Oasis, Pulp, Suede… un come-back de la Britpop et des années 1990
Noel Gallagher (g), Andy Bell (c) et Liam Gallagher, membres du groupe de rock britannique Oasis, posent pour une séance photo à Hong Kong le 25 février 2006. ©Mike CLARKE / AFP

Entre rééditions, tournées événementielles et mode rétro, les icônes de la Britpop retrouvent la scène et le cœur du public. Le Royaume-Uni replonge dans l’ambiance des années 1990, entre nostalgie assumée et fascination transgénérationnelle.

Un air des années 1990 flotte cet été sur le Royaume-Uni: Oasis et Pulp, groupes emblématiques de la Britpop, reviennent en tête des charts et remplissent les salles de concert, sur fond de nostalgie d’une période plus «cool».

Les rayons des magasins Marks and Spencer donnent l’impression d’avoir fait un bond 30 ans en arrière: les tee-shirts avec le logo d’Oasis sont de retour. Ils le sont aussi chez Urban Outfitters, enseigne prisée des ados et jeunes adultes. Oasis, Live forever (« Vivre pour toujours ») est-il écrit sur un crop top, en hommage à une chanson du groupe.

Sur Instagram et TikTok, des jeunes se filment en train de se coiffer ou de s’habiller façon Liam et Noel Gallagher.

La reformation du groupe, 16 ans après le divorce retentissant des frères Gallagher, suscite un immense enthousiasme chez les fans.

Les tickets pour la tournée au Royaume-Uni et en Irlande, qui démarre vendredi à Cardiff, se sont arrachés fin août.

Liam et Noel Gallagher ne sont pas les seuls à faire leur retour.

Aux concerts de Pulp, le public ne s’économise pas quand résonnent les premières notes de Common People, tube sorti en 1995. Pour la première fois depuis 27 ans, ce groupe est revenu en tête des ventes en juin avec son nouvel album More. Et il a fait une apparition surprise au festival de Glastonbury ce week-end.

Suede, autre groupe de la Britpop, sortira un album en septembre. Supergrass est en tournée cet été pour célébrer le 30e anniversaire de son premier disque.

Il ne manque que les ennemis jurés d’Oasis, Blur. Mais ils ont déjà rempli Wembley en juillet 2023.

Cool Britannia

Comment expliquer une telle résurgence? «Tout le monde aime les anniversaires», dit Glenn Fosbraey, universitaire de la faculté de Winchester, spécialisé dans la musique populaire.

1995 a été «une année formidable pour la musique», avec notamment la sortie de l’album d’Oasis What's the Story Morning Glory?, estime cet enseignant de 42 ans, qui a grandi avec la Britpop.

«C’est une bonne occasion de revivre notre jeunesse, mais aussi de raconter cette période à la génération suivante», comme il le fait avec sa fille adolescente.

Depuis quelques années, il a remarqué que ses étudiants plaçaient Oasis parmi leurs groupes préférés.

Glenn Fosbraey était lui fan de Blur. Il n’ira pas voir Oasis en concert, mais n’a pas raté Pulp.

Il note une nostalgie pour la deuxième moitié des années 1990, une période connue au Royaume-Uni sous le nom de Cool Britannia, marquée par un renouveau culturel, artistique et politique.

En 1996, l’Angleterre atteignait les demi-finales de l’Euro de football, organisé sur son sol. En 1997, le travailliste Tony Blair arrivait au pouvoir, porté par une vague d’optimisme. Le tout avec la Britpop en bande-son.

«Tout le monde semblait plus heureux», se souvient Glenn Fosbraey.

Bob et jean baggy

Cette nostalgie pour les années 1990 ne touche pas seulement les quadragénaires, mais aussi la Gen Z, les jeunes nés entre 1997 et 2012, complète James Hannam, de la Solent University à Southampton. Ils perçoivent ces années comme «moins stressantes», alors qu’«ils grandissent dans une période difficile, avec le changement climatique, plusieurs guerres».

Cet enseignant en économie de l’industrie musicale a noté, depuis déjà plusieurs années chez ses étudiants, un retour de la mode des années 1990, avec les jeans baggy et les bucket hats, les bobs, un incontournable pour Liam Gallagher quand il était au sommet de la gloire.

Plusieurs étudiants de James Hannam iront au concert d’Oasis.

«Aussi bien les jeunes que les plus âgés aiment l’honnêteté des frères Gallagher en interview. Ils disaient des choses choquantes», chose difficile à imaginer avec les stars d’aujourd’hui et leur media training, observe James Hannam.

Julie Whiteman, professeure en marketing à l’université de Birmingham, avait 20 ans en 1995 et elle n’a jamais été fan d’Oasis.

Elle a bien noté un retour des années 1990: «c’est dur d’y échapper». Mais pas de nostalgie de son côté: «C’était une période assez misogyne, assez intolérante. (...) Il y avait peu d’espace pour s’exprimer pour les femmes, pour ceux qui appartenaient à une minorité ethnique, ou ceux qui n’étaient pas hétérosexuels», détaille-t-elle.

«Ce n’était pas seulement un moment cool», juge-t-elle. «C’était une époque compliquée, comme le sont toutes les époques.»

Avec AFP

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