».
Il rappelle qu’«aux États-Unis, seuls 10% des patients ont actuellement accès à ce type de procédure», soulignant ainsi la portée stratégique d’une telle initiative au Liban. Son ambition dépasse d’ailleurs les murs de l’Ircad: «Je reste confiant dans l’avenir de la médecine au Liban. Je reste confiant dans le Liban. Ainsi, j’essaie de ramener tous les médecins avant-gardistes dans le monde, d’origine libanaise, à revenir dans leur pays.»
Une impulsion régionale
Ce rendez-vous s’inscrit dans le prolongement naturel de l’élan amorcé par l’Ircad Liban depuis 2019. «Ce centre n’est pas un satellite. C’est un hub régional de transfert de compétences et de recherche appliquée», souligne le Dr Maalouf. Pionnier de la médecine robotique, s’il en est, il voit dans cette dynamique «une transformation structurelle de notre paysage médical».
Un pari ambitieux, certes, mais qui semble déjà porté par une équipe résolument tournée vers le progrès. Du bloc à la salle de conférence, du scalpel à la console, une chose est sûre : à Beyrouth, la chirurgie du futur est déjà une réalité.
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