Le Venezuela et l'Iran relâchent plusieurs prisonniers américains
Plusieurs libérations d'Américains ont eu lieu samedi. Sept ressortissants des États-Unis ont ainsi été relâchés par le Venezuela en échange de plusieurs prisonniers. En Iran, un américano-iranien a été autorisé à quitter le territoire, tandis que son fils est sorti de prison.

Le président américain Joe Biden a annoncé samedi la libération par le Venezuela de sept prisonniers américains, Caracas annonçant en parallèle que deux Vénézuéliens, identifiés comme les neveux de l'épouse du président Maduro, avaient également été libérés par Washington.

"Aujourd'hui, après des années de détention injustifiée au Venezuela, nous ramenons à la maison Jorge Toledo, Tomeu Vadell, Alirio Zambrano, Jose Luis Zambrano, Jose Pereira, Matthew Heath, et Osman Khan", a déclaré Joe Biden.
"Conversations"

Le gouvernement vénézuélien a déclaré de son côté dans un communiqué qu'à la "suite des différentes conversations tenues depuis le 5 mars avec des représentants du gouvernement américain, la libération de deux jeunes Vénézuéliens injustement emprisonnés dans ce pays a été obtenue".

Des militants pro-pouvoir du Venezuela proposent "l'échange" de citoyens américains détenus au Venezuela contre Alex Saab, un proche du président Nicolas Maduro et intermédiaire du pouvoir à l'étranger, accusé de blanchiment d'argent par les Etats-Unis où il est emprisonné depuis octobre 2021.

 

 

Les deux Vénézuéliens libérés ont été identifiés par Washington comme étant Efrain Antonio Campo Flores et Franqui Francisco Flores de Freitas, neveux de la Première dame, Cilia Flores, et condamnés en 2017 à 18 ans de prison à New York pour trafic de drogue.

"Il est apparu particulièrement clair au cours des négociations que (la libération) des deux Vénézuéliens - parfois surnommés les +neveux narcos+ en raison de leur filiation avec l'épouse de Nicolas Maduro - était essentielle pour garantir la libération de ces Américains", a déclaré un haut responsable gouvernemental américain à la presse.

"Le président (Joe Biden) a pris une décision difficile, une décision douloureuse d'offrir quelque chose que les Vénézueliens recherchaient activement", a-t-il ajouté.

De son côté, le pouvoir vénézuélien a aussi confirmé la libération "pour des raisons humanitaires" d'un groupe d'Américains.

Pour l'opposition vénézuelienne, l'échange "prouve une fois de plus qu'au Venezuela opère un régime criminel, lié au trafic de drogue" mais elle estime que la "libération de sept Américains enlevés par la dictature de Maduro est une bonne nouvelle pour leurs familles. Personne ne mérite de vivre l'enfer que vivent des millions de Vénézuéliens"

Les sept Américains sont "actuellement en route vers la maison et leurs familles aux États-Unis", a déclaré le haut responsable gouvernemental américain.
Arrêtés en 2017

Les cinq premiers détenus cités par le président américain sont d'anciens cadres de la compagnie pétrolière Citgo - quatre Américains nés au Venezuela et un Vénézuélien résident permanent aux Etats-Unis - accusés de corruption et condamnés de huit à 13 ans de prison.

Un sixième de Citgo, Gustavo Cardenas, qui était vice-président chargé des relations stratégiques de cette filiale américaine de la compagnie pétrolière publique du Venezuela PDVSA, avait été libéré en mars.

Depuis leur arrestation en 2017, ils vivaient au gré des fluctuations des relations entre Caracas et Washington.

 Des militants pro-pouvoir du Venezuela proposent l'échange de citoyens américains détenus par Caracas contre des ressortissants vénézuéliens emprisonnés aux USA.

 

Cette affaire a contribué à tendre davantage les relations entre le Venezuela et les Etats-Unis, qui ont demandé à plusieurs reprises la libération des accusés. L'ONG Foro Penal, spécialiste des droits de l'homme et de l'univers carcéral, classe les "Citgo 6" parmi les 251 "prisonniers politiques" au Venezuela.

L'échange annoncé samedi s'inscrit dans un contexte de réchauffement des relations entre Caracas et Washington.


Les Etats-Unis, qui ne reconnaissent pas la réélection en 2018 du président Maduro ont tenté de l'évincer du pouvoir en infligeant au Venezuela une série de sanctions imposant notamment un embargo sur les importations américaines de pétrole vénézuélien. Avant cette rupture en 2019, les Etats-Unis étaient le principal acheteur du brut vénézuélien et fournissaient au Venezuela plus de 90% de ses revenus.

En mars, outre Gustavo Cardenas, un autre Américain détenu au Venezuela avait également été libéré après la visite surprise d'émissaires américains de haut-niveau à Caracas.

L'invasion de l'Ukraine et les sanctions contre la Russie ont fait monter la tension autour des prix du pétrole, tandis que le Venezuela demeure un producteur majeur, mais également un allié de Moscou.

Selon plusieurs analystes, Washington pourrait ainsi être tenté d'adoucir les sanctions contre Caracas, afin d'atténuer les besoins en pétrole russe.

Le président Maduro mène le Venezuela d'une main de fer depuis la disparition de Hugo Chavez.

Un américano-iranien relâché

Un américano-iranien de 85 ans, Baquer Namazi, bloqué en Iran après y avoir été détenu, a été autorisé à quitter le pays, tandis que son fils Siamak a été remis en liberté, une information annoncée samedi par l'ONU et saluée par Washington.

"Ce sont de premières étapes cruciales, mais nous ne nous arrêterons pas tant que les Namazi ne pourront pas tous rentrer aux Etats-Unis et que leur long cauchemar aura enfin pris fin", a réagi l'avocat des deux hommes, Jared Genser, dans un communiqué.

De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gutteres, s'est dit "reconnaissant qu'à la suite de (ses) appels au président de la République islamique d'Iran (Ebrahim Raïssi), notre ancien collègue Baquer Namazi a été autorisé à quitter l'Iran pour recevoir un traitement médical à l'étranger".

Baquer Namazi, un ancien responsable de l'Unicef, avait été détenu en février 2016 lorsqu'il s'était rendu en Iran pour faire libérer son fils, Siamak Namazi, un homme d'affaires irano-américain arrêté en octobre 2015.

Tous deux ont été condamnés à dix ans de prison en octobre 2016 pour espionnage. Le père, âgé de 85 ans, a été dispensé en 2020 d'exécuter sa peine mais ne pouvait pas quitter l'Iran malgré des problèmes médicaux.

"Pour la première fois depuis sept ans, Siamak Namazi est à la maison avec ses parents à Téhéran", a indiqué l'avocat.

Le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, s'est dit "profondément heureux" de cette nouvelle. "Nos efforts sont loin d'être terminés. Nous restons engagés et déterminés à assurer la liberté de tous les Américains injustement détenus en Iran et ailleurs", a-t-il indiqué dans un communiqué.
Conclure un accord

En juin, dans une tribune publiée dans le New York Times, Siamak Namazi avait "imploré" le président américain Joe Biden de conclure un accord sur un échange de prisonniers avec Téhéran, malgré des négociations nucléaires dans l'impasse avec la République islamique.

L'espoir de Siamak Namazi d'être libéré avait été ravivé en 2021, disait-il, à la reprise des discussions indirectes entre Washington et Téhéran visant à raviver l'accord nucléaire avec l'Iran, dont l'ex-président américain Donald Trump s'était retiré en 2018. Ces négociations restent au point mort.

Le pouvoir iranien fait face à un vaste mouvement de contestation, qui a débuté le 16 septembre, quand une jeune femme kurde de 22 ans, Mahsa Amini, est décédée, trois jours après son arrestation pour infraction au code vestimentaire strict de l'Iran qui oblige notamment les femmes à porter le voile islamique.

La répression de ce mouvement a fait au moins 83 morts.

Des manifestations avaient encore lieu samedi dans plusieurs universités du pays pour dénoncer cette répression meurtrière, tandis que des rassemblements étaient organisés à travers le monde en solidarité avec ce mouvement, le plus important en Iran depuis 2019.

Deux autres citoyens américains sont actuellement retenus en Iran: Emad Sharqi, un investisseur condamné à dix ans de prison pour espionnage, et Morad Tahbaz, qui a également la nationalité britannique, et qui a été remis en liberté provisoire.

Avec AFP
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